Esoterica – Ether Metal : l’alchimie du metal et de l’éther

Avec Ether Metal, Esoterica, groupe londonien, signe un cinquième album qui concentre tout ce que la scène progressive contemporaine attend : ampleur cinématographique, refrains taillés pour les stades et une propension marquée au contraste entre lourdeur et vulnérabilité.

Ether Metal  contient onze titres et se présente comme le point de convergence des ambitions d'Esoterica entre mélodies immédiates, arrangements orchestraux et textures synthétiques. Au premier abord, on se rend tout de suite compte que l'album est très bien réalisé avec une belle diversité de compositions alternant entre phases aériennes et moments rythmiques lourds. Un gros travail est fait sur les textures électroniques et l'ajout de chœurs sur plusieurs titres entraîne un dramatisme qui fera plaisir à celles et ceux qui cherchent à mélanger leur goût pour le progressif et pour le gothique.

La musique est bien interprétée et habitée par Tobias Keast au chant mais l'inspiration musicale n'est plus toute jeune et donne à l'album la sensation d'une musique peu ancrée dans son époque (malgré l'électronique) et se rapprochant davantage de la première décennie du millénaire.

Cela étant dit, on prend plaisir à plonger dans ses ambiances alternant entre obscurité, doutes et dramatisme cinématographique. La voix planante du chanteur rappelle celle de Einar Solberg de Leprous et permet des ambiances éthérées, contrastées par la lourdeur des rythmiques metal comme dans le titre "I am just one". Ce metal progressif très mélodique ne cherche pas la complexité dans sa musique mais regarde à 100% vers les ambiances conférées par les parties instrumentales. Cela se sent notamment dans "Oriana", aux grands airs de cinéma, ou dans "Burn",  qui pourrait presque être sélectionné pour un générique de James Bond.

Le mix favorise un rendu ouvert avec des guitares pleines mais jamais étouffantes laissant une place nette aux claviers et à l’orchestre. L'album privilégie une clarté nécessaire pour ce type de musique où la mélodie et l’harmonisation doivent rester intelligibles malgré la densité instrumentale. Cette clarté renforce l’intention dramatique du disque.

De manière générale, on aime la maîtrise des climats harmoniques avec des passages mineurs et des refrains lumineux ("I am just one"), les arrangements orchestraux judicieux ("Burn") et les mélodies fortes, les refrains mémorables et les performances vocales convaincantes ("Alive").

On est plus mesuré sur la structure un peu pop qui bride l’audace formelle avec quelques titres qui auraient gagné à laisser plus d’espaces aux improvisations (il y en a pourtant quelques exemples sympas dans "Tokyo" ou "Burn") et aux longs moments atmosphériques. Le disque jouant un peu la carte du grand spectacle grand public, les amateurs de prog ultra-complexe ne s'y retrouveront peut-être pas.

Ether Metal est un album ambitieux, bien produit et cohérent. Il confirme Esoterica comme un groupe capable d’écrire des hymnes progressifs ancrés dans une esthétique moderne, mêlant intensité metal et cinématographie orchestrale.

L'album est sorti le 19 septembre 2025 sur le label Year Of The Rat Records et disponible ici.

Tracklist

Into The Ether
I Am Just One
Alive
Firefly
ORIANA
Heathen
Tokyo
dysUTOPIA
Enjoy
Paper Skull
Burn

NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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