Le 3 octobre 2025, Thrice a sorti West (Epitaph), le deuxième chapitre de son double album, Horizons, un peu plus de quatre ans après East. Un opus qui permet de clore en beauté ce double album, loin des premiers amours emo, voire post-hardcore.
“But you see the sun swing low, it’s gonna set on you.”
Horizons/West, sorti le 3 octobre dernier, est la deuxième partie d’un double album, commencé quatre ans auparavant avec Horizons/East. Et, comme durant une journée, le soleil va se coucher. À l’ouest, donc. Classique. Dans tout cet album, on retrouve ce sentiment de fin, cette impression qui reste, alors que le soleil va se coucher et que l'on regarde la mer.

Un album qui est issu, en partie, des mêmes sessions d’enregistrement que son grand frère. Dans une interview donnée à Guitar World en 2021, Dustin Kensrue, chanteur et guitariste, expliquait : “[Horizons/West] est partiellement écrit, partiellement enregistré, venant des mêmes sessions [que celles d’Horizons/East, NDLR]. Il y a eu un moment où on a décidé de diviser l’enregistrement en deux. On était en mode “On a vingt chansons, et on les apprécie vraiment toutes.”" Et en effet, pourquoi faire un choix, quand on peut faire deux albums qui se complètent et qui semblent couler de source, l’un comme l’autre ? Au final, parfois, ne pas faire de choix radical est le meilleur choix possible.
Coup de dents
Thrice propose quelques morceaux punchy et loin d’être des berceuses (même si, entendons-nous bien, on s’éloigne fort d’Identity Crisis, album qui atteindra le quart de siècle l’an prochain), à l’image de "Gnash", qui avait fait office de single en juillet dernier. "Gnash", ça veut dire “grincer des dents”, mais représente aussi cette idée qu’on est prêt à mordre. Un sens que l’on retrouve bien dans l’attaque du riff principal, plus incisive que le reste de l’album, plus mesuré, plus doux.
Le génie de "Gnash" est également de mettre sur la table toutes les différentes représentations possibles de l’angoisse. À part "Crooked Shadows", il est vrai qu’il est difficile de trouver un morceau qui nous tient en alerte comme peut le faire "Gnash" (et donc l’angoisse).
"Vesper light" est le point culminant de l’album (et sa meilleure chanson), le meilleur des deux mondes, entre toute une partie aérienne, très alternative rock et un refrain plus punchy. Ici encore, on retrouve cette idée que le soleil se couche, les vêpres étant, dans la religion catholique, la prière du soir. Mention spéciale pour le pont, avec la ligne de basse d’Eddie Breckenrigde, en hammer-ons et pull-offs qui ne nous lâchera plus jusqu’à la fin, motif hypnotique qui donne tout son relief à la chanson.
"Unitive/West", pendant de "Unitive/East" sur le précédent opus, propose une véritable sortie crépusculaire. La partie chantée, douce, presque trop après certains uppercuts de l’album, se termine sur plus de trois minutes de presque silence, où les instruments s’éteignent les uns après les autres, alors que la voix envoûtante de Dustin Kensrue, cherche à savoir “s’il y a un après, fait de rosée et de poussière, au-delà de ce sombre horizon, sous cet ouest sans limite”.
On retrouve la forme interrogative, déjà proposée sur "Unitive/East", qui se demandait “s’il y a un moi sans toi, le toi qui respires le soleil ?”. Les deux morceaux, dans leur forme (et, incidemment, dans leur fond), marquent les deux prémisses de chaque album : le premier, marquant le soleil levant, propose une mise en musique plus riche, marquant le réveil, quand le second propose une sortie plus en douceur.
Avec West, Thrice vient conclure d’une très belle manière ce double Horizons, ouvert avec East en 2021. Le schéma, somme toute classique, que le groupe a voulu offrir avec ces deux albums (le soleil qui se lève puis qui se couche) fonctionne à merveille. Un canevas que l’on retrouve dans la chanson d’ouverture et fermeture de ce double album ("The Color of the Sky" pour Horizons/East et "Unitive/West", ici), qui viennent toutes deux colorer ce double album et sa représentation de 24h.
On pourrait arguer que cette mise en scène est même trop facile (on l’a notamment vue sur Mezmerize/Hypnotize de System of a Down, avec "Soldier Side" et son intro), mais la palette de contenu proposée est suffisamment riche pour que l’on passe outre cette forme pour se consacrer, de manière plus précise, sur le fond.
Tracklist



