20 ans après : This Godless Endeavor de Nevermore

En ce début d’année 2025, Jeff Loomis (guitare) et Van Williams (batterie) ont annoncé le retour de Nevermore, sept ans après le décès du regretté Warrel Dane (chant). Si au moment d’écrire ces lignes, le line up définitif de cette reformation n’est pas encore connu, nous avons souhaité revenir sur This Godless Endeavour (2005), sorti il y a vingt ans, et qui constitue aujourd’hui encore un coup de maître dans la carrière du groupe heavy / thrash de Seattle.

Gavé de tubes, c’est le moins que l’on puisse dire pour cet opus qui fait pourtant suite à deux très bons albums, Dead Heart in a Dead World (2000) et Enemies of Reality (2003). A commencer par le titre d’ouverture, « Born », qui allie parfaitement puissance, brutalité mais aussi émotion à fleur de peau, un cocktail parfois très difficile à obtenir à ce niveau de perfection. Qu’il s’agisse du riffing ou des leads techniques de la paire Loomis/Steve Smyth, du chant varié et immédiatement identifiable de Warrel Dane ou des tempi enlevés de Van Williams, tout dans ce titre porte la patte inimitable de Nevermore.

Mais si dès l’ouverture, le quintette frappe fort, la qualité de « Born » n’éclipse pourtant jamais le reste de This Godless Endeavor : avec « Final Product », les plans presque death metal de « Bittersweet Feast », la power ballade « Sentient 6 », le court instrumental « The Holocaust of Thought », « The Psalm of Lydia » et ses touches flamenco ou encore à travers le très progressif morceau titre en guise de conclusion, Nevermore touche au sublime sur un album finalement toujours très diversifié.

Si aujourd’hui Nevermore a acquis une sorte de statut culte au sein de la scène metal, il a malheureusement été largement sous-estimé durant les nombreuses années au cours desquelles il était actif, probablement en raison de la voix clivante de son chanteur. Pourtant, celle-ci exprime à chaque instant une sensibilité profonde, portant des textes subtils (« My Acid Words ») et rarement aussi délicats au sein de la scène metal. Tour à tour lyrique (« Sentient 6 », le refrain de « Born », « This Godless Endeavour », « Sell My Heart for Stones ») susurré (Medicated Nation ») ou agressif (les couplets de « Born », « The Psalm of Lydia »), son timbre de voix se marie parfaitement avec les lignes de guitare de Jeff Loomis, conférant au groupe son identité si marquée. Le six-cordiste éclabousse l’album de tout son talent, et prouve également qu’il est l’un des meilleurs guitaristes de sa génération semblant totalement à l’aise sur des plans shred néo-classiques ou en sweeping.

La pluvieuse ville de Seattle est notamment réputée pour avoir été le berceau de musiques à tendance sombre voire dépressive (à commencer par le grunge) et Nevermore n’échappe pas à la règle. La tonalité générale de l’album tourne du côté de la mélancolie, mais aussi de la colère, révélant à chaque instant tout sa beauté, parfois sublimée par des arpèges cristallins de guitare acoustique (« This Godless Endeavour », l’introduction de « A Future Uncertain »).

Comment ne pas mentionner également la production impeccable d’Andy Sneap ? Les Seattleites, peu satisfaits du mixage réalisé par Kelly Gray sur Enemies of Reality avaient alors demandé à Sneap de retravailler cet opus pour en réaliser une version remixée et remastérisée. Cette réédition a permis à Sneap de comprendre comment les Américains devaient sonner et mettre à nouveau son expérience au service de Nevermore, avec une production à la fois claire mais aussi équilibrée entre tradition et modernité.

Vous l’aurez compris, avec ce sixième album et en moins d’une petite heure, Nevermore a touché au divin et a écrit la plus belle page de son histoire jusqu’à présent. L’exploit ne sera malheureusement pas réitéré sur le disque suivant, The Obsidian Conspiracy (loin d’être mauvais au demeurant mais sur lequel on sent que l’ambiance n’est plus au beau fixe au sein de la formation), avant le split annoncé en 2011.

Avec la reformation annoncée et les premiers concerts programmés en 2026, nul doute que les titres qui composent This Godless Endeavor auront une place de choix dans les setlists du groupe. Et si nouvelle sortie discographique il y a, espérons que le groupe se serve de cet album comme mètre étalon. En attendant, 20 ans après sa sortie, le plaisir de le redécouvrir est toujours là, ce qui n’est rien d’autre que la marque des grands.

Tracklist :

Born
Final Product
My Acid Words
Bittersweet Feast
Sentient 6
Medicated Nation
The Holocaust Of Thought
Sell My Heart For Stones
The Psalm Of Lydia
A Future Uncertain
This Godless Endeavor

Album sorti en juillet 2005 chez Century Media
Photographie live : © Watchmaker 2017
Toute reproduction interdite sans autorisation du photographe

NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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