Between the Buried and Me – The Blue Nowhere

Alors que la fin d'année approche, nous vous proposons cette fin de semaine un retour sur des sorties marquantes mais qui nous avaient échappées. Aujourd'hui, nous revenons sur le dernier opus de Between The Bury And Me. Et il s’en est passé des choses chez les Américains depuis la sortie de Colors II (2021). Dustie Waring, guitariste et membre essentiel du combo depuis Alaska (soit 20 ans quand même), d’abord absent des tournées pour raison de santé, a depuis été remercié, BTBAM passant donc de quintette à quatuor. On aurait pu craindre que ces changements en interne aient des répercussions sur la créativité du groupe, qui jusqu’alors avait toujours fait montre d’une cohésion redoutable et d’une identité bien à lui en raison de la stabilité de son line-up. Pourtant, à l’écoute de The Blue Nowhere, il n’y a aucune crainte à avoir, les Américains proposent un nouveau chef d’œuvre de metal progressif, peut-être plus varié mais également plus dense et difficile d’accès que ses prédécesseurs.

Varié, c’est effectivement le premier mot qui vient en tête lorsque l’on découvre « Things We Tell Ourselves in the Dark » et ses rythmiques de guitare funky. Porté par la basse et le groove de Dan Briggs (notamment à 4:33 mn), ce titre d’ouverture lorgne presque vers du Prince et une ambiance années 80, sans oublier ce qui fait l’esprit BTBAM, ce côté joyeusement foutraque mais toujours très identifiable. Le refrain ramène à des idées plus classique pour le groupe, avec une ligne de chant catchy sur des rythmiques complexes.

Sur ce Blue Nowhere, on retrouve également des plans électro voire indus (la première partie de « God Terror » est particulièrement massive avant une deuxième moitié plus planante et aérienne) côtoyant des parties jazzy à base de cuivres et des rythmes en shuffle.

Au-delà de ces idées parfois nouvelles pour le groupe (qui a pourtant toujours lorgné vers de nombreux genres musicaux, notamment sur Colors), un nouvel album de Between the Buried and Me, c’est aussi l’assurance de voir le groupe proposer des plans progs parfois loufoques, du mathcore dévastateur, du chant de crooner (« Slow Paranoia » à 2:49 mn), des parties de cuivre et de cordes frottées mais également des mélodies à tomber (« Beautifully Human », « Absent Thereafter » à 2:27 mn) et parfois au sein d’un même morceau. A ce sujet, le titre « Absent Thereafter », dévoilé avant la sortie de l’album, concentre tous ces éléments (intégrant même des plans country/blues, comme à 0:39 mn ou à 4:28 mn) et constitue peut-être le morceau le moins difficile d’accès pour qui connait d’ores et déjà l’œuvre du quatuor. Là où la diversité des genres affichés par le combo pourrait être un véritable repoussoir pour certains, BTBAM va bien au-delà du simple exercice de style et le chaos apparent de l’album se justifie pleinement par le concept, abordant les différents résidents d’un hôtel et la disparité de leurs vies et émotions.

Les Américains font tomber à chaque instant les barrières stylistiques, élargissant toujours plus leur palette et leur créativité artistique. Quitte à totalement déstabiliser (voire à épuiser) l’auditeur sur l’enchaînement « Psychomanteum »/ « Slow Paranoia », deux titres techniques et  alambiqués. Heureusement, le groupe propose des pauses bien méritées tout au long de l’expérience (le bien-nommé « Pause », « Mirador Uncoil » et son influence Danny Elfmann ou encore le très pop morceau-titre qu’aurait pu écrire Haken). La densité de l’œuvre demande donc un gros investissement de la part de l’auditeur pour être totalement assimilée, tant cet album est l’un des plus complexes, chaotiques et exigeants de la discographie de BTBAM, qui regorge pourtant de ces qualificatifs.

A l’issue de l’album, un « Beautifully Human » rappelle à tous que le quatuor possède un sens aigu de la mélodie et est capable d’écrire des morceaux à la fois sensibles et épiques. BTBAM a en effet toujours eu le don de clore ses opus avec des compositions de qualité, où les envolées lyriques sont portées par le chant clair de Tommy Rodgers et les soli de guitare de Paul Waggonner. Une fois de plus, The Blue Nowhere se termine en beauté avec un titre à la fois plein d’émotion, complexe et à la mélodie imparable (notamment à 5:55), facilitant l’assimilation de l’œuvre et l’envie de la redécouvrir une fois celle-ci achevée.

The Blue Nowhere est peut-être l’œuvre la plus dense, chaotique et complexe de Between the Buried and Me. C’est aussi une nouvelle réussite dans la discographie des Américains, qui déstabilisera probablement l’auditeur néophyte comme habitué mais qui, en aucun cas, ne laissera indifférent.

Tracklist :

01. Things We Tell Ourselves In The Dark
02. God Terror
03. Absent Thereafter
04. Pause
05. Door #3
06. Mirador Uncoil
07. Psychomanteum
08. Slow Paranoia
09. The Blue Nowhere
10. Beautifully Human

Album sorti le 12 septembre chez Inside Out.

NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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