Cryoxyd – This World We Live In

Il existe des groupes qui, à peine formés, sont déjà hyperactifs et publient rapidement leur première galette. Il y en a d’autres qui prennent le temps de se lancer, quitte à dévoiler au public des morceaux près de vingt ans après leur composition. Cryoxyd est de cette deuxième catégorie et sort en cette fin 2025 son premier album, constitué de titres nés du cerveau d’Eron (guitare, chant) entre 2006 et 2008. Officiant dans un death metal rendant un bel hommage aux pionniers de la scène floridienne (Death, Atheist, Cynic) ou européenne (Pestilence), le combo français est pourtant résolument ancré dans le présent, ne serait-ce qu’au travers des thématiques abordées (la déshumanisation de la société en tête). Nul ne l’attendait, et pourtant ce This World We Live In est une belle petite surprise comme seul l’underground en regorge …

Les influences sont bel et bien faciles à identifier sur ce premier opus de Cryoxyd, à commencer par les noms susmentionnés. Il y a en effet du Human et Spiritual Though Pattern (deux classiques de la seconde moitié de carrière de Death) dans les compositions de ce premier opus. C’est notamment le cas sur « Dismal Fate », introduit par des sonorités de claviers et un son de guitare faisant un bel écho au « Cosmic Sea » de la formation de Chuck Schuldiner. C’est également vers celui Chuck que tend le chant d’Eron (notamment sur « Injected Minds » ou « Ambivalent Feelings »), malgré des intonations qui font parfois songer à celui plus moderne de Joe Duplantier de Gojira (dès les premières lignes de « Day After Day »). Comme sur le Polarity de Decrepit Birth ou les débuts de Skeletal Remains, la musique des français constitue le chaînon manquant entre les années 90 et des sonorités plus actuelles.

Du côté de l’instrumentation, les musiciens ne sont pas en reste et proposent des plans death techniques à l’ancienne, dans la plus pure tradition des grands noms du genre (Death, Atheist, Nocturnus). Sur les soli de guitare (dont celui réalisé en guest par Nils Courbaron sur « Mindless Human Form »), ça tricote sévère tout en gardant une belle richesse dans les harmonies, les plans lead servant systématiquement les compositions. Mais c’est bien le duo basse / batterie qui séduira les amateurs du genre, puisque Greg (Glaciation, Deathcode Society) croise les baguettes avec deux bassistes tout au long de l’album : le renommé Pascal Mulot (Satans Joker, Patrick Rondat) et Nico (également dans Deathcode Society). Pour faire simple, avec des plans parfois en slap ou joués sur instrument fretless, ça groove tout au long de l’album (« Trapped in a Mirror » à partir d’1mn40). Autant le dire d’emblée, cette section rythmique est digne des meilleures associations du genre : Roger Patterson / Steve Flynn (Atheist), Tony Choy / Marco Fodis (Pestilence) ou encore Sean Reinert / Steve DiGiogio (sur le Human de Death) ou Reinert / Sean Malone (Cynic). Avec cette longue litanie, vous voyez d’emblée le niveau de jeu ! Sur l’ensemble de l’album, la subtilité n’est donc jamais sacrifiée sur l’autel du death féroce et véloce (notamment avec les harmoniques de basse qui concluent « Bodycell »).

Autre point de satisfaction, malgré la longueur de l’album (53 mn au compteur), l’opus est à la fois cohérent et diversifié. Cryoxyd alterne en effet pistes instrumentales en guise de respiration (le court titre en acoustique « For All Whom Suffered », le puissant « Effigy of the Unkown », ou la conclusion éthérée « This World We Live In ») et compositions chantées. Chaque titre a été bien travaillé et réfléchi, trouvant parfaitement sa place au sein de la tracklist, même si la durée du disque peut donner l’impression que certains titres perdent en impact dans sa seconde moitié (« Emptiness of Life »). En outre, si l’album a été initialement imaginé comme un projet studio (le groupe ayant depuis décidé de se produire en live), la qualité des titres et leur impact sur l’auditeur (« Bodycell », « Trapped in a Mirror », « Mindless Human Form ») dès les premières écoutes est suffisante pour d’ores et déjà confirmer le potentiel de Cryoxyd sur les planches.

En bref, si les références mentionnées dans cette chronique vous parlent, il n’y a aucun doute : ce This World We Live In est fait pour vous. De quoi, le temps d’une écoute, délocaliser le meilleur de la scène de Tampa (Floride) en France et en profiter pleinement...

Tracklist :

Cowered Under Darken Skies
Day After Day
Dismal Fate
Injected Minds
Trapped in a Mirror
Effigy of the Unknown
Ambivalent Feelings
Bodycell
Emptiness of Life
For All Whom Suffered
Mindless Human Form
This World We Live In

Sorti le 12 décembre 2025 chez Dolorem Records
Photographie promotionnelle : DR / Dolorem Records et Cryoxyd

NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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