Doyle Airence, anciennement connu sous le nom de Doyle, signe son deuxième album Monolith chez Lifeforce Records).
Les parisiens nous avaient déjà agréablement surpris avec leur premier opus And Gods Will en 2010, qui contrairement à l’EP Submerge à la tendance émocore, nous délivrait un post-hardcore plus lourd et un univers plus approfondi, moins déjà-vu.
Ce virage musical leur a permis, fin 2010, de tourner l’Europe avec Deftones et d’occuper la première partie de groupe comme Silverstein ou encore 36 Crazyfists. La scène post-hardcore leur fait donc de la place et Monolith pourrait bien être un motif d’ancrage.
On commence avec l’intro "03.11.11" des guitares au son clair lentement amenées, dépeignant l’aspect aérien du reste de l’album.
La suite ne nous épargne pas le chaos. Si les guitares, nous exposent des ambiances éthérées, la section rythmique se charge de la pesanteur, comme nous démontre "Painting With Lights". Ce genre d’alliance est à deux tranchants, il peut être cause de confusions où au contraire, un symptôme d’addiction pour l’auditeur.
Doyle Airence maîtrise le processus, le tout résonne cohérent et de plus en plus attractif.
D’une démarche parfois Deftonienne, la voix hurlée de Thomas V. transformera une instru calme et apaisante en un paysage déchirant.
Son chant s’approche de celui de Sam Carter (Architects) et apporte un aspect fragile sur des titres comme "The Great Collapse" ou "Liquid Skies". Ses cris semblent par moments atteindre leur limite, ces imperfections donnent une facette sensible et sentimentale à Monolith et participent singulièrement à sa beauté.
Les envolées mélodiques que sont "Effort.Accumulation.Revelation" et "Destruction.Discovery.Meditation" nous emportent sur un nuage post-rock, façon Mogwai ou Sigur Rós, on voyage sur des textures de sons plus colorées, oscillant toujours entre sérénité et amertume.
La lutte continue sur des titres tendant au métalcore, comme le ferme et résolu "Stonefields" et son refrain presque tubesque aussitôt terrassé par une batterie puissante et efficace accompagnée des grondements de guitares. "Friendly Fire" délivre aussi un metalcore ambiant, avec une rythmique saccadée et un jeu de toms captivant à la batterie. La voix claire comme sur "We Were Kids", est ici bien placée et agréable à entendre, ce qui n’était pas forcément le cas dans And Gods Will.
Enfin, "Collisions" vient clôturer cet album, de la même manière que "03.11.11" l’a débuté, des longues et lentes notes en échos, avec une batterie qui se présentera en fin de morceau.
Les parisiens ont su déployer leur rage avec beaucoup de subtilité et créer une atmosphère unique.
Leur talent percé à jour, Monolith est un grand pas en avant dans la carrière de Doyle Airence.