7 Weeks (+ Loading Data, Noïd et Full Throttle Baby) au Glazart (30.10.13)

Après un passage remarqué au Bus Palladium en mars dernier, 7 Weeks et Loading Data reviennent dans la capitale accompagnés cette fois de Full Throttle Baby et Noid. Ces quatre formations  représentant fièrement le rock couillu français, on attendait beaucoup de ce passage au Glazart. Les parisiens ont-ils été comblés par nos frenchies ?

Full Throttle Baby

Pas de préliminaire, de mise en bouche où je ne sais quelle forme d’introduction pataude : Full Throttle Baby ça ne se pose pas de question et ça envoie !  Mené par Julien Dottel, le « hurleur » de Bukowski, le groupe est une synthèse de ce que le rock offre de plus burné et percutant. Avec son punk/stoner festif lorgnant vers le hardcore, Full Throttle Baby balance un set coup de poing qui dans d’autres circonstances auraient pu méchamment agiter le public. Malheureusement la foule est encore peu compacte et si certains headbang se feront voir, on peut déplorer le manque d’entrain du public malgré les efforts du frontman. Car s’il y en a un qui a de l’énergie à revendre, c’est bien lui. Intenable, sieur Dottel ne cessera d’haranguer une foule amorphe, osant même un appel au circle pit, infructueux. Les (jeunes) musiciens sont plus timides, concentrés sur leurs instruments et se reposent sur le charisme de leur chanteur. Mitigé, on attendra de voir le groupe dans un contexte plus propice à leur musique pour émettre un véritable jugement.

Noïd

Plus soft, les normands de Noid offre un power rock atypique, très soigné sur le plan mélodique mais qui sait aussi accélérer la cadence et se montrer franchement pêchu. Les influences sont multiples (Jerry Cantrell, Dave Grohl  voir le Billie Joe Armstrong de ses débuts) et si les structures des morceaux sont relativement basiques avec une alternance entre gros riff lourd et plan plus mélodique, la musique de Noid est franchement accrocheuse et efficace. Des morceaux comme "Fair and Free" s’avèrent être des petites pépites mélodiques avec des lignes vocales mémorables portées par le chant groovy de David. D’autres morceaux se montreront plus audacieux avec quelques passages plus aériens dont certains sont particulièrement pertinents. Les musiciens sont pris par leur musique et ont aurait vraiment apprécié que le public du Glazart "relâche le chaos en lui" pour citer le frontman, notamment sur des passages hardcore taillés pour les pogos. Après avoir récemment ouvert pour Bukowski, Noid nous offre une nouvelle performance de qualité et l’on espère revoir rapidement les normands dans la capitale.

Loading Data

Toute ingéniosité littéraire est inutile pour décrire la musique de Loading Data. Car Loading Data, c’est juste le cool à l’état pur. Mené par le charismatique Patron et son timbre si particulier, le quatuor offre un stoner dans ses formes les plus aboutis. Dès les premières mesures de "Double Disco Animal Style", on est plongé dans une torpeur savoureuse nourrie par les riffs lancinants et le chant envoutant de Patron. Chaque pattern, chaque riff, chaque refrain s’inscrit durablement en vous et on est véritablement happé par l’univers hypnotique des français. La basse de la charmante Louise et sa lourdeur typiquement stoner joue bien évidemment un rôle essentiel dans cette léthargie jouissive que les imparables So High", "Alright" ou encore "Circus Blues" entretiendront pendant tout le set. On peine à voir un point faible, même si les morceaux évoluent dans un registre similaire ils se dégagent de chacun d’eux un élément particulier qui empêche tout ennui ou lassitude.

L’ombre du rouquin de Joshua Tree est bien évidemment présente et Loading Data respecte les canons imposés par Kyuss, Sleep ou bien sûr Queens Of The Stone Age mais les titres des français ont leur personnalité propre, les réduire à des simples clones de Josh Homme serait donc réducteur. Justement, Nick Oliveri a produit le dernier album du groupe, Double Disco Animal Style, et chante sur le déjanté "Hanging Low", morceau repris ce soir par le frère de Patron. Difficile de relever les points culminants de ce show de haute volée même si l’urgence de "Do It On The Beach" et l’intensité d’"Armaggedon" (et son refrain délectable) ont particulièrement séduit votre serviteur. La foule est plus réceptrice et massive même si on est loin de l’hystérie collective du clip de "Do It On The Beach". En tout cas les Loading Data ont encore prouvé que non seulement ils étaient les patrons du stoner français mais qu’ils n’avaient clairement pas à rougir devant les formations internationales

7 Weeks

C’est aux inclassables 7 Weeks que revient la tâche de clôturer la soirée. Fort d’une tournée européenne et d’un passage au Hellfest, les Limougeauds prennent de la bouteille et ça se voit ! Pour captiver dès les premiers instants l’attention du public parisien, le groupe démarre en trombe avec le puissant "Acid Rain", morceau le plus punchy de Carnivora et qui déclenchera de furieux headbang. Les pogo ne sont pas de sortie mais cette décharge metal’n roll fait directement grimper la tension du Glazart, tension entretenue par les autres claques que sont "You’re so Special" et "Carnivora". Sur ce dernier, 7 Weeks dévoilent ce qui fait véritablement la richesse de leur musique, à savoir un sens aigu de la nuance. "Carnivora" est en effet un bon condensé d’efficacité rock, de lourdeur metal et d’atmosphère plus trip hop.

Cette teneur atmosphérique est poussée à son paroxysme sur "Let Me Drown". Ce morceau fleuve ne cesse de jouer autours d’une boucle minimaliste de trois notes pour plonger le public dans une torpeur chargée en tension, brisée par des envolés métalliques puis sans cesse tempérée par les touches ambiantes du clavier. En plus concis, "Ghost On The Seaside" sent bon le road movie lynchesque et illustre une fois de plus la capacité de 7 Weeks à jouer avec les ambiances. Là encore le clavier se révèle d’une importance capitale et embellie l’atmosphère glaçante du morceau. 

Mais assez parlé de Carnivora, 7 Weeks ne renie pas ses précédents albums et le Glazart aura aussi droit à des extraits de Loaded et Dead Of Night. Quoi de mieux que le hit en puissance du nom de "600 miles" pour réaffirmer la fougue de la musique de 7 Weeks ? Ce morceau issu de Loaded montre toute l’énergie que peut déployer le groupe sur scène et l’euphorie que cela peut susciter. Mais si l’on parle de Loaded, on ne pourra évidemment pas passer sous silence le génial "Submarine" et son riff d’une lourdeur implacable. Clairement un des moments forts de cette soirée. Le groupe décidera de finir son set avec peut être son arme la plus redoutable, le single de Dead Of Night, "Four Again". Il est difficile de mettre des mots sur le vertige que suscite cette perle. On peut bien évidemment relever ce riff lancinant, ces nuances dans le jeux du batteur, ces divers bruitages ou le chant poignant de Julien, mais cela ne rendrait pas suffisamment compte  de la mélancolie offerte par ce titre.

Avec cette démonstration de talent, on ne peut vraiment que souhaiter de voir 7 Weeks gravir de nouveaux échelons et monter de plus en haut sur l’affiche. Si le set devait s’achever sur "Four Again", le public parisien montrera qu’il en veut encore et exigera un rappel. On pouvait alors s’attendre à une bonne embardée stoner telle que "Loaded" pour rassasier ces affamés mais le groupe optera pour le choix plus audacieux d’un autre extrait de Dead Of Night que les aficionados  sont forcés d’idolâtrer : "Andy Part 1". La tension n’aura jamais été aussi forte et l’atmosphère si prenante. Le chant de Julien est parfait et l’on est envahie par toute la détresse dépeinte par le récit des péripéties d’Andy.

La soirée n’aurait pas pu mieux se conclure et le constat est sans appel : la scène rock française se porte bien et nous a offert ce soir une brillante démonstration de son talent. 

 

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