Savage – Loose ‘n Lethal (1983)

Bon voila, ça ressort comme une bulle de Champagne. On ne sait pourquoi et pourtant c’est un groupe que je rêverais de voir un jour reformé rien que pour un Festival. Alors Messieurs les organisateurs… rien que pour moi ! (et surement pour d’autres à n’en pas douter).

L’album a donc eu 30 ans en 2013, et pour l’époque une sacrée claque dans la tête. Pensez donc, on avait déjà eu du mal à se remettre de Kill 'Em All sorti trois mois avant ; et voilà venu de nulle part, ce groupe anglais, à la pochette avant-gardiste représentant un chevalier madmaxien à moto prêt à décapiter le premier venu sur le champ de bataille et un logo avec de nombreuses têtes de mort déboulait dans nos chers bacs à vinyls.

La production, le son, était déjà « vintage » pour l’époque avec ses défauts bien sûr, mais cela restait authentique, classé dans la « nouvelle vague anglaise du repêchage », Savage n’a jamais su rallier de nouveaux fans au-delà de leur premier album. A l’époque on voyait débouler des Battle Axe, des Tank, Tokyo Blade, des Jaguar ou Grim Reaper, ou encore un Satan repêché des abymes il y a peu et franchement on y croyait un peu. De plus le producteur n’était autre que Darryl Johnston qui allait aussi travailler avec Chateaux, Grim Reaper et Hell… L’année précédente avait été pourtant intéressante et pleine d’espoir pour Savage puisqu’ils avaient fait la première partie de Diamond Head et sorti leur premier enregistrement, un 45 tours avec « Ain’t fit no place » et « The China Run » deux magnifiques titres que l’on retrouve sur cet album et une présence en 1981 sur la compilation Scene of the Crime (Suspect Records).

 

Savage

Le groupe s’est formé en 1976 et venaient de Mansfield. Ils possédaient ce son si particulier, très « garage » et identifiable rapidement mais se sont trop souvent perdus en route, et pourtant. Cet indéniable talent permit à Savage (c’est dingue à l’époque les Hardos (pas de Metallos pour l'heure) qui me disaient les connaître en parlant de Sava(ta)ge ou encore de (Sweet) Savage…) de signer chez Ebony Records pour sortir Loose ‘n Lethal. L’album dépassait à peine les 34 minutes.

« Let It Loose » en impose et ce dès les premiers accords avant même que la rythmique suivie de la voix de Chris Bradley viennent mettre la barre très haut. Il y a de l’urgence dans ce titre, on qualifierait presque cela de « Speed Metal » pour l’époque. La voix envoie sans fioriture, limite criarde mais emballée dans des solos rapides au son crade et aigus suivi d’un « Cry Wolf » sans temps mort mais toujours doté d’interventions de guitare ne faisant pas dans la dentelle. Le morceau est doté d’un break sublime monté aux riffs et battu à la crème d’une belle accélération de batterie. Ahrgghhh et ce son de cordes bloquées avec la paume de la main sur « Dirty Money », classique mais efficace. « Ain't No Fit Place » et son intro à la « Streetkiller » de Great White ne peut laisser insensible, longue intro suivi d’un riff lancinant saupoudré de guitares bien aiguisées.

Le groupe atteint des sommets avec « Berlin ». On a l’impression que les cordes, à défauts de médiators sont grattés à coup de tournevis rouillés tellement le son « Metal » prend ici toute sa valeur. Ils nous parlent d’une guerre nucléaire qui aurait dû se passer dans la ville entre l’Est et l’Ouest, bien avant la chute du mur :

“Fire over Berlin
Nobody’s safe
No escape when metal rain starts faling
Berlin, it’s all too late”

La voix criait dans l’urgence, les guitares s’entendaient à merveille dans des duels interminables. « On the Rocks », peut-être trop en avance sur son époque, bien qu’on y entende des Twin Guitars chères à Thin Lizzy et possède ses riffs qui ont dû influencer les futurs permanentés du Hair Metal.
Assurément un grand moment de l’album, « The China Run » : sa rythmique et son envolée à la Scorpions de la grande époque mais avec une voix qui ne fait pas dans le détail, tellement éraillée qu’on la confondrait avec le son des cordes des guitares. Peut-être dû à trop d’absorption de poudre dont les paroles en font l’écho. Replongez donc dans ce solo dévastateur… qui rend « accro »…

« White Hot » dont la puissance doit sortir des malheureuses enceintes de la chaine de votre paternel qui vient tout juste d’acheter à la Fnac Wagram avant que vous et votre sympathique partenaire ait cette idée de génie d’y brancher un  jack qui va bousiller à jamais le merveilleux son des JBL

 

Chris Bradley en belle compagnie...

La consécration allait-elle arriver pour Savage?

Pas vraiment car, bien que les ventes pour l’époque étaient plus qu’honorables (30 000) et malgré de bons articles chez Kerrang ! et Melody Maker, les musiciens préféraient garder leur job de prolos anglais au lieu de tenter le grand saut qui ne vint donc jamais.

Bref un album hors norme, hors de son temps, qui a influencé une ribambelle de jeunes groupes. Mais comme toute légende, Savage restera plus ou moins dans l’oubli et ce malgré un talent certain… mais « Chutt !!!, ne dites pas qu’on vous en a parlé ! »…

 

Lionel / Born 666

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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