The Algorithm (+ Uneven Structure et invités) au Batofar (22.12.2013)

En ce 22 décembre 2013, c'était Noël avant l'heure avec ce concert ambitieux concocté par l'association See You In The Pit. Quatre jeunes groupes ont joué sur la scène du Batofar avec une belle envie d'en découdre. Une bonne occasion de prendre la température de la nouvelle scène métal française.

Cycles


 

Le Batofar est déjà bien rempli lorsque le premier groupe commence. Ils ont l’air jeune, mais ne payent pas de mine, et envoient le bois d’entrée de jeu ! Cycles joue dans un style lorgnant vers le deathcore, avec une touche djent et progressive. Ils annoncent ce concert comme étant le premier de la formation, ce qui peut expliquer leur manque d’aise à communiquer avec le public, pendant et entre les morceaux. Il serait donc mesquin de leur reprocher cette légère timidité.
 

Cycles, live report, Paris, 2013, le Batofar, The Algorithm,


Le groupe évolue avec deux chanteurs, qui growlent à plein poumons pendant la majorité du set. L’agencement des voix est plutôt bien pensé et tire parti avec intelligence de la complémentarité des deux vocalistes. Le chant clair a cependant beaucoup plus de mal à convaincre, parfois à la limite de la justesse et ayant d’ailleurs une place plus qu’anecdotique dans les compositions du groupe.
 

Cycles, live report, 2013, Paris, le Batofar, The Algorithm,


Musicalement, il faut reconnaître que le tout sonne peut être un peu trop comme du déjà-entendu. Mais la mise en place des musiciens est très bonne et se rapproche facilement d’un groupe confirmé. Cycles fait preuve d’un enthousiasme qui fait plaisir à voir et avec plus de maturité dans les compositions et d’expérience scénique, tout porte à croire que le groupe peut faire parler de lui. Roulez jeunesse !

Kadinja
 


On change de style avec Kadinja. Ce groupe, anciennement appelé Perspectives, évolue dans un registre nettement plus progressif, évoquant notamment Ever Forthright et Periphery. Il y a trois guitares à sept cordes avec un accordage plus grave, le ton est donné. Le chanteur s’aide de samples ou d’un harmonizer pour certains chœurs, mais s’en sort plutôt bien en growl comme en chant clair, avec un style qui rappelle justement Chris Baretto et Spencer Sotelo.

 

Kadinja, live report, Batofar, 2013, Paris,


Le groupe met bien vite le feu au Batofar, révélant qu’un certain nombre de spectateurs attendaient avec impatience ce qui est le premier concert de la formation. Vous vous en doutez, au niveau guitare, ça tricote sévère. Les trois guitaristes maltraitent la mesure avec des rythmiques biscornues, puis enchaînent avec des solos superbement bien exécutés. On note la présence du talentueux Max Michel, également guitariste live de The Algorithm, assurant parfaitement le job avec ses compères. Le son aurait gagné à être plus précis, mais rien de trop gênant.
 

Kadinja, live report, Paris, 2013, le Batofar,


A la batterie, vont se succéder trois batteurs : Jean Ferry (Uneven Structure) et  Mike Malyan (Monuments/The Algorithm) et Grégoire Galichet. Les trois jouent avec maestria et donnent à Kadinja l’assise rythmique que le style nécessite : puissante et agressive.  Le chanteur rappelle que ce concert est l’occasion de fêter la sortie de leur premier EP, qui sera finalement disponible le 30 décembre suite à un contretemps. C’est donc un concert plus que prometteur qu’a donné Kadinja, impressionnant de maîtrise pour un premier essai sur scène. Il y a fort à parier que le groupe fera parler de lui cette année.

 

Uneven Structure

 

Prennent ensuite place sur scène le fer de lance du djent progressif en France, Uneven Structure. Le groupe évolue dans un registre entre Textures et TesseracT, alliant des moments de pure agressivité avec des passages planants et éthérés. A la voix, Mathieu Romarin assure parfaitement avec un chant clair juste et maîtrisé et des hurlements puissants et efficaces. Le groupe exploite bien le potentiel musical donné par trois guitares sept cordes, et distille de belles textures sonores sans laisser retomber l’excellente ambiance qui règne dans le Batofar.
 

Uneven Structure, live report, Paris, 2013, Mathieu Romarin,


Le public bat des mains ou hoche de la tête de contentement et semble de plus enthousiaste à mesure que la soirée avance. Tout porte à croire qu’Uneven Structure a trouvé son public ce soir-là. Encore une fois, les instrumentistes sont loin d’être des manchots, et peu de fausses notes se font entendre. Mathieu a une bonne présence scénique et arrive à bien communiquer avec le public à grand coups de « ça va bien, Paris ? », appels auxquels le public répond avec enthousiasme.
 

Uneven Structure, live report, Paris, 2013,


Sans surprise, eux aussi massacrent la mesure avec des expérimentations rythmiques plutôt réussies. Après une chanson bien planante, Uneven Structure termine son set avec deux titres de 8, leur premier EP réenregistré et sorti cette année.  « Egocentric Focus » sonne très Meshuggah et « Higher Quiddity » vient conclure un très bon concert du combo originaire de Metz, qui aurait pu s’essouffler sur la longueur : 45 minutes de concert étaient le bon créneau. En espérant qu’ils confirment cette réussite sur leur deuxième album à venir.

 

The Algorithm
 

Après trois concerts de qualité allant du bon au très bon, tout semblait bien parti pour un final en beauté avec la tête d’affiche The Algorithm. Les lumières s’éteignent et font place à une vidéo introductive, façon jeu vidéo, qui laisse entendre les premières notes de « Trojans ». Rémi Gallego ne mentait pas en interview : ses concerts sont pour lui l’occasion de « détruire » ses morceaux. Aussi, ils n’ont plus grand-chose à voir avec les versions studio, même si on reconnaît les thèmes et lignes mélodiques.
 

The Algorithm, live report, Rémi Gallego, Paris, 2013,


A la batterie Mike Malyan est toujours aussi impressionnant de maîtrise. Il interprète avec classe les beats agressifs des compositions de Rémi. Il se passe beaucoup (trop ?) de choses sur scène : Rémi chaîne des effets et contrôle les sonorités de la guitare de Max Michel pendant que Mike maltraite son kit de batterie.  Il est cependant difficile de toujours percevoir qui joue quoi entre Rémi et Max. « Access Granted » est une sérieuse claque, transformant le Batofar en théâtre de clubbing le temps d’un concert. L’ambiance est fiévreuse, et le public chauffé à blanc !
 

Max Michel, live report, The Algorithm, Paris, 2013,


Il est vraiment impressionnant de voir des musiciens arriver à reproduire sur scène la musique déjantée de Rémi Gallego. Aussi, la tension et l’impact du concert baissent d’un cran lorsque Max et Mike laissent Rémi nous interpréter un remix de Born of Osiris. Est-ce dû au choix du morceau, à la baisse du volume sonore ou au départ des deux musiciens ? Difficile à dire. Puis Rémi nous annonce vouloir terminer ce concert avec des invités, et fait monter Mathieu ainsi qu’Igor Omodei d’Uneven Structure pour jouer « Warp Gate Exploit » . Un final réussi pour une belle soirée.
 

Mike Malyan, live report, The Algorithm, Paris, 2013,


Ce concert gardera une saveur particulière pour les fans de The Algorithm comme pour les musiciens, puisqu’il marque le dernier concert du groupe avec Max Michel, celui-ci partant à la conquête du célèbre Berklee College of Music de Boston, école qui a vu émerger un bon paquet de musiciens d’exception.  Un très bon concert qui montre la vigueur de la nouvelle scène métal underground française, le tout à moins de quinze euros, elle est pas belle la vie ?

Photos : Marjorie Coulin /  © 2013 http://www.marjoriecoulin.com/
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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