Mercyless – Unholy Black Splendor

"Chauds", nos Mercy ! ...

« EN-FIN ! » C'est ce qu'ont dû se dire les pionniers du death français Mercyless lorsque cette nouvelle déflagration sonore a fini par atterrir dans les bacs à l'automne de l'année désormais passée (c'est qu'il a mis du temps à nous parvenir, nous aussi, ce qui explique cette chronique un brin tardive !) ... Ce disque du come-back (déjà annoncé quelques mois plus tôt dans nos colonnes) aura donc vu sa sortie chez Trendkill Records maintes fois repoussée pour diverses galères de pressage et de finalisation, mais également du fait que sa gestation aura été menée avec les plus grands soins. C'est qu'il ne fallait en aucun cas décevoir, après un 'split' qui était un peu resté en travers de la gorge de beaucoup en 2001, à la suite de deux albums ayant emprunté des chemins opposés stylistiquement parlant, recevant de fait un accueil plus que mitigé.


Si la reformation de 2011 avait déjà vu se concrétiser de fort belles choses, comme un convaincant 'retour aux sources', sur scène mais également en studio avec In Memory of Agrazabeth, réédition de leurs démos et autres recyclages de vieux 'live' - afin de mieux préparer le terrain aux prochaines hostilités ? -, il fallait désormais entériner la validité de ce « retour aux affaires » ... C'est aujourd'hui chose faite  avec ce Unholy Black Splendor, au titre et à la pochette plutôt connotés 'black', mais dont le contenu, lui, est 100% death 'old-school' pur jus ! Comment aurions-nous pu d'ailleurs en douter, après ces moultes déclarations d'intention et signes avant-coureurs ? C'est bien cet album-là qui aurait mérité, vu les circonstances, de s'intituler Sure to be Pure, à n'en « poing » douter, et surtout de le remplacer... Petit retour en arrière...
 

mercyless, french death metal, line-up 1991, abject offerings

Les plus jeunes d'entre nous ne peuvent s'en rappeler, mais la formation hexagonale avait déjà connu de tels "retards de fabrication", et non des moindres puisqu'en 1991 lorsqu'elle enregistre son premier album - le redoutable Abject Offerings - elle est alors loin de se douter que ce dernier ne verrait le jour que l'année suivante, leur faisant ainsi rater en marche le wagon de tête d'un death en plein essor (avec par chez nous Loudblast ou Massacra). Espérons aujourd'hui que le hasard de ces délais coïncidants saura cette fois leur porter chance, tant il est vrai  que ce premier essai avait quand on y repense tout du maître-étalon en la matière : d'un death aux influences Floridiennes sauvages bien assimilées (que l'on évoque Obituary, Morbid Angel ou Massacre) mais que l'on pourrait tout autant associer à celui bien caverneux et tout aussi 'evil' des Bataves de Pestilence sur Testimony of the Ancients ou encore aux Allemands de Morgoth, Mercyless pouvait également partir sur de fulgurantes pointes techniques dignes de Death et surtout faire du pied au travers de démentielles attaques 'riffues' et vicieuses vers le thrash surheavy et extrême de Possessed ou de Slayer (influence aujourd'hui évincée, mais on se rappelle ce petit gimmick sur l'excellent "A Message For All Those Who Died", qui n'était pas sans évoquer le leïtmotiv d'un "Raining Blood" en version ralentie...). Bref, ce Unholy Black Splendor, distribué aujourd'hui chez Season of Mist, sera-t-il à même de ranimer la flamme d'antan ?

Si la bouillonnante production de ce dernier opus - signée Dan Swanö au mix/mastering - ne peut aucunement rivaliser sur les mêmes critères avec celle plus clinquante de Colin Richardson à l'époque (notamment une batterie aujourd'hui bien dans l'air du temps et de fait bien moins impitoyable en comparaison, malgré le boulot monstrueux abattu par un Laurent Michalak - « aucun lien... »), elle reste tout à fait honorable et restitue bien la facette occulte, froide et malsaine de la musique des Vétérans, à la différence de bon nombre de leurs pairs qui ne semblent plus animés que d'une étrange 'fièvre porcine' en jouant à celui qui tapera ou éructera le plus fort.

Pas pour autant que la musique ne va pas s'empêcher de nous coller une bonne vieille baffe ! Les titres sont courts et expéditifs, la voix de Max Otero nous évoque toujours avec un grand plaisir un mix entre celle de John Tardy et les deux 'growlers' historiques de Pestilence (je, soussignés Patrick Mameli et Martin Van Drunen...), avec un placement qui fait mouche (les couplets et le refrain sur "God is Dreaming" ou "Goat of Mendes" ne sont d'ailleurs pas sans rappeler - et c'est une nouveauté ! - la scansion d'un certain Glen Benton sur les vieux Deicide, tout comme certaines voix doublées aigues telles que sur l'impitoyable "Bless Me Father"...). Le groupe n'a ainsi peut-être jamais paru aussi remonté et hostile qu'aujourd'hui, que ce soit en 'blast' (sur lesquels Laurent a le bon goût de ne pas abuser à outrance) ou sur les nombreux passages lourds (de fait peut-être encore plus prononcés que jamais), et ce ne sont pas les guitares vicieuses de "Goat of Mendes" ni les nombreux soli apocalyptiques disséminés par les deux gratteux d'origine tout au long de ce disque - et qui nous évoqueraient là encore le meilleur des Hoffmann Bros - qui vont venir ici me contredire. C'est tout juste si on ne regrette pas que l'album ne soit pas un peu plus long (une trentaine de minutes au compteur...), mais comme on le dit si bien Outre-Atlantique : « no filler, just killer ! ».

Quand bien même ceci n'est pas tout à fait vrai, car si ce disque est finalement assez homogène de manière générale, ce sont peut-être quatre ou cinq titres sur les dix qui vous agriperont jusqu'à ne plus vous lâcher, comme cela avait un peu été le cas avec "Flesh Divine", "Without Christ", "A Message For All Those Who Died" ou "Substance of Purity" (et/ou d'autres selon les sensibilités) sur la bien-nommée 'abjecte offrande' de 1992 ... Là encore, quelles sont les petites « douceurs » qui viendront particulièrement hanter vos jours et vos nuits ? La 'groovifiante' "Infamy", ou bien l'obsédante (et surpesante, malgré son entame faussement 'speedée' façon "The Ancient Ones" de 'qui-on-sait') "Probably Impure" ? A moins que vous ne succombiez fort logiquement à la radicalité d'un "I Vomit This World" ou au lugubre et saisissant "Unholy Black Splendor" éponyme (et ses breaks carrément hypnotiques) ...

 

Ce n'est peut-être pas pour rien que le bien-à-propos "At the Coming of Dawn" d'introduction (et ses choeurs religieux illustrant bien la thématique de l'album dans tout son écoeurement...) s'achève sur un court extrait de 'L'Exorciste'... La formation Mulhousienne a elle aussi exorcisé ses vieux démons en tournant la page du gênant doublé C.O.L.D. / Sure to Be Pure, et est effectivement - c'est là tout le 'mal' qu'on leur souhaite - comme à l'aube d'une nouvelle vie, avec ce nouveau souffle d'une carrière renaissante. "Resurrection Through Carnage", aurait pu leur souffler Swanö...

Certes moins audacieux et entreprenant qu'un Coloured Funeral, moins novateur (pour l'époque !) et 'ultime' dirons-nous que son grand frère Abject Offerings, ce Unholy Black Splendor n'en demeure pas moins un manifeste de la plus belle eau croupie à la gloire d'un death métal sincère "à l'ancienne", aujourd'hui ressuscité de fort belle manière sur nos terres par un Necrowretch conquérant et un Mercyless qui retrouve enfin dans le soufre toutes ses lettres de noblesse. « Spleeeeeeeeeeeeeeen-dide !!! »

LeBoucherSlave

7,5/10

mercyless, french death metal, line-up 2013, unholy black splendor


Retrouvez Mercyless, Necrowretch, Affliction Gate et The Seven Gates le samedi 15 février 2014 à Saint-Etienne pour un mini-fest 100 % 'death old-school' !

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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