Alcest (+ Hexvessel et invités) au Divan du Monde (02.02.2014)

Après avoir sorti un album qui a divisé la critique et les fans, Alcest était de passage à Paris pour promouvoir Shelter sur scène.  Avec l’aide de The Fauns et Hexvessel, ils nous ont fait passer une excellente soirée, et ont prouvé que le groupe avait encore beaucoup de choses à exprimer en concert.

 


The Fauns

 

Dans un genre, il y a deux types d’artistes : les inventeurs et les suiveurs. Les inventeurs créent quelque chose de nouveau, que ça soit ex-nihilo ou à partir de leurs influences musicales. Et il y a les suiveurs, ceux qui reprennent les idées des inventeurs avec plus ou moins de succès, en ajoutant plus ou moins leur propre personnalité artistique au tout. The Fauns évolue clairement dans la deuxième catégorie, n’ayant pas inventé le shoegaze, mais reprenant quasi-religieusement tous les codes du genre, à la fois musicaux et visuels. Les musiciens du groupe sont statiques et le regard (un peu trop) fixé sur leurs pédales d’effet.
 

The Fauns, live report, Paris, 2014, Alcest,


La première remarque à faire concerne le son : il est objectivement mauvais, laissant entendre un bourdonnement sourd en lieu et place des guitares. La belle Alison Garner est presque inaudible, et on dirait que c’est ce que veut le genre si on ne la voyait pas secouer la tête de mécontentement entre deux morceaux. Musicalement, ça ne casse pas des briques, puisque le groupe reproduit sans audace ce que Slowdive et compagnie ont inventé il y a belle lurette, à grand coup de delay, d’accords aériens et de structures minimalistes. Sur un morceau, Alison se saisit d’un tambourin, et on pourra entendre quelques harmonies vocales sympathiques. Malheureusement, ça ne suffit pas à relever l’ennui que provoque la performance du groupe, en dépit d’un très beau jeu de lumières.
 


Comme le clamait déjà George Harrison à l’époque, on sait qu’il y a beaucoup de recyclage dans le monde du rock. Il n’y a normalement aucun mal à puiser dans le répertoire déjà existant pour créer son œuvre, à condition qu’elle ait sa propre âme et qu’elle soit agréable à l’écoute. Rien de tout cela n’était présent dans ce concert de The Fauns. Copie à revoir !

Hexvessel
 


On change heureusement de style avec Hexvessel, qui eux arrivent à produire quelque chose d’original et tenant la route sur scène. Leur rock progressif et psychédélique est à mi-chemin entre le Pink Floyd des débuts et The Pineapple Thief, arrivant à concilier la vieille et la nouvelle école du genre. Le son s’est nettement amélioré, permettant d’entendre distinctement chaque instrument et le chant, qui est très bien exécuté par ailleurs.
 

Hexvessel, live report, 2014, Paris, Alcest,


A l’aide d’instruments aussi divers que la trompette ou le violon, Hexvessel arrive à créer un climat hypnotique, propice à une écoute agréable et posée. Les guitares sont elles couplées à de multiples effets pour mieux coller à cette ambiance, qui est, il est vrai, plus planante que pêchue. En tout état de cause, il semblerait que le public apprécie énormément la performance, vu l’accueil qui est réservé au groupe entre les morceaux.
 

Hexvessel, live report, Paris, 2014, Alcest,


Ce groupe finlandais illustre bien à quel point la scène progressive/psychédélique fais des émules en pays scandinaves, avec des groupes comme Arabs in Aspic en Norvège, Vulkan en Suède, et enfin Hexvessel en Finlande. Dommage que le violon soit parfois inaudible, c’est ce qui apportait toute son originalité au morceau joué !
 

Hexvessel, live report, 2014, Paris, Alcest,


Et c’est aux alentours de la moitié du concert que l’ennui vient lui aussi pointer le bout de son nez, avec une boucle répétée par le groupe qui n’en finit pas de tourner, jusqu’à l’exaspération. Quel dommage pour Hexvessel, qui termine avec une reprise osée de Yoko Ono, voyant son batteur briller avec un groove contagieux.

Setlist :

The Tunnel at the End of the Light
Woods to Conjure
I Am the Ritual
His Portal Tomb
Unseen Sun
Woman of Salem ( Yoko Ono cover)
 

Alcest
 


Il est enfin temps pour Alcest de monter sur scène. Après un concert bien particulier au Brutal Assault 2013, il nous tardait de voir si le groupe avait encore progressé, grâce à ses nombreuses tournées. La réponse nous vient rapidement, quelques minutes après le début du concert : oui, la formation a encore progressé sur les planches ! On sent aussi que Neige est plus à l’aise devant un public moins nombreux, et se lâchant plus qu’en festival avec un jeu de scène plus actif. Le son est très bon et permet d’apprécier pleinement la musique.


Zero
, guitariste live du groupe, est loin d’être en reste, et assure les chœurs avec brio alors que le chant de Neige est très peu audible, mais on sait que c’est une volonté de ce dernier. Globalement, le groupe est vraiment très bon, puisque le bassiste nous envoie de bonnes vibrations pendant tout le concert, et Winterhalter gère toujours aussi bien la batterie, avec un jeu sobre, mais maîtrisé et précis. Une belle énergie se dégage de la performance de la formation, et l’excellente restitution live des morceaux surprend, plus particulièrement pour les titres de Shelter. Ces derniers sont ostensiblement moins métal, mais ont bien passé le cap du concert.
 

Alcest, Winterhalter, live report, 2014, Paris,


Mention spéciale pour « Voix Sereines » et son superbe crescendo, avec un bon compromis entre le Alcest de Shelter et d’avant. La setlist est clairement axée sur ce dernier album, et il semble que ça ne dérange absolument pas le public, qui est chaud comme la braise, et encore plus, il est vrai, lorsque le groupe enchaîne deux titres d’Ecaille de Lune et la chanson "Souvenirs d’un Autre Monde".
 

Alcest, Neige, live report, 2014, Paris,


Au niveau de la communication avec le public, à part quelques battements de mains commandés par Zero ou Neige, vous vous doutez qu’on ne se trouve pas à un concert de hardcore. On laisse l'audience profiter du concert comme elle l’entend, et une des rares paroles adressée par Neige sera de remercier les groupes d’ouverture, déclarant que c’est probablement la meilleure tournée du groupe depuis sa formation.
 

Alcest, Neige, live report, 2014, Paris,


Alcest termine son set avec « Délivrance », clôturant ainsi un excellent concert. Avec une liste de chansons équilibrée et une performance carrée, ils ont su faire fi des critiques à l’encontre du dernier album pour en faire une force. Shelter a peut être besoin de temps pour gagner l’affection des fans. Nous aurons le fin mot de cette histoire avec le prochain album !

Setlist :

Wings (bande)
Opale
Summer's Glory
L'eveil des muses
Là où naissent les couleurs nouvelles
Voix Sereines
Shelter
Beings of Light
Autre temps
Sur l'océan couleur de fer
Percées de lumière
Souvenirs d'un autre monde

Encore:

Délivrance

Photos et vidéo : Arnaud Dionisio / © 2014 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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