Rise of Avernus – L’appel du vide

C'est à se demander ce qu'ils prennent en Australie pour faire du doom de qualité. Si cette scène n'est peut-être pas la plus connue à l'étranger, il suffit de fouiller un peu pour trouver quelques formations très intéressantes. Entre Avrigus, Myraeth et autres Rituals of the Oak, ce n'est pas les bonnes choses qui manquent. Et dans ce milieu débarque Rise of Avernus, qui se jette à l'eau avec un premier opus de longue durée au titre donné en français : L'Appel du Vide. Code666 Records flaire la bonne affaire et signe ce quintette qui voit donc sa première œuvre sortir en Janvier 2014, profitant des mois froids et des nuits rallongés pour offrir une dose de doom à son auditoire. Idéal pour vous plonger dans l'ambiance, n'est-ce pas ?

Cependant, qualifier Rise of Avernus de simple groupe de doom supplémentaire serait une monumentale erreur, tant à l'écoute de cet opus, la richesse des compositions saute aux oreilles. En effet, le combo aime tirer sur la corde sensible de la mélancolique et de la tristesse, mais pas uniquement et c'est un premier point positif pour eux. Leur musique est extrêmement diversifiée et ne se délimite pas à un genre particulier. Les éléments doom sont, certes, très présents, et constituent la base de la musique, mais l'expérimentation est très présente au sein du disque. La piste d'introduction « A Triptych Journey » synthétise parfaitement ce que le quintette compte nous offrir par la suite : d'un rythme lourd et lent, on progresse vers une superbe montée en puissance qui permet au titre de terminer en apothéose et de subjuguer par sa qualité. Et si cette entrée en matière offre déjà un très bon moment et fait partir sur de bonnes bases, le reste du disque réserve également son lot de surprises plus ou moins inattendues.

« Ethereal Blindness » joue dans une autre cour. Les traces de doom sont quasiment absentes, mais l'aspect mélancolique est maintenu par la présence du violon et la dualité vocale. D'ailleurs, le growl s'estompe pour laisser place à un chant clair possédant un côté assez dramatique, qui n'est pas sans évoquer le frontman de My Dying Bride. Quant à la voix féminine, elle joue dans un registre plus aérien et éthéré qui complète à merveille ce dialogue entre les deux intervenants. Un registre plus gothique s'inscrit donc sur cette piste aux allures généralement plus symphoniques. Les riffs sont assez acérés pour donner du corps à la pièce, tandis que les chants, le piano et le violon contrebalancent le tout avec une grâce très prononcée.

Rise of Avernus

Blanche-Neige et les quatre géants.

Chose plus étonnante, on dénote la présence d'un saxophone et d'une ambiance légèrement jazzy dans « Embrace the Mayhem ». Ce qui pourrait être incongru aux premiers abords est en réalité inséré très facilement dans le titre, et très bien exploité au demeurant. L'atmosphère est intimiste, portée majoritairement par la très belle voix de Catherine Guirguis, ce qui en fait un titre charmeur et surprenant. En mélangeant les influences, en faisant jouer sa musique sur divers tableaux, Rise of Avernus se démarque nettement de la concurrence. Un titre comme « The Mire » résume très bien cette habitude que prend le groupe, passant habilement d'un metal atmosphérique poignant à des envolées death amenées subtilement. Et le quintette ne s'arrête pas là, « An Somnium » s'inscrivant dans un registre black de très, très haute volée. La section rythmique est rapide et incisive, contrastant avec les moments de douceur des morceaux précédents. Le growl est maître de cérémonie, mais les interventions de la chanteuse sont très loin de tomber à côté de la plaque, bien au contraire.

L'offrande est constituée de pièces solides, s'imbriquant à merveille les unes dans les autres. Pas de linéarité, aucun temps mort ou presque, les passages sombres et lancinants sont captivants et les moments plus véloces maîtrisés comme il se doit. L'Appel du Vide est un opus varié et intéressant, qui mérite plusieurs écoutes attentives pour être assimilé. Rise of Avernus a bien compris que jouer sur un registre vu et revu est souvent plus dommageable que gratifiant, et l'incorporation d'éléments musicaux étrangers au monde du doom est une clef de la réussite de ces cinq australiens. Alors comment classer ce disque ? Doom orchestral à tendances black et death ? Death symphonique lourd et sombre ? Difficile de se faire une idée. Toujours est-il que pour une première livraison, le résultat est impressionnant de maturité et sacrément bien composé. Décidément, l'Australie est en très grande forme.

 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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