Mayhem – De Mysteriis Dom Sathanas (1994)


Venom était considéré comme le parrain du Black Metal international, Mayhem comme celui par qui tout a commencé en Norvège. D’ailleurs il a pris son nom de la chanson de Venom « Mayhem with Mercy », l’instrumental que l’on retrouve sur Welcome to Hell.

L’histoire du groupe reste et restera intimement lié à son défunt fondateur, Oystein Aaeseth, alias « Euronymous » qui sera assassiné en 1993 par celui qui tient la basse sur cet album…

Euronymous lancera les Corpse Paint, les fameux maquillages macabres qui seront ensuite adoptés par tous les autres groupes de Black Metal en Norvège puis dans le reste de l’Europe et du Monde; idée qui lui était venue par sa fascination pour le groupe brésilien Sarcofago qui portait le maquillage macabre et des clous sur leurs vêtements. Ce n’est donc pas l’image des Kiss, King Diamond ou Alice Cooper qui l’avait entraîné vers ce concept.
 

Dead & Euronymous Dead


Après la sorti de Deathcrush en 1988, Per Yngve Ohlin, suédois, alias « Dead » rejoint le groupe en tant que chanteur. Il faisait parti auparavant du groupe de Death Metal Morbid. A cette même époque Jan Axel « Hellhammer » en profite pour rejoindre le groupe.

Parlant du suicide de Dead, dans une interview il précisera que « c’est Euronymous qui l’a retrouvé. On n’avait qu’une clé et la porte était fermée, il a dû passer par la fenêtre. La seule fenêtre d’ouverte était celle de la chambre de Dead. Il a donc grimpé et l’a découvert avec la tête explosée. Il est reparti acheter un appareil photo pour prendre quelques photos de lui et ce n’est qu’après qu’il a appelé la police. »« C’est moi qui suis allé faire développer les photos. Elles étaient en couleur, c’était des photos très violentes. Dead était à moitié assis, l’arme sur les genoux. Son cerveau était sorti de son crâne et trainait sur le lit. Euronymous avait pris des photos du dessus, avec les détails de son crâne. »
 

Dead


Bard Eithun, alias « Faust » ancien batteur d’Emperor, pour défendre Euronymous des rumeurs qui le faisait passer pour l’assassin de Dead, dit : « un jour, il m’a dit que Dead s’était suicidé, mais laissons les gens croire que j’ai pu le tuer, parce que ça fera parler de Mayhem … »…  « c’est aussi pour ça qu’il n’a pas dit qu’il avait récupéré des bouts du crâne de Dead, qu’il en avait fait des colliers et qu’il avait mangé un bout de sa cervelle, … »

Suicide possible grâce à Varg Vikernes qui raconte dans une autre interview « d’ailleurs, c’est avec mes munitions qu’il s’est suicidé, oui je vous le jure ! » il vivait dans une maison avec Ostein (Euronymous) et Hellammer au sud-est d’Oslo. Je les ai rencontrés en Mars 1991, et puis je suis rentré chez moi (à Bergen, 7 heures de route). On ne se voyait jamais, je leur ai juste envoyé un colis à Noël avec des munitions, des détonateurs et des cartouches de fusil. »

Thèse rapporté par Euronymous à un journaliste « Avec Hellammer on a eu de la chance, on a trouvé deux gros bouts de son crâne qu’on porte autour du cou en souvenir. Dead aura quand même écrit une note d’humour en ne laissant comme lettre d’adieux : « Désolé pour le sang. »

Après le suicide de Dead, Euronymous, personnage très influent de la mouvance black Metal, crée son magasin de disques Helvete signifiant Enfer en norvégien, qui rapidement deviendra le point de ralliement de la scène Black Metal. Des groupes comme Darkthrone, Burzum, Immortal, Thorns, Enslaved, Acturus et Emperor étaient en contact avec Oystein Aarseth qui prévoyait de sortir leurs albums sur sa propre maison de disque Deathlike Silence. Groupe d’amis qui sera « baptisé » le Black Circle
 

Mayhem


L’entame de De Mysteriis Dom Sathanas vous saute à la gorge, c’est rapide, angoissant, la voix particulière d’Attila, qui va d’envolées aigues à des growls possédés ou parfois comme sur « Cursed In Eternity » à des râles vomissant et graves, lui confère une force malsaine. La frappe d’Hellammer impressionne ; par rapport à ce qu’il se faisait c’est du lourd auquel on assiste, un feeling hors du commun, des changements de rythme n’hésitant pas à ralentir la cadence lorsque cela se fait sentir. On atteint un niveau de génie par rapport à ces parties de batterie. Et quand il décide d’accélérer ses parties on en arrive à ne plus rien y comprendre tellement le rythme est effréné comme sur la fin du titre.

« Funeral Fog » nous fait « apprécier » la voix sensible d’Attila Csihar, envahie par le riff somptueux d’Euronymous qui, répété à l’infini sur la fin du titre, étourdit l’auditeur par ce blast permanent d’Hellammer.
 

Euronymous


Le hongrois a cette voix sortie des entrailles, rugueuse qui se dématérialise tout au long de, « De Mysteriis Dom Sathanas », lente alors que derrière les musiciens ne chôment pas. La guitare d’Euronymous ne perd pas le sens du riff qui dégouline de ce côté malsain et enivrant alors que l’intelligence de la frappe d’Hellammer atteint ici une perfection où les cymbales arrivent encore à aérer son jeu dans un déluge de rythmes totalement inaccessibles pour l’époque. Pour transformer sa voix en une puissance haineuse où chaque mot est articulé pour en délivrer la puissance du message d’une façon presque lyrique, Attila tourmente sa voix dans des circonvolutions malsaines.

Le riff de  « Freezing Moon » traine : il est lent, sournois et joue avec la voix d’Attila qui se travestit à chaque refrain. Un des derniers titres co-écrit par Dead et EuronymousHellammer se fait plaisir. Le solo poussant dans les extrêmes possède cette beauté glaciale tout en limite, avant la ponctuation finale. On retrouve la même ambiance avec « Life Eternal » et son mid-tempo où la basse du Comte arrive à faire surface dans un dialogue avec la batterie avant que les riffs d’Euronymous viennent aliéner la fin du titre réveillant un Hellhammer énervé et un Attila Csihar qui vient pousser ses derniers sanglots rugueux.
 

Mayhem


On ne navigue pas que dans un monde de brutalité : la preuve : « From The Dark Past »  excelle dans un mid-tempo pendant les premières secondes qui donne ce côté pagan avant un déferlement caractéristique du talent de surement l’un des meilleurs batteurs du monde. L’ambiance reste lugubre, entre autre grâce (ou à cause) à la façon dont Attila a de chanter d’une façon parlée lente et ténébreuse. « Pagan Fears » reste un rouleau compresseur en mode « tout doit disparaitre » sans omettre d’atomiser les cervicales des Headbangers.

De Mysteriis Dom Sathanas c’est l’aliénation occulte du culte où les guitares sont en attaque permanente délivrant des riffs plus malsains les uns que les autres. On reste plus avec Mayhem dans une ambiance plus contemplative de la musique, un peu comme lorsqu’on les voit sur scène. C’est un cérémonial qui par la voix donne envie de rester là à assister à la messe des norvégiens.

P.S. Dans les faits, les parents d'Euronymous demandèrent de réenregistrer les parties de basse réalisées par le meurtrier de leur fils alias Varg Vikernes, ce que le batteur Jan Axel Blomberg « Hellhammer » promit d’ailleurs... mais l’enregistrement ne fut jamais retouché et l'album sortit avec les parties jouées par le Count Grishnack.

 

Lionel / Born 666

© Certains propos sont tirés d’interviews du magazine Slayer, COTIM ou de l’ouvrage Les Seigneurs du chaos
 

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