Noctem – Exilium

La péninsule ibérique est plus connue pour ses plages paradisiaques, ses célèbres équipes de football, ses corridas ou son flamenco, que pour être un vivier de musique métal en tout genre même si elle a enfanté des rejetons turbulents et bien connus comme AVULSED et HAEMORRHAGE. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser au cas NOCTEM, quintette officiant dans "blackened death-metal" furieux mais classieux, originaire de Valence, fondé en 2001 et, composé de Exo et Nekros aux guitares, de Beleth au chant, de Ul à la basse et de Darko à la batterie. Après deux démos et un live entre 2002 et 2007, NOCTEM se fit d’abord remarquer avec Divinity en 2009 et surtout en 2011 avec le terrible Oblivion qui leur ouvrit les portes de premières parties prestigieuses comme SAMAEL ou MARDUK. Toujours produit par Daniel Cardoso (ANATHEMA) et enregistré aux AGR Studios, NOCTEM nous livre sa dernière offrande intitulée Exilium.

On remarque d’entrée de jeu,  la qualité de l’artwork. Non pas que les précédents étaient d’une qualité moyenne, bien au contraire, celui de Exilium est différent dans le sens où il est beaucoup plus sombre et dérangeant mais également bien plus morbide, il reste cependant magnifique (je sais, les goûts et les couleurs…).

Ce qui m’avait frappé sur Oblivion est que NOCTEM avait su relevé le niveau d’un style qui tournait en rond, devenant moribond à cause de la qualité plus que moyenne de ses ténors, il a su lui donné une certaine élégance, le tout doté d’une violence extrême inhérente au genre pratiqué. Exilium débute par Enumah elish , sorte d’introduction symphonique grandiloquente, surplombée de cœur religieux, lorgnant fortement vers DIMMU BORGIR et qui a pour mission de planter le décor. L’agression sonore démarre réellement avec Apsu dethroned qui place la barre très haute. Nous sommes comme plongés dans un tourbillon sonore, tournant à une allure infernale, avant de nous rejeter dans un monde parallèle obscur, inquiétant, violent où plane une forte odeur de cadavre en putréfaction. Ce morceau montre tout le savoir-faire de NOCTEM, avec un "black-metal" à la MARDUK, des mélodies guitaristiques sous-jacentes très typées nordiques, break "death-thrash" façon lancé de parpaing et, la voix de Beleth qui confère à l’ensemble, un aspect dérangeant et cruel.

NOCTEM ne se contente pas d’un tabassage en règle puisque, comme pour Apsu dethroned, de nombreuses compositions sont dotées d’une alternance rythmique qui annihile immanquablement tout type d’ennui comme Namtar’s crown, Eidelon, Halo of repugnance ou le fabuleux The rising horns qui résument parfaitement l’essence de NOCTEM. L’atmosphère est étouffante mais heureusement, quelques solos lumineux, ici ou là, nous laisse l’illusion d’une survie hypothétique. Mais c’est sans compter sur les chants religieux (Apsu dethroned, la fin de Namtar’s crown ou Enumah elish) qui donnent à l’ensemble une dimension mystique et, le chant lyrique féminin, type "chant des sirènes" (Halo of repugnance et Egregor) dont nous deviendrons inexorablement prisonnier.

La force de NOCTEM est de laisser des espaces de respirations salvateurs comme si le groupe souhaitait maintenir en vie son auditeur, afin de le voir souffrir le plus longtemps possible, avec des passages acoustiques sur The rising horns, Halo of repugnance, Eidelon, le début de The adamantine doors, et surtout l’interlude Egregor. Celui-ci, judicieusement placé, fait d’abord penser à Fade to black de METALLICA, mais il est bien plus que cela, nous avons l’impression d’être sur le Styx, dans une barque nous emmenant directement aux enfers, et, en entendant les cris et hurlements, nous savons que nous allons être sévèrement châtiés. Plus qu’un interlude, cette pièce musicale enfonce complètement le clou en nous précipitant encore plus dans cette ambiance morbide.

Côté musiciens, rien à redire non plus, ils sont tous au taquet avec une mention spéciale à Darko, qui semble être le fruit d’une expérience génétique entre une pieuvre et une mitraillette, tant ce dernier maîtrise parfaitement les changements de rythmes. La production est également au diapason, tous les instruments sont parfaitement audibles, précis, elle est chaleureuse et humaine, donnant cette élégance à l’ensemble. Si j’étais tatillon, je dirai que le bémol de Exilium est le titre The splint of destinations qui, certes, monte crescendo, mais à la mélodie trop prévisible.

Il y a des baffes qu’on ne voit pas arriver et, Exilium est de celle-ci, NOCTEM a pensé son art dans les moindres détails. Exilium, s’il est bien travaillé par Art Gates Records, pourrait permettre au groupe de franchir un cap, surtout que les "stars" du style ne sont devenues que l’ombre d’elles-mêmes. NOCTEM possède ce "truc" en plus inexplicable et, Exilium ne comporte que très peu de faiblesse, ne laissant aucune place à la lassitude ou à l’ennui.

Du grand "black art" !!

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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