Diabulus in Musica – Argia

Dans un univers comme celui du metal symphonique, difficile de trouver grâce auprès des amateurs du genre, notamment avec des ténors de la trempe de Nightwish, Therion ou Within Temptation se partageant des parts de lions, et ne laissant aux autres que les miettes. Formation espagnole, Diabulus in Musica est partie intégrante de ces seconds couteaux, aux côtés d'autres tels Xandria, Edenbridge, Visions of Atlantis ou Holyhell. Pourtant, Secrets et The Wanderer ne sont pas des disques dénués de qualités et, si l'on y regarde bien, la réputation de ce quintette commence, au fur et à mesure, à grandir. Mais il est temps pour eux de passer à la vitesse supérieure et de prouver qu'ils peuvent livrer un travail à la hauteur de leurs ambitions. Pari réussi avec Argia ?

L'emprunte du combo reste tout à fait identifiable, bien que la recette puisse évoquer d'autres noms bien connus dans le genre. Que ce soit les nombreux chœurs ou la présence d'une voix death, plusieurs éléments viendront sonner comme un relent d'Epica. Cependant, avec ce disque, le groupe commence à montrer une personnalité bien plus affirmée, à marquer une véritable identité et à trouver une empreinte, un son bien à eux. Point d'originalité au rendez-vous, mais une qualité d'exécution nettement plus importante qu'à l'accoutumée, et, surtout, des idées à foison, parfaitement retranscrites en musique et aidant ainsi les jeunes musiciens à délivrer une œuvre qui se classe nettement au-dessus de la moyenne. Diabulus in Musica ne souhaite plus jouer les groupes de deuxième ordre, et leur volonté d'affirmation est un ravissement pour les oreilles.

Il faut déjà noter que Zuberoa Aznárez, frontwoman de la formation, n'a jamais aussi bien chanté, et maîtrise sa voix à merveille. Son timbre est chaleureux et accompagne l'auditeur sans peine au travers d'ambiances très diversifiées. Mention spéciale, par ailleurs, à de superbes envolées lyriques sur les pistes « Encounter at Chronos' Maze » et « Healing », prouvant que l'espagnole se classe parmi les meilleures du metal symphonique. Les interventions du growl sont, en revanche, plus dispensables. Sans être franchement mauvaises, elles paraissent plutôt quelconques, et ne marqueront pas réellement les esprits. Ceux qui, de leur côté, laissent leur emprunte sur Argia sont les invités de marque : Ailyn (Sirenia) et Thomas Vikström (Therion). La première pousse la chansonnette sur une piste écrite entièrement dans la langue maternelle des deux intervenantes. En plus d'une composition efficace et accrocheuse, les chants se complètement très bien. Mais Thomas, lui, chantera dans un registre bien plus proche de l'opéra en compagnie de la jeune espagnole sur « Encounter at Chronos' Maze », pour un titre sombre et lourd, qui fait mouche immédiatement.

Diabulus in Musica

"Diantre Zuberoa, vous avez encore laissé trainer votre ancre sur le photoshoot!"

Seuls deux titres se révéleront moins convaincants. « Inner Force » est un single manquant de panache et à la mélodie un peu simpliste, qui ne retiendra pas vraiment l'attention, d'autant plus que le quintette est en mesure de délivrer bien mieux. De même, « Eternal Breeze » est un peu traînante et se laisse facilement oublier, manquant d'une mélodie bien ficelée, de saveur tout simplement. Succédant à l'interlude mystique « Sed Diabolus » qui nous laisse sur l'attente d'un morceau grandiose, la déception n'en est que plus grande. A contrario, ces incidents fâcheux mis à part, il y a de quoi se rassasier. « Healing » est la pièce maîtresse de l'offrande, atteignant six minutes, mais sans vide ni ennui. Le refrain claque, les moments forts nombreux, l'ensemble en devient ainsi intense ! L'opener « From the Embers » n'est pas en reste et permet de démarrer sur les chapeaux de roue, tandis que « Maitagarri » ou « Spoilt Vampire » nous laissent apercevoir une facette plus sombre mais tout aussi inspirée. Il faut noter la cadence relativement emballée des titres pour le genre qui nous concerne, et cette énergie dont les espagnols font preuve aide grandement à écouter tout cela d'une seule traite.

Argia est la meilleure réalisation de Diabulus in Musica qui montre ici un grand talent, bien au-delà d'une grande partie de ses concurrents. Le talent est là pour entrer dans la division supérieure et briller de milles feux. Ne manque qu'un peu d'expérience et une renommée plus importante à ce jeune groupe, et c'est bien là tout ce qu'il est possible d'espérer pour eux.

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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