[NTERVIEW] Ben, guitariste de Die On Monday

Une interview du guitariste  de Die On Monday, Ben, ex-AqME, sur le groupe et son actualité tout d'abord, mais aussi sur l'évolution des conditions de l'activité de musicien professionnel. Un jeu inhabituel dans le cadre d'une interview promo auqueil il s'est prêté de bonne grâce, et je l'en remercie.

Alors pour commencer, tu peux me refaire un historique, redire comment ça a commencé, c’était en 2007 ?

Ah non. 2007, attends… Si t’as peut-être raison, fin 2007, mais là c’étaient vraiment les balbutiements, moi j’ai commencé à jouer quelques riffs avec Guillaume, le batteur, qui à l’époque était encore dans COMITY et moi encore dans AQME, on a commencé à élaborer quelques riffs, ensuite on a fait écouter ça à Toni, ça lui a plu, il a voulu être chanteur, c’est parti comme ça, et quelques mois après y a Vincent qui nous a rejoints.

Et donc ça a commencé comme une histoire de copains ?

 

Ben au début on savait pas trop ce que ça allait donner, mais moi j’ai pas pour principe, quand je m’investis dans un projet c’est pas pour le faire par dessus, le bras, l’épaule ou la jambe, comme tu veux (rires), je vois pas vraiment l’intérêt de faire un disque ou quelque chose comme ça si c’est pour ne pas le faire pleinement, vu que c’est déjà une chance. J’ai jamais vraiment été dans le trip side-project un peu blague, ça m’a jamais branché.

Pourtant, les autres sont encore dans d’autres groupes, toi à l’époque tu étais encore dans AqME…

 
Ouais mais déjà à ce moment-là je faisais plus exactement la musique que je voulais dans AqME, du coup j’avais envie d’un projet où je pouvais faire exactement la musique dont je rêvais. Et puis la rencontre avec Toni, enfin je le connaissais déjà depuis 10 ans, mais je l’avais jamais vu en tant que chanteur, et une fois que j’ai commencé à bosser avec lui je me suis rendu compte que c’était le chanteur dont j’avais toujours rêvé, j’avais vraiment envie de composer plein de trucs pour lui, et du coup c’est parti comme ça.

Oui parce que ce qui est un peu étonnant aussi c’est que le style de Die On Monday est assez différent des formations avec lesquelles vous vous êtes faits connaître…

Ouais bien sûr, mais le truc, c’est que quand tu montes un projet, avant, quand t’es un peu plus jeune, etc, tu te lances dans un style, et après, tu te dois de respecter un petit peu le style de ton groupe quoi, tu vois au début t’as posé des bases, et tout, tu te dois de respecter le style de ton groupe quoi. On n’aurait pas pu faire ça, ENHANCER c’est pareil, ils auraient pas pu faire du Die On Monday, c’est une évidence ç’aurait été ridicule, pareil pour VEGA, pareil pour AqME, on avait des identités différentes avec nos groupes, et on n’aurait jamais pu évoluer vers ce style de musique.

 

Donc là c’était l’occasion de laisser s’exprimer d’autres influences ?

 

(hésitant) Ouais, puis comme je t’ai dit c’était faire exactement la musique que je voulais, et c’est vrai que j’ai rapidement pris plus de plaisir avec Die On Monday qu’avec AqME qui eux ont évolué vers un style métal plus méchant, et ça me correspondait pas trop en fait.

 


Un autre truc surprenant c’est le chant de Toni, parce qu’avec ENHANCER c’est vachement plus énergique, alors que là il s’avère très mélodique. C’est quelque chose qui t’a surpris ?

 

Non, en fait il avait une formation avant ENHANCER, j’avais jamais écouté mais je savais qu’il était capable de chanter, et donc on a discuté, et on a pas mal de connivences, du coup j’ai pas été surpris de voir ce dont il était capable. Après ce qui me faisait plus peur, et il a mis du temps d’ailleurs à affiner son style, c’est qu’il ait des réminiscences d’ENHANCER, de ce qu’il faisait avec eux, et puis ça s’est estompé hyper vite, plus vite que ce que je pensais, y avait plus aucun truc qui faisait penser à ENHANCER. C’est un tout autre boulot qu’il doit faire avec Die On Monday, il est le seul chanteur, il est tout seul devant, faut chanter, ça n’a rien à voir. Mais c’est un mec qui a beaucoup d’expérience, il sait très bien chanter et je l’avais déjà remarqué.

Et niveau influences, à priori ça s’est bien passé aussi entre vous ?

Ouais, on a tous des groupes sur lesquels on se retrouve, et puis… Disons qu’il y a des groupes, des styles qu’on apprécie chacun un peu plus, qui correspondent un peu mieux aux personnalités des gens, c’est à dire que Guillaume il a ce côté un peu pop, WEEZER, et toutes ces choses-là, que j’aime aussi, mais c’est vrai que je préfère des groupes comme SOUNDGARDEN, ou ALICE IN CHAINS, ou ce genre de choses, et voilà, on se retrouve sur pas mal de trucs tout en ayant nos petites préférences. Après on n’a pas de grosses différences de goûts non plus quoi.

Vous avez commencé par mettre deux démos en ligne sur le net, ça vous a permis d’avoir un retour ?

 

Non, c’était juste histoire de dire qu’on existait. On savait que c’était pas encore terrible et qu’il y avait encore du taf, c’était juste pour dire qu’on existait, et envoyer un petit signal.

 


Donc c’est plus le fait que ça ait fonctionné entre vous et qu’il y ait une alchimie qui vous a poussé à continuer ?

 

Ben une fois qu’on a eu quelques morceaux entre les mains, c’est là qu’on s’est dit « là on tient un truc ». On a composé « What you want ? », je pense que cette chanson a été le déclic pour le style de l’album, là on s’est dit ça y est, on a à peu près la voix qu’on veut, avant on a tâtonné avec des morceaux un peu plus pop, d’autres qui étaient un peu plus métal, et quand on a fait ce morceau-là on s’est dit voilà, ça c’est le bon équilibre pour nous.

Parce que l’album sonne assez brut de décoffrage, assez naturel, je saurai pas trop comment te dire ça, mais on dirait qu’il coule de source…

 
Bah je te remercie c’est cool, parce que c’est vraiment l’impression qu’on voulait, on voulait pas que ça sonne forcé ou un peu cliché, je pense que c’est ça que tu ressens, ouais on a vraiment bossé là-dessus, on voulait pas qu’on se dise « tiens là ils font le passage machin, là ils font le passage truc, tu vois ? Toutes les chansons, déjà on a fait une grosse sélection de morceaux, on en a pris 10 sur 17, peut-être 18, donc les 7-8 autres on les a quand même pas mal travaillées, on les a pas mal jouées, pour au final les jeter. Il y a vraiment eu un gros travail sur la sélection pour choisir ceux qui nous paraissaient les plus naturels et les plus « logiques ». Dès qu’on avait un mauvais pressentiment sur un morceau, on l’a balourdé.

 

C’est aussi l’impression que j’ai eu, on sent qu’il y a un groupe, et pas 4 mecs qui jouent ensemble.

C’est vrai aussi qu’on voulait éviter le côté un peu premier album, ou ça se cherche un peu, on n’a pas le droit, on savait qu’on était un petit peu attendus, donc on n’a pas vraiment le droit à l’erreur à ce niveau-là, qu’on pouvait pas faire un premier album comme tous les jeunes groupes qui font leur premier album, parce qu’on est un jeune groupe, mais un jeune groupe composé de vieux musiciens (rires) avec une certaine expérience.

Et alors parle-moi un peu du mastering, vous avez cassé votre tirelire là, vous êtes allés à Abbey Road (mythique studio des beatles, mais est-il nécessaire de le préciser ?) ?

Enfin c’est XIIIbis, notre label qui a cassé sa tirelire (rires), ouais c’était vraiment très cool, ils nous ont dit qu’ils connaissaient un petit peu, qu’ils avaient des plans là-bas, qu’ils avaient l’habitude de bosser avec eux, du coup on a regardé le catalogue des ingés mastering qu’ils avaient là-bas, et on a vu les références et on a pleuré quoi, on a trouvé ce Steve Rooke qui avait des références de malade, on a dit ben lui c’est possible ? et on a tout fait avec lui.

J’imagine que ç’a été assez agréable, déjà d’aller là-bas, parce que je suppose que t’as dû y passer un certain temps ?


Carrément, quand tu fais de la musique depuis un certain temps, tu cherches aussi à profiter. C’aurait été sympa aussi de masteriser à La Source à Paris, mais on y serait allé en métro (rires) Là on a pris l’Eurostar, on est allé à Abbey Road, on est là pour le plaisir.


Et alors pour l’instant les concerts prévus sont en France, mais vu que le chant est en anglais vous avez peut-être envie de vous exporter un peu ?

Ouais tout à fait. Déjà la signature avec XIII bis c’est pour toute l’Europe, donc on va faire les sorties les unes après les autres dans tous les pays.


Parce que toi avec AqME ça chantait en français, Toni avec ENAHNCER pareil, je suppose que là c’est pas évident de trouver des dates à l’étranger ?

Ouais c’est clair que c’est pas évident. Mais y a quand même une possibilité. J'étais déjà allé au Québec quand même, j’espère qu’on y retournera, à priori oui, déjà on a une sortie de disques au Québec, ah ouais sur tout le Canada même, donc à priori je pense que j’y retournerai, enfin on verra.


Ouais parce que XIII bis ça a pas mal évolué, au début ça ne s’occupait que de distribution, maintenant ils ont passé des partenariats pour l’Europe, toi qui as pas mal d’expérience dans le milieu, vu qu’à la grosse radio on s’intéresse aussi à comment ça se passe pour les artistes aujourd’hui, tu connais bien la situation, le rôle du label a-t il évolué ou c’est le même ?


Non ça a pas évolué, évidemment parce qu’avant, ils généraient beaucoup plus d’argent pour moins de travail fourni, donc, je sais pas comment expliquer, mais du coup le buisness est différent c’est sûr.

 

Mais du coup c’est vous qui reprenez une certaine part du boulot ?

 
Bah, oui et non, on a toujours été dans des formations qui étaient connues, mais pas non plus des formations qui ont vendu des millions, donc j’imagine qu’on avait plus de facilités qu’un groupe qui aurait le même succès que nous aujourd’hui, parce qu’on vendait plus de disques, mais pour en revenir au travail des maisons de disques, elles font le même boulot, sauf qu’au lieu de vendre 5000 disques, elles vont en vendre 2000… Je te dis un chiffre au hasard, mais je crois que c’est ça le ratio, - 60%, donc du coup y a moins de sous, les dépenses se font différemment, mais c’est pour tout le monde pareil, et puis faut vivre avec, le format disque va disparaître, faut vivre avec, la musique continuera. C’est une transition qui est pas sympa à passer, parce que personne n’a envie de changer ses petites habitudes, mais faut reconnaître que ça va avec l’air du temps, les gens ont moins de places chez eux…

Oui et puis la jeune génération a pris l’habitude d’écouter de la musique sur ordinateur plutôt que sur une chaîne


Voilà, on va pas revenir en arrière et se balader avec un baladeur et une mallette de Cds, faut arrêter l’hypocrisie aussi quoi. Mais, je pleure pas sur mon sort de musicien. Evidemment c’est plus dur, évidemment on roule plus sur l’or, mais faut arrêter de pleurer là-dessus quoi, c’est comme ça. C’est pas en passant des heures à chouiner sur le fait qu’on gagne moins d’argent que ça va changer les choses. Je pense qu’il faut plutôt chercher des solutions en se faisant à l’idée que le disque c’est fini.


Et tu as une idée sur une autre façon de proposer de la musique au public, plutôt que de balancer brutalement le Cd dans le bac ?

Ben la solution passe par Internet, après comment se faire rémunérer au lieu de se le faire piquer, ça je sais pas malheureusement. J’aimerai bien avoir trouvé.


Sinon j’avais vu dans une vieille Interview quand tu étais encore dans AqME il y a 3 ans, que tu disais qu’il était plus difficile de trouver des dates. Tu sens une différence avec ce que tu as connu ?

 

Ouais si tu veux c’est l’effet boule de neige,  les gens n’achètent plus de disques, donc ils sont moins au courant de ce qui se passe en musique, donc ils vont moins en concert, tu vois le délire ? Et puis après les gros artistes, ceux qui blindent encore les salles, eux ils montent le prix des billets, les gens ils vont voir 3 gros concerts à 70 euros par an au lieu d’aller voir 3 gros concerts et quelques petits. Et puis les gens aiment bien tout ce qui est package, je crois que les festivals n’ont jamais aussi bien marché, mais payer 1 euros pour un groupe ou deux ils veulent plus quoi. Mais c’est le cas de tout le monde, moi aussi j’ai moins d’argent, je vais moins en concert, j’achète moins de Cds, voilà. C’est dommage, mais les concerts, la musique, je pense pas que ça va mourir comme ça. Ce dont tout le monde avait peur c’est qu’on finisse par jouer devant des webcams… Par contre, je pense qu’il faut qu’ils arrêtent de supprimer tout ce qui est bien, enfin bien, tout ce qui est marrant et subversif quand on va à un concert, les gens ont plus le droit de fumer, y a des salles où t’as plus le droit de boire une bière, après ce sera quoi l’intérêt d’aller à un concert ? Autant regarder le concert sur Internet sinon.


Et pour finir, vos projets, outre les dates déjà annoncées c’est partir en tournée dans les pays environnants, y a déjà des pistes à ce niveau-là ?


C’est un peu trop tôt, je préfère pas en parler parce que rien n’est fait, mais on essaye de se rapprocher de groupes étrangers, mais là je préfère pas t’en parler parce que…

Parce que pour l’instant rien n’est sûr

De toutes façons ce genre de plan rien n’est sûr jusqu’à quelques jours avant (rires)

Ok, merci bien alors !


Merci à toi, c'est cool de parler de nous !

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