Lantlôs – Melting Sun

On dit souvent que pour continuer sa carrière, un groupe doit savoir évoluer, prendre des risques, faire ce qui lui plait sans rester cantonné dans un style pour faire plaisir aux fans. C’est visiblement la voie qu’a choisi d’emprunter Markus “Herbst” Siegenhort, la tête pensante de Lantlôs, pour ce nouvel album de sa formation. Déconcertant ? A moitié, car si les fans de la première heure et de l’album .neon seront forcément désorientés, on ne peut s’empêcher de mettre en parallèle l’évolution des allemands avec celle d’Alcest, quelques mois seulement après la sortie de Shelter de ces derniers. Encore plus quand on sait que Neige, la tête pensante bien connue du combo français est un ex-membre de Lantlôs, les deux groupes évoluant depuis quelques années vers un radoucissement radical de leur style.

Lantlos, shoegaze, Herbst, Melting Sun

Une chose est sûre : les allemands aujourd’hui ne jouent plus dans le domaine du black metal, mais poussent leurs expérimentations musicales beaucoup plus loin en accordant une part importante au shoegaze. Ceux qui avaient pris peur en découvrant en avance le single « Melting Sun I : Azure Chimes » peuvent aller se rhabiller : il s’agit du titre le plus heavy de l’album !  Mais malgré cette réticence qui surgira forcément chez certains, l’album en lui-même mérite qu’on y jette une oreille : L’atmosphère planante, les compositions à fleur de peau de Herbst et la finition globale des chansons qui donnent l’impression d’un album pensé et travaillé longuement plaident en sa faveur.

Contrairement à Alcest, Lantlôs n’abandonne pas les guitares distordues, ce qui permet au son de garder ce côté heavy et sombre qui fait la marque de fabrique de bon nombre de groupe de post-black metal. Le multi-instrumentiste Herbst a eu l’intelligence de faire appel à un batteur de session, Felix Wylezik, pour l’épauler, ce qui donne à la batterie une profondeur et une force appréciable, surtout quand on sait que certains n’ont pas de scrupules à se contenter d’une boite à rythmes. Les autres instruments ne se font pas éclipser par la guitare et restent audibles, notamment la basse et le clavier qui forgent par exemple une intro entêtante dans « Melting Sun IV : Jade Fields ». Le chant est maitrisé et la voix particulière de Herbst qui peut déconcerter de prime abord parvient petit à petit à séduire l’auditeur.

Outre celle déjà évoquées précédemment, on peut distinguer d’autres influences dans la musique de Lantlôs, notamment islandaises. L’intro de « Melting Sun III : Aquamarine Tower » possède un petit côté Sigur Ros, alors que certaines accélérations plus metal font penser à Solstafir. Toutes ces influences se fondent plutôt bien avec le peu de choses qu’il reste de l’ancien Lantlôs.

Le problème de ce Melting Sun est finalement un problème auquel sont plus ou moins confrontés la majorité des albums du genre : il divise. Entre ceux qui vont crier au génie et ceux plutôt partisans de l’opinion « C’est plat, c’est fade, c’est chiant. », rester objectif est vraiment difficile, et chacun se fera son opinion au sujet de cet album. Il faut malgré tout bien reconnaitre qu’on ne s’ennuie pas à son écoute. Les allemands ont eu la bonne idée de ne pas faire durer le plaisir trop longtemps : 40 minutes (ou 45 selon l’édition), c’est suffisant pour nous charmer et éviter à l’ensemble de tirer en longueur.

L’ensemble, parlons-en, c’est sans doute ce qui séduit le plus ici. L’auditeur est face à un vrai album concept. Les titres, tous intitulés « Melting Sun » semblent n’être que des parties d’une seule et grande chanson, à la manière d’un 2112 de Rush. L’artwork magnifique fait écho aux compositions, en réussissant à nous plonger dans l’atmosphère parfois légère, parfois pesante que Markus Siegenhort cherche à créer.

Malheureusement, on a parfois le sentiment que cette atmosphère, le multi-instrumentiste allemand l'invente pour lui tout seul, avec des desseins incompréhensibles du commun des mortels. Ce sentiment reste assez limité pour ne pas gâcher l’écoute, mais on se demande franchement, par exemple, l’utilité d’un interlude comme « Melting Sun V : Oneironaut » dans un disque déjà assez aérien.

Malgré ce petit défaut, on peut donc dire que l’évolution de Lantlôs est réussie à travers cette sortie, qui risque sûrement de diviser, mais également de gagner sa place comme un incontournable chef-d’œuvre chez certains. 
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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