Pryapisme (+ Hardcore Anal Hydrogen) au Klub (28.05.2014)

Chatpocalypse au Klub
 

Mai 2014. Le Klub est sur le point de recevoir entre ses murs un évènement : Le Catpocalypse Tour, avec deux groupes complètement fous de l’excellente maison de disque française Apathia, j’ai nommé Pryapisme et Hardcore Anal Hydrogen. Ils évoluent dans des registres assez différents, mais se regroupent sous la bannière du métal extrême dérangé. Pour les accompagner, il avait E-core, trio à la musique inventive qui collait parfaitement à la tonalité de la soirée. Le tout était de savoir si ces groupes allaient assurer sur les planches. Et dieu, le résultat a dépassé les espérances les plus ambitieuses !

E-core
 


Ce qui frappe à l’écoute de E-core, c’est la maîtrise instrumentale de ses protagonistes. Nous sommes en présence d’un trio de musiciens chevronnés, qui savent envoyer la purée quand il faut, pour ensuite lever le pied et sortir des passages planants et psychés à la « On The Run » de Pink Floyd. Les compositions sont, dirons nous, d’un rock progressif de haute volée, mais qui arrive à ne pas rester cantonné dans le passé, pour incorporer les palettes de sons modernes comme le chiptune ou le vocoder. Et ils le font bien, ça sonne !
 

E-core, le Klub, Paris, 2014,


E-core arrive donc aussi à distiller des passages bien lourds, un peu comme King Crimson le faisait à l’époque. Ils réussissent cependant à avoir un côté un peu plus accessible et moins élitiste que peut avoir parfois le genre, ce qui est plutôt agréable. Malgré la superposition des couches d’instruments, le groupe parvient à rester cohérent et accrocheur. Le son est par ailleurs plutôt bon pour une première partie, le genre de faux détail qui change tout !
 

E-core, live report, 2014, Paris, le Klub,


C’est pour ces raisons qu’on est un peu déçu de les voir partir au bout d’à peine plus d’une demi-heure. E-core aura parfaitement réussi son boulot et pari de groupe d’ouverture, en délivrant une performance énergique, maîtrisée et avec ce qu’il faut d’expérimentations pour être dépaysé. A découvrir !

 

Hardcore Anal Hydrogen

Avec un nom comme ça, on peut dire que le ton est donné d’avance. Mais on aurait tort d’être rebuté par cette dénomination qui n’inspire pas forcément confiance, car la formation a de la suite dans les idées. Malheureusement, ce soir-là, le chanteur n’a pas pu être présent, et c’est donc en trio guitare + basse + batterie que Hardcore Anal Hydrogen va monter sur scène. Pourtant, en dépit de ce handicap évident, le groupe a donné un concert survolté et bourré d’adrénaline !
 

Hardcore Anal Hydrogen, 2014, Paris,


Nos amis amateurs d’anal délivrent un mélange de grindcore, death métal et des éléments glanés ça et là évoquant Meshuggah ou Mister Bungle. Encore une fois, les musiciens sont des tueurs dans leur domaine respectifs, et ils le confirmeront tout au long de la performance. A la gratte, Martyn Clément envoie des riffs de boucher, qui sont soutenus avec maestria par la section rythmique pour le moins impressionnante, particulièrement à la batterie. A ce titre, on retiendra la phrase lâchée avec fermeté par l’ingé-son du Klub, qui, soit dit en passant, a assuré comme un chef tout au long de la soirée, et qui en dit long sur le marteleur Damien Salis  : « Je sens beaucoup de personnalité dans sa frappe ». 

Hardcore Anal Hydrogen, 2014, Paris, le Klub,

Entre deux passages violents, on entend des samples de flûte, qu’on retrouve sur leur excellent dernier album the Talas of Satan, et on se demande si le chanteur en aurait joué s’il avait été présent… Enigme qui trouvera sa réponse à un prochain concert. En tout cas, Hardcore Anal Hydrogen prouvent qu’ils n’ont pas besoin de chanteur pour déboîter des cervicales en série, ce qui relève de la gageure en métal. Et c’est sans aucun doute la marque d’un grand groupe. A découvrir ! (bis)
 

Pryapisme

Ca y est, c’est au combo de Clermont Ferrand de monter sur les planches. Pryapisme est typiquement le genre de groupes qui, lorsqu’on les écoute sur album, appellent cette question à la bouche : « Euh, par contre, ils font comment en concert ? » Nombre de formations jouant une musique complexe ou alambiquée s’aident de samples ou reposent sur du matériel tellement sophistiqué qu’il sert presque de béquille virtuelle, donnant à la musique un côté factice assez décevant. Mais il n’en est rien avec Pryapisme. Tout est joué live, sans bandes, tout repose sur la maîtrise des musiciens, qui est, objectivement, très impressionnante.
 

Pryapisme, 2014, live report, Paris, le Klub,


En gros, dites comme que c’est comme sur album. Mais avec l’énergie du live, et un son beaucoup plus organique et chaud, ce qui est d’ailleurs assez appréciable, et révèle les deux faces d’une même pièce. On a droit aux pièces monumentales que sont « un druide est giboyeux lorsqu'il se prend pour un neutrino » , « j’ai envie de te claquer » ou encore « Lesbian Bordello ». Les riffs fusent, les claviers chantent, la batterie claque, et le tout est d’une puissance rarement observée en concert.
 

Pryapisme, live report, 2014, Paris, le Klub,


Entre les morceaux, c’est Nicolas Sénac qui se charge de parler au public, et lui permet de se reposer le cerveau avec quelques blagues bien senties. Mais c’est à chaque fois un calme qui annonce une tempête de notes, d’idées de compositions plus inventives les unes que les autres, le tout avec une maîtrise du son qui force le respect. Bien qu’instrumentale, la musique de Pryapisme est tellement dense qu’il est difficile de s’ennuyer, pour peu que l’on entre dans leur univers. Et quand c’est fait, pas besoin de psychotropes, il suffit de laisser leur musique faire effet.
 

Pryapisme, 2014, live report, Paris, le Klub,


Et nous touchons déjà la fin de ce concert hors normes, avec un morceau qui est peut être le plus accessible de Pryapisme :  « Darkness Lobotomy Insurrection », pièce de black métal très efficace, qui prouve que la formation sait aussi aller vers plus de simplicité quand c’est nécessaire. Encore une fois, à découvrir absolument, et particulièrement sur scène.

Si on fait le bilan de la soirée, on se rend compte qu’il est extrêmement positif, car les trois groupes ont été du très bon à l’excellent, avec chacun une personnalité bien affirmée tout en gardant une certaine cohérence sur l’affiche. Encore une très bonne soirée au Klub.

Setlist :

Un Druide est Giboyeux lorsqu'il se prend pour un neutrino
Boudin Blanc et Blanc Boudin
J'ai envie de te claquer
Suppozitorium Granifujnikoi ?
Lesbian Bordello
La Notion de chiralité de spin et d'oscillation de saveur des particules supersymétriques
Je suis venu J'ai vu J'ai sagouinu
La Nuit sur le Mont Chauvelu [Mussorgsky cover]
Darkness Lobotomy Insurrection

Reportage par Tfaaon

Photos et vidéo : Arnaud Dionisio / © 2014 Deviantart
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

 

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