Deep in Hate – Chronicles of Oblivion

Chroniques de la Haine Ordinaire
 


On pourrait presque croire à l’une des dépêches qui ont fait fureur au cours de l’année 1986 sur France Inter, telles que « Dieu n’est pas bien », « Bestiaire » ou encore « Cancer », mais en dépit des similitudes, ce n’est pas à Pierre Desproges que l’on doit ces chroniques là, aujourd’hui : Deep In Hate est un groupe francilien qui œuvre depuis 2004 dans l’un des créneaux les plus noirs et les plus extrêmes de la sphère metal. Cocktail détonnant coupé cependant (non à l’eau, mais à quelque breuvage plus intense) avec une technique redoutable et des changements de tempi & d’ambiances radicaux. Récemment aperçu en première partie d’Arch Enemy (lire notre chronique du live à Rouen ici), il nous présente ces jours-ci son tout nouvel album.

Troisième effort discographique du groupe, qui se réclame volontiers d’appartenance au style « brutal deathcore », Chronicles Of Oblivion instaure, dès la découverte de l’artwork (signé Above Chaos, à qui l'on doit l'artwork du Hellfest entre autres) et l’introduction, une rumeur de monde industrialisé et déshumanisé à la Metropolis (de Fritz Lang). Le premier titre, « Genesis Of Void » aux samples très Fear Factory-iens, étale d’emblée la patente du groupe : alternance de passages rapides d’une grande précision, et de breaks pachydermiques. Le chant d’outre-tombe surprend par son étendue – pas loin de deux octaves d’écart entre certaines parties, quand même – et ajoute aux changements récurrents d’ambiance. « The Cattle Procession », « New Republic », ou « The Unheard Prayers » par exemple, dévoilent des soli et unissons de guitare qui confirment l’impression que, contrairement à pas mal de formations officiant dans le même style, chez Deep In Hate il y a de vrais riffs et de vrais thèmes : ultra-précises, les guitares (guitare basse incluse) possèdent en outre un son très soigné, et l’on sent que chaque partie a été étudiée séparément, afin de tenter de donner le plus de corps possible à l’ensemble.

A la batterie, c’est Nicolas Bastos (connu pour l’Esprit Du Clan, pour son escapade au sein d’Aborted, mais également pour son implication pluridimensionnelle au sein de la scène) et il faut saluer, en dépit des références citées, le côté non-ostentatoire de sa prestation ici : un jeu tout à fait challenging pour les amateurs de batterie, mais qui sait se mettre au service du propos dispensé tout au long de ces Chroniques. A mi-chemin entre triggé / synthétique et aspect paradoxalement organique, le son de batterie sait calquer parfaitement sur la passerelle stylistique établie entre monde robotisé et humanité en latence. Il en va de même pour la production, qui s’avère de fort bonne facture, et réussit un équilibre parfait entre prod locale et grosse prod étrangère.
 

Retraçant les chroniques d’un monde post-apocalyptique, les paroles explorent en filigrane les thèmes de la désolation et de l’asservissement de l’homme au service d’un œil unique (qui ferait bien plaisir à JRR Tolkien). Narrateur omniscient pour un nihilisme assumé, le mode d’écriture est ici impersonnel, et le récit procède par le truchement d'images. Instillant le sinistre constat d’un monde désabusé, sans émotions et sans désirs, la trame narrative n’est cependant pas dépourvue d’une certaine dimension apocryphe qui instaure un côté un peu plus mystique que sur du death conventionnel. On table ici sur un parti-pris à la Marduk : la destruction comme préambule et condition indispensable à la reconstruction d’un monde sur des bases meilleures. Ouverture que semble suggérer par ailleurs le dernier titre, « Beyond ».

Résolument bien plus taillé « live » dans sa conception, et délaissant ainsi quelque peu les affinités progressives de l’album précédent (Origins Of Inequality, 2011), il est à souligner que le soin de la production de Chronicles Of Oblivion a été confié à Julien Delsol, qui se trouve n’être autre que le premier chanteur du groupe, mais également leur ingé-son live. L’esprit compact et d’équipe est donc un des facteurs déterminants qui font de cette nouvelle progéniture une réussite sur bien des plans, et qui pourrait assurément charmer aussi bien les amateurs de la nouvelle vague, que les plus anciens du metal (quelques pointes à la Machine Head ou encore Metallica peuvent se faire sentir ci-et-là). A voir live (notamment au sein des Nuits du Metal de Mennecy à la rentrée) pour l’énergie et la catharsis dispensées. Et gageons que ceux-ci ne sont pas près de tomber dans l’oubli de sitôt !

Liens utiles :

Le site internet du groupe
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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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