Demians – Mute

Il est de ces artistes qui n'ont peur de rien. Ou plutôt qui utilisent leurs peurs, leurs émotions, pour tout oser et ne rien s'imposer venant de l'extérieur. Nicolas Chapel fait partie de ces artistes. Et son projet, Demians, nous offre ici un deuxième opus, intitulé "Mute" et prévu le 28 juin chez InsideOut, totalement personnel, peut-être même un tantinet "égoïste", mais si prenant. Si raffraichissant, dirais-je même...

Tout d'abord, si vous ne connaissez pas le groupe, n'ayez aucune crainte à le découvrir via cette nouvelle galette. Il s'agit ici de quelque chose d'unique et de radicalement différent du premier CD, "Building an Empire", sorti 2 ans auparavant. Tant est si bien que vous serez sur un pied d'égalité vis à vis même des fans connaissant par coeur les débuts du groupe, eux qui ne pourront ainsi se raccrocher qu'à la tonalité vocale d'un Nicolas lui-même quelque peu "changeant" sur ce "Mute".

"Mute", une nouvelle direction musicale ? Oui et non. Car on reste dans le progressif personnel, teinté de rock (cependant quelque peu plus typé US ici et lorgnant même vers le stoner), parfois riffé de metal, dans la lignée de cette large famille composée d'Anathema, Porcupine Tree ou Pain of Salvation. Et ce même si Nicolas avoue ne point être directement influencé par les travaux de ces différents groupes, le français travaillant à sa manière sans se soucier des différentes sorties musicales pour monter ses compositions.

Si "Building an Empire" disposait d'une production léchée et de quelques envolées épiques, ce "Mute" s'avère plus renfermé sur lui-même, plus intimiste, plus personnel encore si cela était possible. Pour comprendre encore plus sa confection, je vous renvoie à l'interview que j'ai réalisée avec Nicolas car, en la lisant, vous comprendrez encore plus sa démarche...

Une question brûlante vient cependant caresser nos lèvres : est-ce que les fans du premier album accrocheront à ce nouveau LP quelque peu différent ? A eux de trouver leur propre réponse, mais s'ils n'ont point peur de se laisser submerger émotionnellement, de se laisser imprégner par les 9 compositions émaillant le CD, nul doute qu'ils apprécieront et qu'ils adoreront. Au diable ici la production, tout sonnant très direct mais aussi très "posé", d'une sincérité inégalée. Non, peu importe car, à partir de là, la musique, via les émotions qu'elle convoque, saura faire mouche.

Demians

On pourra toujours reprocher à cet album de ne pas être écoutable dans toutes les conditions. Planant, rêveur, il est difficile d'accès pour ceux qui attendront une musique énergique et bourrée d'effets. Mais ce n'est ici qu'une question d'approche... Il faut nous-même se mettre à l'écoute et se laisser bercer par les ondes d'un homme orchestre de talent, au génie intérieur à la fois bouleversant et inquiétant sur certaines notes. Et, malgré le caractère inégal de certaines compositions dont on sent parfois "trop" le côté spontané, on retiendra tout de même les brillantes "Overhead" (et son charme oriental à en faire pâlir de jalousie les israéliens d'Orphaned Land) ou la poignante "Hesitation Waltz".

Laissez-vous donc entraîner, pour un voyage allant au-delà de la musique. Pour un album à prendre à part, au-delà des considérations technico-techniques...

Ma note : 8/10



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