Toujours plus loin, toujours plus rétro
Le revival 70’s n’a pas fini de faire parler de lui. Parmi les groupes qui restent dans cette période, voici The Dagger, qui sort en 2014 son premier album. Les musiciens, sortis tout droit de groupes de death metal, rendent ici hommage à Deep Purple, Rainbow et autres Judas Priest. Si les quatre musiciens n’inventent pas le fil à couper le beurre, ils servent un album fort agréable et bien ficelé, avec des influences bien assumées.
Quand le death metal rencontre le stoner. On pourrait ainsi résumer le CV des membres de The Dagger, qui réunit trois musiciens de la scène death old school suédoise, avec des membres de Dismember, Grave et Necronaut et Jani Kataja, chanteur de Mangrove et Sideburn. Ce n’est pas la première fois que le phénomène se produit en Suède, avec des groupes tels que Spiritual Beggars ou The Night Flight Orchestra, qui permettent à des musiciens brutaux de faire parler leurs influences hard rock.
Ici, les influences se situent surtout dans la scène british des années 70. On retrouve sans peine la griffe de Deep Purple, Rainbow, ou encore du vieux Judas Priest tout le long des dix pistes qui forment The Dagger. Le son va aussi dans ce sens, avec des guitares sans trop de distorsion sonore et des rythmiques bluesy à souhait, qui rappellent l’époque où le metal et le rock n’avaient pas encore établi leurs frontières.
Le chant de Jani Kataja va aussi dans ce sens, avec une voix nourrie à la reverb et un phrasé sobre. La voix ne mise pas sur la puissance où le lyrisme, comme le faisaient si bien les Ian Gillan ou Ronnie James Dio, mais reste tranquillement dans les médiums, accompagne la rythmique et monte assez rarement, à part pour le final de "Skygazer". Il sait toutefois se faire juste dans ses interprétations, notamment celle de "Ballad of an Old Man", gorgée d’émotion.
Côté orchestre, Tobias Christiansson et Fred Estby restent à leur place à la rythmique pendant que David Blomqvist s’éclate à la guitare, avec des envolées mélodiques de toute beauté ("Inside the Monolithic Dome"), des riffs accrocheurs ("Skygazer") et d’autres laissant paraître un sentiment d’urgence palpable ("Ahead of you all", "Dark Cloud"). On retrouve peu de fioritures, un orgue par ci ("Ballad of an old Man"), des arrangements acoustiques par-là ("1978") mais le groupe ne s’égare jamais.
Mais ce que The Dagger arrive à faire le mieux, c’est accrocher l’auditeur. L’album ne perd jamais en intérêt le long de ses quarante minutes et chaque chanson possède sa propre personnalité. Tout en restant dans une direction old school, le groupe arrive à jouer la carte de la variété avec des idées toujours mises en valeur et des compos sincères et efficaces. Sans avoir la prétention de réinventer quoi que ce soit, les Suédois s’amusent avec talent et touchent l’auditeur sans jamais rien forcer.