Si on vous dit Kissin' Dynamite, à quoi pensez-vous ? Les plus old school d'entre vous répondront sûrement "une chanson d'AC/DC"... Mais ce n'est pas ici le sujet, puisqu'il s'agit en fait d'un tout jeune groupe allemand qui nous revient cette année avec un deuxième album studio intitulé "Addicted to Metal", sorti 23 mars 2010 chez AFM Records/EMI Music. Très jeune groupe allemand même... Puisque ce quintet a débuté professionnellement en 2008, ses membres étant alors âgés de 17 à 19 ans ! Les voici donc de retour, atteignant à peine la fringante vingtaine, avec plein d'énergie et un coeur gros comme ça.
En pleine mutation pokémon, Kissin' Dynamite évolue quelque peu après un premier opus "Steel of Swabia" fort bien ficelé mais quelque peu naïf parfois. Un début plus typé hard rock/heavy d'ailleurs, très cliché, alors que cet "Addicted to Metal" vient plus titiller les poncifs du heavy power à l'allemande... toujours aussi cliché par contre, il faut d'emblée le reconnaître. Mais nous voici face à une constatation implacable : nos jeunes cousins germains ont déjà bien maturé et leurs compositions s'en ressentent.
Gamma Ray, Helloween, Edguy, Axxis... sorte de quatuor incontournable (entre autres) du power mélodique local 1990s-2000s, mélangé aux vieux classiques que sont AC/DC, Iron Maiden ou Accept... Tels sont les ingrédients d'un groupe nourri au biberon du hard rock/metal. Et Kissin' Dynamite se metallise, se radicalise, abandonnant quelque peu ces racines chères à Angus Young pour un virage à 45° car certaines attirances pour les 80s persistent tout de même.
Le chant de Johannes Braun, fortement mis en avant sur la plupart des morceaux du CD, se pare de ses plus beaux atours pour rendre hommage à tous ceux qui ont pu lui servir de modèle. De Kai Hansen (la ressemblance est parfois flagrante, la musique s'accompagnant même d'un fort accent Gamma Ray sur quelques mélodies) à Udo Dirkschneider (d'ailleurs invité sur le premier titre éponyme aux paroles on ne peut plus... imagées, voire ridicules diront certains), toute la panoplie y passe et ce sans la moindre casse. Grosse performance vocale parfaitement accompagnée d'un jeu carré et diablement puissant, aux riffs bien réfléchis même si...
... Oui, évidemment, il n'y absolument AUCUNE originalité, mais ce n'était ici clairement pas le but recherché par nos jeunes amis. L'hommage se veut classique mais d'une efficacité totale, Kissin' Dynamite aime le metal et le metal le lui rend bien.
Les hymnes sont donc bien là, déjà incontournables pour certains après une écoute. Les petits se permettent même de déterrer le tube oublié d'un groupe de hard rock américain peu reconnu, la reprise "High Enough" des Damn Yankees alliant ainsi ancienne gloire et fraîcheur naturelle. Ne cherchant pas midi à quatorze heure, les teutounets enquillent avec entre autres un tubesque "Hysteria" au refrain totalement catchy qu'Axxis et papy Hansen n'auraient pas renié (même si je m'avoue perturbé par un pré-refrain qui me rappelle mélodiquement une chanson de Bénabar), "We Want More" et son groove mélodique assez classieux, avant de conclure sur un "Metal Nation" plus dans une lourdeur Manowar-ienne mais constituant une parfaite synthèse du disque et enfonçant le clou. On fera par contre l'impasse sur les tentatives de "mid-tempo ballades" quelques peu mièvres ("Why Can't You Hear Me" en est un bel exemple) et sans effet, seul véritable gros défaut d'un album qui manque même de perdre un peu son souffle sur le coup.
Alors forcément, inutile de le répéter, cela n'apporte absolument rien en terme de "nouveauté musicale", mais on sent ici l'honnêteté et l'envie d'une joyeuse troupe ne se prenant pas vraiment au sérieux (du moins pas toujours), bercée par l'insouciance d'une carrière naissante mais prometteuse. Accusations de plagiats ou autres "ils se sont pas foulés franchement" fleuriront ici et là, mais les progrès sont apparants dans la maîtrise et même dans le "son" ; cet "Addicted to Metal" jouit d'ailleurs d'une production irréprochable dans le genre mettant bien à l'honneur le talent musical de cette novice formation.
Les petiots de Kissin' Dynamite ont donc une nouvelle fois su embrasser un son explosif pour le plus grand plaisir des heavy-power metalleux forcenés. Alors qu'on aurait pu s'attendre à un retour de bâton plutôt douloureux compte tenu de leur jeune âge et d'une première galette de qualité, ils parviennent à prendre le contre-pied d'une critique prête à les remettre en place et ainsi étonner tout le monde. Ces jeunes sont à suivre ; et si l'Allemagne était en quête une nouvelle flamme metal, d'une relève flamboyante, on peut d'ores et déjà l'aguiller dans ses recherches.
Ma note : 7.5/10
La Grosse Page de Kissin' Dynamite
