Crobot – Something Supernatural

Le stoner, c'est à la mode. C'est indéniable. En plus d'un nombre important de jeunes formations pullulant dans le milieu, les labels s'arrachent ces groupes aux sonorités rétro afin de pouvoir compter dans leur catalogue une valeur sûre de la tendance du moment. Nuclear Blast le sait bien, et après des signatures telles Blues Pills, Graveyard, Kadavar ou Orchid, le phénomène n'est pas prêt de s'inverser avec Crobot, désormais nouveau petit protégé de la maison de disque. Seconde livraison longue durée pour le combo, Something Supernatural va devoir faire face à une concurrence très rude dans un milieu où les sorties se sont multipliées cette année. Comment se démarquer face à une telle nuée? C'est tout le défi des Américains.

Par une quelconque volonté de révolution dans le genre?
Que nenni. En composant cette offrande, l'envie d'apporter un brin d'originalité n'était certainement pas la préoccupation première du quatuor, aux influences très marquées. Et en premier lieu Clutch, auquel il est difficile de ne pas penser en écoutant l'opus, tant plusieurs ficelles similaires sont réutilisées dans le disque. Pour autant, dans son approche stoner / rock, Crobot n'hésite pas à distiller pêle-mêle d'autres inspirations plus ou moins flagrantes, mais correctement digérées. Possédant ainsi des réminiscences de Queens of the Stone Age ou encore Kyuss, l'album est orienté vers un public clairement ciblé mais ne tourne pas, fort heureusement, à la copie conforme. Maintenant, les musiciens vont devoir affirmer une identité plus nette, et offrir un son plus personnel s'ils souhaitent réellement passer au premier plan. Il ne suffit pas d'un harmonica sur « The Necromancer » pour y arriver, malheureusement.

Par une qualité d'interprétation au-dessus de la moyenne?
Sur ce point, effectivement, Crobot a plus d'un argument à faire valoir. Déjà, le frontman Brandon Yeagley est un chanteur maîtrisant très bien son organe, capable de s'adapter aux atmosphères sans le moindre mal. Sur l'entraînante « Nowhere to Hide », hymne de la formation, l'Américain est au diapason et adapte ses lignes de chant et son ton à ce rythme rock calibré, mais efficace. Quand les instruments s'adoucissent (« La Mano de Lucifer », « Queen of the Light »), le jeune chanteur sait insuffler l'émotion nécessaire afin de transcender ces morceaux, et donner à l'auditeur un peu de répit. Disposant ainsi d'un organe polyvalent, le combo peut ainsi compter sur une véritable figure de proue. Mais ne se reposant pas seulement sur ses épaules, le reste de la bande assure les arrières. Les riffs sont solides, inspirés, et quelques solos efficaces viennent s'immiscer par-ci, par-là (« Night of the Sacrifice », « Chupacabra »). Ainsi, loin d'être composé de manchots, Crobot sait miser sur la technique, et a bien raison d'en profiter.

Par des compositions exceptionnellement bonnes?
Oui... mais non. Aucune raison d'être mauvaise langue, le groupe sait écrire des pistes de qualité, et ne s'en prive pas. L'opener musclé « Legend of the Spaceborne Killer » en est la preuve. Refrain puissant, section rythmique à l'avenant et interprétation sans failles, voilà une belle façon de fédérer les foules et de mettre tout le monde d'accord. L'ennui, c'est le ventre mou qui s'installe en milieu de parcours. L'ensemble commence à sentir le réchauffé et à présenter un aspect sérieusement redondant qui pénalise Something Supernatural. « Cloud Spiller », « Fly on the Wall » ou « Night of the Sacrifice » ne sont pas de mauvaises pièces, mais prises dans le disque, difficile de se démarquer compte-tenu de ce goût de répétition qui les accables. Les tempos se suivent sans toujours se ressembler, mais bien qu'utilisant des ficelles différentes, le groupe ne parvient pas à captiver sur la durée complète de l'album. Cela dit, un final du calibre de « Queen of the Light », mid-tempo sincère et touchante, redonne des lettres de noblesse à Crobot, qui propose une montée en puissance intelligente.

Crobot

"Ohlala ils sont crobeau" - Vanessa, 12 ans.

Le bilan est tout de même positif pour les Américains. Si le disque souffre d'un cruel manque d'originalité et contient une petite dose de pilotage automatique, le potentiel est bel et bien présent, ainsi que les armes pour se faire une renommée. Qui plus est, Something Supernatural est plaisant, doté d'une production adaptée et d'excellentes idées. Dans son sillon stoner rock, Crobot n'est pas la révélation tant attendue, mais se montre tout de même comme un élève plein de promesses. On attend ainsi la suite de pied ferme, en espérant que les points négatifs aient été corrigés. A eux d'apprendre la leçon, maintenant.

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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