Voices of Destiny – Crisis Cult

Le metal symphonique en crise

"La critique est aisée, mais l'art est difficile".

Plus d'une fois, cette citation de Philippe Destouches m'a été déballée au moment de parler de mon rôle de chroniqueuse. J'aimerais bien voir ces langues de vipères recevoir des disques sans imagination, aux défauts bien trop proéminents. En lisant la biographe de Voices of Destiny, j'imaginais déjà faire face à l'un de ces cas de figure. Le groupe compte une tournée avec Epica, le soutien indéfectible d'un label réputé et l'arrivée dans ses rangs d'une nouvelle chanteuse, Ada Flechtner. Mais surtout, on joue dans la catégorie metal symphonique et très vite les craintes liées à ce genre musical refont surface très vite pour votre plante verte favorite.

Oui, car pensez donc : un chant lyrique peu maîtrisé, des riffs banals étouffés par des orchestrations énervantes, des sonorités pompeuses qui n'en finissent plus … quel calvaire ! Je me forgeais presque une opinion avant même de commencer l'écoute de Crisis Cult. Une attitude loin d'être honorable, concédons-le, mais compréhensible après divers traumatismes et dommages collatéraux.

L'entrée en matière, ''Wolfpack'', n'est pas là pour rassurer. Toutes les craintes se confirment, la faute à une guitare qui fait son boulot convenablement mais sans réelle inspiration, des lignes de chant poussives et plates, qui peinent à mettre en valeur le joli timbre d'Ada. Et surtout un refrain d'une étonnante platitude, qui annihile tout espoir d'apprécier ce premier contact avec la musique de nos chers allemands. Cette rencontre douloureuse donne envie de rebrousser chemin, et de classer Voices of Destiny au milieu de ces formations inintéressantes qui ne méritent nullement l'attention.

Voices of Destiny

« Il ne faut jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué ».

Toujours à garder en tête au moment de rédiger une chronique, professionnalisme oblige. En continuant sur la lignée de ce qui ne va pas, les influences sont très présentes, avec des chœurs que n'auraient pas renié Epica, et des passages instrumentaux rappelant le Xandria récent. Tiens, tiens, quelle surprise... auraient-ils poussé le vice jusqu'à... inviter Manuela Kraller sur leur album ? La chanteuse lyrique complète merveilleusement bien la chanteuse principale sur ''At the Edge'', petite ballade reposante. On se prélasse, en écoutant les performances vocales exemplaires des talentueuses cantatrices, avant que la guitare ne reprenne ses droits et que les chœurs et orchestrations rendent le tout majestueux. Ce disque est d'une facture classique mais quand les moyens sont là pour impressionner, les petits plats sont mis dans les grands.

« Ne jugez pas un livre à sa couverture ».

Le premier contact est d'autant plus rude que la suite est réjouissante. Voices of Destiny est faussement timoré mais ce n'est que pour mieux surprendre et déployer tout son talent. La conclusion ''The Great Hunt'' s'étend sur plus de sept minutes épiques et intenses qui ne relâchent pas la pression, à coup de riffs acérés, soutenus par une chorale et des growls caverneux de Lukas Palme. Le mérite revient tout de même à Ada Flechtner qui s'en tire admirablement bien tout du long, disposant d'une voix polyvalente à souhait. Qu'on préfère les accents popisants séduisants ou la rugosité d'un chant mordant, tout y passe alors que sa prédécesseur avait toutes les peines du monde à retenir l'attention du public. ''Wolfpack'' passé, il n'y a pas de morceaux inutiles. Tout est à sa place, notamment ''The Easy Prey'' et ''Stormcrow'' sombres et heavy. L'album en général est puissant et envoûtant, même si on ne bouderait pas un peu plus d'originalité.

Une fois n'est pas coutume, les apparences sont trompeuses. Je n'avais aucune attente, je ne me voyais certainement pas apprécier Crisis Cult, et je n'avais qu'une hâte, terminer ce papier afin de passer au prochain. Mais je me suis faite avoir comme une bleue et le pire, c'est que ça ne me déplaît pas. Nous sommes à une époque où le metal symphonique n'a plus vraiment le vent en poupe. Un tel vent de fraîcheur ne peut donc faire que du bien, surtout avec autant de maîtrise et d'inspiration. Voices of Destiny évolue, prend ses marques, se fait de plus en plus puissant, de plus en plus efficace. Qui s'en plaindrait ?


La Folle Fougère
 

Ma note : 7.5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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