Anthriel – The Pathway

Aujourd'hui, l'agence de voyage La Grosse Radio vous emmène en Finlande, pays où la neige d'un blanc immaculé recouvre les forêts de sapins. C'est dans ces terres où le froid règne en maître que nous découvrons Anthriel, jeune formation de metal progressif/power metal, fraichement signée sur Lion Music, et qui, 6 ans après leur création, livrent enfin un premier opus : « The Pathway », en Septembre 2010. Qu'est-ce que l'on peut tirer comme conclusion de ce premier essai ? Casse-gueule ou réjouissant ? Satisfaisant ou peu convaincant ?


Ce qui frappe de prime abord, c'est l'étonnante maturité de notre combo. Si les influences Dream Theater ou Symphony X se ressent parfois, elles ne gâchent en rien le plaisir que l'on ressent à l'écoute de cette galette d'un professionnalisme et d'une qualité qui n'a rien à envier avec de nombreux groupes concurrents.


« Devil's Lullaby » est la parfaite synthèse entre power metal et metal prog. Judicieusement placé en ouverture, le titre ne souffre d'aucun essoufflement malgré sa longueur qui peut frapper pour une entrée en matière. Refrain habile, composition maîtrisé, partition menée avec virtuosité et brio grâce à des solos de guitares apportant une touche d'énergie, structure variée, le premier contact est excellent, et la suite n'est pas là pour déplaire.


« Mirror Games » est probablement l'un des morceaux les plus brillants du brûlot. La structure changeante rappellera Dream Theater, mais la comparaison s'arrête à ce point, car la force du titre sera celle qui caractérisera l'ensemble de l'offrande, c'est à dire une capacité impressionnante à pondre des mélodies accrocheuses et efficaces tout en gardant de nombreux éléments progressifs. Le morceau, plutôt déconstruit, entre passages à tendance hard rock/prog, transition narrative accompagnée d'un délicieux clavier aérien, termine sur des notes plus empruntées au power metal, notamment la guitare. Et pourtant, point d'essoufflement ou de lassitude, la construction maîtrisée permettra de profiter pleinement du moment.


Et les morceaux réussis, ils se comptent à la pelle. La power-ballade (façon de parler) « Guardian » n'hésite pas à sortir les grosses guitares lorsque la mièvrerie pourrait faire son apparition, apaise ses ardeurs par des notes de piano enlevées, délicates, un chant qui se fait profond et envoûtant, la recette possède de nombreux avantages et point sa beauté ne s'estompe. « Controversial Euphoria » possède également de nombreux atouts à faire valoir, à commencer par sa mélodie terriblement accrocheuse et s'imprimant dans l'esprit. Une fois encore, le virage power de la piste est rattrapé par sa structure prog, diversifiant ainsi la mise en bouche, avec cette alternance clavier aérien apportant la douceur/guitares intenses pêchues, influençant astucieusement la mélodie, tirant dans un horizon ou un autre le registre de notre vocaliste Simo Silvan, lui laissant ainsi carte blanche au plaisir de se livrer à l'exercice de la variation, avec réussite.


« Light Divine », plus convenue et classique, évoquera un Freedom Call sur le refrain et les lignes de chant, mais en moins speed, plus construit mais avec la même magie. Le refrain est imparable, notre chanteur pousse la voix très haut, les couplets sont plus posés et profonds, donnant ainsi l'ampleur suffisante à notre ami Simo pour emporter l'adhésion la plus totale.


L'opus se clôt en beauté avec « Chains of Past », d'une durée de près de 14 minutes, qui pourtant se révèlent captivantes. Quel est le secret des finlandais ? Pour cela, rien de tel qu'une bonne dose de diversité et de lignes mémorisables. Chaque minute est comblée par des arrangements

soigneusement calculés, qu'ils soient puissants ou au contraire planants. N'hésitant pas à lancer des modifications de rythme inopinés, à mener les lignes de chant au gré de la mélodie. Et nul besoin de s'engouffrer dans les terres de l'agressivité pour retenir l'attention de l'auditeur, car nul élan de fougue ou d'enthousiasme ne s'invite. De quoi en faire pâlir de jalousie un Symphony X.


Dans l'univers d'Anthriel, tout n'est malheureusement pas rose. La réussite côtoie le médiocre, et c'est avec regret que deux pistes ne se hissent pas à la hauteur des autres. « Haven of Grace » aurait pu être bien meilleure si le remplissage était moindre et la composition moins anecdotique. Si les vocaux sont agréables, le reste ne suit pas et s'empêtre dans un ennui trop profond. « Dark Divided Minds » est tellement banale qu'elle en devient oubliable, malgré une tentative de punch par l'intro aux blast-beats. Dans la masse, elle sera noyée et ne reviendra pas à l'esprit, dommage.


La production est impeccable, clair et propre, les vocaux à leur place, sans investir le territoire de façon trop imposante. Ainsi, les ténors du style ne pourront pas revendiquer leur suprématie sur ce terrain que nos scandinaves conquièrent avec habileté.


Mais l'arme la plus fatale de la formation, celle qui écrase ses adversaires avec brio et tact, qui s'impose comme une nouvelle révélation, qui déborde de qualificatifs tous plus élogieux les uns que les autres, c'est lui, le seul, l'unique, j'ai nommé : Simo Silvan (répétez ce nom 10 fois rapidement). Si son timbre évoque un Russell Allen (Symphony X), sa prestation fera de nombreux envieux. Modulations maîtrisées, chant puissant et outrageusement agréable, non dénué d'émotions et s'adaptant à toutes les circonstances, voilà un homme dont on reparlera dans l'avenir s'il connaît la chance de bénéficier d'une renommée.


« The Pathway » est une offrande digne d'une rare maturité, révélant au grand jour un nouveau combo au talent étonnant. Varié, plaisant, riche, Anthriel réussit un pari osé mais devra cependant se démarquer d'influences parfois trop criantes, ainsi qu'éviter des morceaux trop superflus (le ventre mou qui fait retomber l'adrénaline). Cependant, en plaçant la barre si haut, le défi de proposer une deuxième galette du calibre de celle-ci sera difficile. Dorénavant, les finlandais seront attendus au tournant.

 

Note finale : 8/10

Myspace d'Anthriel

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