Last Barons – Elephantyasis

L'exercice du premier opus, passage déterminant pour une formation qui désire se lancer dans le bain et faire découvrir son univers à un public. Et bien sûr, que ce soit dans n'importe quel style, un minimum de talent est exigé pour espérer ainsi livrer une satisfaction à son auditeur, le combler et l'emporter pour ainsi le séduire et démontrer son potentiel. Ainsi, dans cette épreuve aussi difficile, les combos se voient généralement triés sur le volet, entre ceux qui apportent réellement quelque chose, et les éternels suiveurs, seconds couteaux, groupes de seconde zone, de bas-étage, et les qualificatifs ne manquent pas. Voici que débarque Last Barons, avec son hard rock stoner psychédélique, prêt à mettre le feu, avec pour date de sortie de leur premier essai « Elephantyasis » le 11 Octobre 2010, sur Correctomundo Records. Second couteau ou formation intéressante ?


La fraîcheur de cet opus et son talent indéniable font de Last Barons un combo sur lequel il faudra garder un œil dans le futur. Son hard rock se révèle très plaisant et fort inspiré, avec des touches qui ne manqueront pas de vous sauter à l'oreille. Attention, par cette définition de hard rock, ne vous attendez pas à ce que proposerait un Mötorhead ou un Gotthard, car chez nos français, le côté rock prime sur le hard, le psychédélique s'invite et il faudra plus chercher du côté d'un Queens of the Stone Age pour visualiser le rendu des normands.


Et l'une des grandes qualités du groupe, c'est de savoir accoucher d'un rendu accrocheur et qui ne traine pas en longueur malgré la durée relative des morceaux qui composent la galette. Les pistes sont suffisamment diversifiées pour ne pas transmettre une désagréable impression de répétition, un piège dans lequel certaines formations de stoner se jettent les pieds joints.


Ici, on débute par un « M.A.B » direct et tubesque, au refrain prenant et au rythme effréné qui, démarrant l'album en trombe, nous laisse bien évidemment sur une image plus que positive des français. « Ethanol Blues », très jazzy avec même des accents blues parfaitement intégrés avec finesse et doigté, nous comble par quelques délicates notes d'un piano plutôt discret mais distillant les touches d'une ambiance que l'on imaginerait bien dans ces cafés où des orchestres se produisaient, ces images tirées de films d'antan. Dans l'inventaire des réussites, n'oublions pas « Guru's Rules », funky à souhait, enjouée et vive, qui fera le bonheur de son auditeur.


Cependant, l'effet produit peut s'avérer nocif et compromettre la durée de vie de certaines pistes qui, elles, n'attendront pas longtemps avant de délivrer leur principale faiblesse, à savoir une durée de vie moindre, une lassitude, qui gagnera bien plus vite l'auditeur, et plongera ainsi les morceaux plus faibles aux oubliettes. Malgré le fait que le titre « In the Woods » possède des éléments progressifs réussis et des passages atmosphériques sympathiques, l'effort reste en-dessous de la première moitié de l'offrande, Cupidon rate donc son tir et la magie ne prend pas. « Fathernature » souffre des mêmes maux et paraît bien insipide en comparaison avec les autres morceaux, dommage, l'impression d'un pétard mouillé subsiste durant l'écoute de cette piste, qui n'aura au final d'autres fonctions que celle du titre de remplissage, qui donne le sentiment d'être de trop.


Ceux qui reprocheraient un manque de puissance et d'entrain à la formation normande seront convaincus et comblés par « Wallstreet's Man », plus emballée et à la construction mélodique digne d'intérêt. Refrain à l'appui, chant bien en place, solo de guitare et parties instrumentales parfois aux frontières du prog, l'écoute est ainsi un réel bonheur. N'oublions pas dans cette catégorie « Ovies Aries », clairement plus rapide et puissante que les autres morceaux, fougue et vivacité sont de mise. Pour les amoureux d'ambiances mélancoliques et sombres, avec une certaine tristesse et une nostalgie poignante, il existe « Shoot the Dreamer », l'un des morceaux les plus réussis du skeud, avec une atmosphère véritablement envoûtante, des accents presque doom, des touches de guitares saupoudrant à merveille les sensations ressenties, pour plus que 7 minutes. Un moment fort.

Et après deux autres délices, l'opus se termine sur « Dead Rain », morceau lancinant et aux accents blues, agréable fin.


La production met en valeur les différentes ambiances avec beaucoup d'efficacité, les moyens ont été mis dans le mix, le professionnalisme du quintette n'est plus à prouver, rendant ainsi parfaitement limpide et distinct chaque instrument qui trouve sa place sans écraser l'ensemble. Même la basse est audible à la perfection, compliments.


Le chant de Julien Soler est en parfait accord avec la musique délivrée tout au long de la galette. Un chant grave, capable de véhiculer sa dose d'émotions, prenant et au timbre agréable. Seulement, le manque de variations pourra lasser sur la longueur, et l'on aurait que le vocaliste nous montre plus ses capacités, malgré des envolées très réussies sur les refrains les plus toniques, et des incursions dans les tons très bas. L'adhésion reste toujours de mise et le rendu démontre tout de même un haut niveau technique.


L'effort s'avère payant et Last Barons peut se féliciter de franchir le cap du premier brûlot avec talent et maturité. Espérons dès à présent que les efforts des Normands s'avèreront payants, car le potentiel est plus qu'énorme et la marge de progression est impressionnante. Ce « Elephantyasis » est peut-être la naissance d'un nouveau ténor du genre, qui dépasse dès à présent le rang de suiveur pour s'élever à celui de prometteur. Last Barons, l'un des incontournables de l'année.

 

Note finale : 8,5/10

Myspace de Last Barons

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