Dagoba est un groupe qui ne s’arrête jamais. Après avoir tourné comme des forcenés pour promouvoir leur dernier bébé, Post Mortem Nihil Est, les Marseillais s’arrêtent à peine pour enregistrer leur prochain album qui devrait voir le jour en 2015. Mieux, ils s’offrent le luxe de nous faire patienter en nous délivrant ce Live au Hellfest, apothéose de leur tournée marathon.
Que dire de ce concert si ce n’est que tout festivalier, ainsi que tout metalleux devant son écran à ce moment précis l’a encore en mémoire ? Avec pour résumer grossièrement l’ensemble, cette image incroyable de la foule qui se sépare en deux sur une distance totalement invraisemblable pour un Wall Of Death qui marquera l’histoire du festival. Mais plus que cette particularité visuelle, cette sortie récapitule parfaitement le chemin parcouru par Dagoba depuis quelques années et comment le groupe est parvenu à s’imposer comme une des grandes têtes d’affiches du metal en France.
Pour autant, est-ce que cela valait vraiment le coup de sortir tout cela en CD/DVD ? Le pour et le contre se côtoient à l’écoute de ce Live au Hellfest. Evidemment, il s’agit du bon moment de la carrière de Dagoba pour sortir un effort live, d’autant plus avec un tel show et un tel public (je vous réfère d’ailleurs à l'excellent report de Silvercraft). Le set de festival plus court, permet un condensé de la discographie du combo, avec une petite préférence pour le petit dernier Post Mortem Nihil Est, dont les titres comme « I, Reptile », « The Great Wonder » ou « When Winter… » ont eu le temps de devenir de véritables classiques. On a aussi droit à des titres plus anciens et incontournables, tels « Black Smokers » ou « It’s All About Time », ce qui nous fait regretter la présence d’une petite rareté comme « Maniak ». Festival et temps de jeu réduit oblige, le groupe se dépêche mais ne parvient pas vraiment à nous offrir la setlist idéale.
En effet, le gros couac de la fin de ce live est le passage à la trappe de « The Things Within », titre phare des marseillais, pourtant prévu sur la setlist de départ mais évincé par manque de timing. Soigneusement tourné puisqu’on entend à peine Shawter déclarer son « Manque de timing les gars », il permet quand même de constater que le live possède des petits défauts, dus sans doute au manque de préparation des conditions du show. Pourquoi par exemple ne pas avoir inclus la séquence d’intro intense où Franky communie comme un beau diable avec son public ? Evidemment, filmer un concert en club aurait été le meilleur parti niveau qualité, mais l’indulgence est de mise quand on sait que ce genre de sortie ne va pas faire gagner beaucoup d’argent au groupe, mais qu’il s’agit plutôt d’un cadeau aux fans. Par ailleurs, l’occasion en or de l’enregistrer au Hellfest a dû peser dans la balance, avec des contraintes d’équipements et d’enregistrement sûrement moindres.
Une chose est sûre, Dagoba est taillé pour le live. Que ce soit par sa musique hautement propice à chauffer une foule ou par ses membres bêtes de scènes à l’image de Franky Costanza, véritable machine de guerre derrière sa batterie, toujours visuellement très impressionnant. Shawter s’adresse à la foule comme s’il jouait dans un petit bar marseillais avec beaucoup d’aisance, créant une impression de proximité remarquable. Le concert se termine d'ailleurs avec une mini-reprise du theme de Star Wars, comme si le groupe voulait remonter aux origines même de son nom.
Au final, Dagoba sort un live remarquable et plutôt réservé aux habitués du combo les ayant vu plusieurs fois sur scène qu’aux néophytes qui ne connaissent pas les marseillais (l’album n’a d’ailleurs été pressé qu’en quantité très limité). Le groupe montre en tout cas qu’il est bel et bien fait pour la scène, et qu’il fait désormais partie du cercle très fermé des groupes français capables de soulever des foules immenses.
© 2014 Nidhal Marzouk / Yog Photography
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