Blut Aus Nord – Memoria Vetusta III (Saturnian Poetry)


Ultime poésie de l’abîme


Blut Aus Nord écrit un troisième chapitre de son chef-d’oeuvre Memoria Vetusta entamé il y a presque 20 ans. Son créateur, Vindsval,  montre une fois de plus avec Saturnian Poetry, qu’il est un musicien hors du commun, hors des normes et hors du temps. Ce nouveau chapitre est-il au niveau de ses grands prédécesseurs ?
 


Vindsval et sa création Blut Aus Nord sont assez mystérieux. En fait on en sait très peu sur ce maître orfèvre travaillant un métal noir et froid, mais est-ce si important ? Car depuis plus de deux décennies le nombre de productions que l’homme nous a livrés est impressionnant et d’une qualité exceptionnelle. En expérimentant très loin la noirceur musicale, BAN c’est parfois vu réputé, sur certains albums, peu accessible car trop dissonants, glacials et bruts. Mais il n’en est rien ici, car depuis le début de Memoria Vetusta les mélodies sont partout présentes. Parfois subtiles, parfois évidentes mais toujours extrêmement travaillées pour former une sorte de symphonie passant, métaphoriquement parlant, du cristal au marbre. Des fulgurances de beautés insoupçonnées et de poésies interdites comme celles d’Arthur Machen et de son Grand Dieu Pan, d’Edgar Poe, H.P. Lovecraft ou W.S. Burroughs mais aussi des films comme Martyrs, Pic-Nic at Hanging Rock, The Wickerman, Videodrome, Salò ou les 120 journées de Sodome. Des œuvres qui suggèrent, dérangent, font réfléchir et ressentir un éventail de sentiments très vaste qu’il faut aller dénicher.”¨ La noirceur dans BAN est paradoxalement présente pour illuminer l’esprit, éclairer les pensées du chaos vers la lumière. Des extrêmes indispensables donnant vie à l’imagination dans son inépuisable diversité car c’est aussi là que se situe le Metal extrême : la créativité.
 


Pourtant cela reste une musique, un style, encore très marginal et frappé d’ostracisme même dans le milieu Metal. Les frasques incendiaires et meurtrières bien connues des années 90 lui collent encore à la peau, idem pour l’image Sataniste pourtant souvent de pacotille. Tous ceux-ci n’a plus cours désormais. Hormis l’imagerie blasphématoire chez certains groupes qui ne peuvent encore choquer que les bourgeois cathos extrémistes de la manif pour tous. Le Black, en particulier, a énormément évolué autant sur le fond que sur la forme et BAN en est un parfait exemple, il suffit d’écouter sa discographie ou tout simplement la récente trilogie 777 pour s’en convaincre.

L’incompréhension et la répulsion du style n’échappe pas à ce qu’on subit nombre de style et de tant de musiciens à la base du Metal tout au long de l’histoire de la musique. Le Rock des Beatles et des Rolling Stones (Sympathy for the Devil), Black Sabbath et son triton, l’avant-gardisme et la subversion de David Bowie, la révolte du Punk et même Beethoven dont la maintenant célèbre et sublime Symphonie N°9 - Ode à la joie fut jugée, à l’époque, trop violente et décadente ! Tous des précurseurs d’une génération ou plusieurs générations marquants une époque en faisant apparaître de nouvelles formes de créations artistiques. La nouveauté a, a fortiori, engendré des critiques de ces artistes les mettant au pilori car souvent trop en avance sur leur temps et adulés par la génération suivante.

Parmi ces nouveaux styles le Metal extrême, plus si jeune, est sans doute une des formes musicales les plus créative, audacieuse, expérimentale et libre que l’on est vu depuis bien longtemps. L’expression d’un art jusqu’au-boutiste mais abouti, seulement maitrisé par très peu de musiciens dont fait parti Vindsval. La quintessence de la transgression musicale à mille lieues de la bouillie insipide que l’ont nous sert à longueur d’année, un opium sans saveur décérébrant le peuple pour mieux le manipuler et l’empêcher de penser.
 


BAN c’est le questionnement, une invitation à la liberté de penser et de créer sans limite. Et pour cela les trois chapitres de Memoria Vetusta se posent comme ceux d’un recueil, d’un ouvrage fondamental en cours de création, chapitre après chapitre. On pourrait le comparer, en musique, aux premiers textes de l’humanité retrouvés tel l’Epopée de Gilgamesh, l’Avesta ou le MahÄbhÄrata mais également les récits de traditions païennes, un des thèmes de BAN, comme le Kalevala. Des ouvrages qui ont inspirés les livres sacrés qui régissent une trop grande partie de nos vies et de nos croyances pour le meilleur et souvent pour le pire. Des textes (pour certains tombés dans l’oubli ou simplement relégué au folklore et aux mythes) qui dérangent au plus haut point puisqu’ils remettent en question deux millénaires de croyances quasi imposées. Pourtant ces livres n’avaient pas plus la vérité, pas plus que ne l’a BAN dans l’art musicale, mais ils ont ce point commun universel de chercher, comme ces oeuvres, des réponses aux questionnements universels si simple et si dérangeant voir dangereux pour certains : du pourquoi et du comment ?
 


La création artistique quelle qu’elle soit a cela de magnifique, à l’instar des philosophes (pas tous) ou des grand penseurs, d’être cette lueur au bout du tunnel en laissant le choix d’y être sensible ou pas et par conséquent, libre et encouragé de créer soi-même ce que l’ont aimerai voir, entendre ou lire !”¨ Libre d’ouvrir son esprit en tentant l’expérience de ce superbe Saturnian Poetry et voir ce qui se cache dans l’univers si fascinant et inspirant créé par Vindsval sorte d’explorateur musicale ayant trouvé une source d’inspiration quasi intarissable.
 


Outre la recherche musicale, le travail sur le visuel des pochettes a toujours été très soigné chez BAN. Saturnian Poetry l’est également. Conçu par Kristian "Necro" Wåhlin, plus célèbre pour les paysages majestueux de deux premiers excellents albums de Dissection, The Somberlain (1993) et Storm of the Light's Bane (1995) et surtout pour l’exquis chaos du monument Black metal In the Nightside Eclipse d’Emperor. In the Nightside Eclipse dont on peut aisément dire que Saturnian Poetry est enfin un album de sa trempe tant musicalement que visuellement.”¨La version limitée est encore plus belle en illustrant bien les textes et l’atmosphère complexe et profonde dégagé par cet opus grandiose, émotionnel, païen, visionnaire et magistral ! L’apport d’un batteur en la personne de Thorns, exceptionnel de puissance et d’intensité, donne une touche plus chaude et plus humaine à cette poésie saturnienne. Partez pour ce voyage intemporel, lumineux entre la nature sauvage et l’espace infini.”¨”¨

Encore de la très grande musique offerte par Vindsval, un des plus grands génies de la musique contemporaine ?

”¨”¨”¨Mettre une note à cet opus est une gageure, on est au-delà du quantifiable donc allons un cran au-dessus”¨ 11/10
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 10 / 10



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