Ne Obliviscaris – Citadel

Un album à la Pyrrhus


L’étape du deuxième album est toujours difficile pour un groupe. Le premier effort a posé les bases de la personnalité de la formation, et est le témoignage sur lequel le public se base pour la suite. Et quand ce premier essai a mis une fessée à tout le monde, il est difficile de garder le cap de l’excellence. Beaucoup de groupes se sont naufragés lamentablement après s’y être essayé. Portal of I de Ne Obliviscaris fait partie de ces premiers albums qui ont fait l’unanimité à leur sortie, mais qu’en est-il de Citadel, son petit frère ? On pouvait en tout cas se réjouir que Season of Mist signe un excellent groupe de plus !

Tout d’abord, en regardant la durée, on remarque que Citadel est nettement plus court que son prédécesseur, à savoir 48 minutes au lieu de 71 ! Il ne faut pas oublier que Portal of I était issu d’un travail d’écriture de près de neuf ans, espaçant la formation de Ne Obliviscaris et la sortie de l’album en 2012. Citadel a aussi une tracklist particulière qui mérite un commentaire : on a trois morceaux de trois minutes, qui font en fait office d’intro, transition et outro, puis trois chansons de dix minutes ou plus, qui constituent le cœur de l’album. En cela, il s’écoute très différemment de Portal of I. En guise d’introduction, « Painters of the Tempest Part I : Wyrmholes » joue bien son rôle, avec une ligne de piano accrocheuse et belle, à laquelle vient se marier le violon de Tim Charles, qui ajoute tantôt de la mélodie ou une touche plus bruitiste. Le ton est donné avec une intro mélancolique, mais ne vous attendez pas non plus à quelque chose d’aussi majestueux que « Al Svartr (The Oath) » d’Emperor !
 


Puis sur « Painters of the Tempest Part II : Triptych Lux », Ne Obliviscaris déballe une pièce épique avec tout ce que le black métal progressif peut faire de mieux. Les riffs sont mélodiques mais rageurs s’enchaînent avec fluidité et les musiciens y révèlent une maîtrise instrumentale qui force le respect. De son côté, Marc Campbell s’en sort bien avec un growl maîtrisé, très proche des vocalistes de The Faceless ou Fallujah. Ce qui frappe, c’est que malgré la durée du morceau, il passe très vite à l’écoute, tant les transitions sont bien gérées, notamment avec les parties de violon ou les parties de chant clair, elles aussi assurées par Tim Charles.
 

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Après ce morceau franchement impressionnant, on part vraiment emballé. Mais hélas, trois fois hélas, la suite n’est pas du même tonneau. En effet, la troisième partie de « Painters of The Tempest » arrive un peu comme un cheveu dans la soupe, avec son solo de violon interminable, et franchement agaçant avec ses montées dans les aigus et ses harmoniques plutôt crispants. A la moitié de la chanson, une guitare claire s’incruste avec un riff qui tente vainement de s’approcher du flamenco, puis repart dans un style plus classique à la Opeth, que Ne Obliviscaris maîtrise mieux. On a là l’exemple classique de la chanson ruinée par le surplus, en l’occurrence l’intervention du violon quelque peu irritante. Peut être que sans celui-ci, la chanson fonctionnerait mieux, ou que si les deux dernières parties de « Painters » avaient été unifiées, on n’aurait pas relevé ces défauts. Mais ici, les musiciens ont fait le choix de l’isoler dans la tracklist, concentrant l’attention dessus comme une piste à part entière. Et elle ne fonctionne pas en tant que telle.
 

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Sur la suite de l’album, Ne Obliviscaris nous ressort deux autres grosses pièces black prog’ dans la pure veine du style qui est le leur, et on pourrait s’en réjouir, s’il n’y avait pas encore ce violon venant nous gratter les tympans à intervalle régulier. Il jouait parfaitement son rôle de texture sonore dans Portal of I, mais dans Citadel, il prend carrément le rôle d’instrument soliste, et ça marche nettement moins bien. C’est d’ailleurs criant sur « Painters of the Tempest Part I » où un solo de violon est suivi d’un solo « classique » de guitare électrique, et c’est la guitare que l’importe de très loin ! Et quand ce n’est pas le violon, c’est le chant clair de Tim. Soyons clair, il ne chante pas mal, mais son timbre manque d’âme, d’émotion. On est à des années d’un Mike Akerfeldt ou d’un Herbrand Larsen (Enslaved).  Et c’est là tout le problème d’une chanson au format long : si entre des excellentes parties, on trouve des éléments moins bons, on a tendance à se focaliser dessus, et on en garde une impression globale mitigée.  Sur « Pyrrhic », le tout est juste nettement moins convaincant, riffs compris. Il y a du mieux sur « Devour Me Colossus Part I – Black Holes », avec son lot de riffs blastés plutôt efficace. Mais le tout reste trop convenu, avec la présence du violon et de la voix claire qui ne fonctionnent toujours pas, et cette impression se confirme sur l’outro « Devour Me Colossus Part II - Contortions ».
 

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Bref, Ne Obliviscaris arrive à sauver les meubles avec un morceau d’exception, mais le reste du disque n’est pas du même niveau. Nous saurons bien assez tôt s’ils arriveront à rendre l’opus plus convaincant lorsqu’il sera défendu sur scène. D’autant plus qu’il reste l’excellent répertoire du premier album Portal of I. On vous conseille donc d’aller les voir au Hellfest malgré tout. En dépit de ce pétard mouillé, il convient de garder un œil sur ces Australiens, car ils nous ont prouvé qu’ils avaient le potentiel pour faire de belles choses, en plus d’être des musiciens d’exception. Peut être sur un troisième album ?

Note : 6,5 / 10

Chronique par Tfaaon
 

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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