Magic Kingdom – Symphony of War

Pour préparer une bonne "symphonie guerrière", des ingrédients de choix s'imposent... Beaucoup de groupes se sont heurtés à la difficulté d'une telle recette, y ajoutant parfois trop de sucre ou trop d'extraits de dragons, faisant ressembler le tout à un sous-produit de la grande marque Rhapsody of Fire. D'autres, comme Derdian ou Pathfinder, semblent avoir (cette année du moins) concoctés de bien bonnes galettes alternatives. Qu'en est-il donc de Magic Kingdom qui nous fait ici son retour après 6 années d'absence ?

Dushan Petrossi et ses amis belges se sont pour l'occasion entourés de cuisiniers de choix : le grand Olaf Hayer (Luca Turilli, Dionysus, Symphonity, Aina...) au chant et notre petit français Phil Giordana (Fairyland) aux claviers. Les ingrédients utilisés s'avèrent par la suite d'une simplicité redoutable, rendant ce Symphony of War (sorti le 28 octobre 2010 chez Limb Music) plutôt savoureux sur le papier :

- Prenons un peu de speed, l'âme même du "epic heroic fantasy metal"... Car l'album ne ralentit pas ou peu, gardant une rigueur destructice à l'ancienne qui nous renvoit au Stratovarius des grandes heures. Si "Monte Christo" ne vous fait pas bondir de votre chaise, cela voudra clairement dire que vous êtes et serez à jamais hermétique à ce genre. Encore plus marquant qu'une publiciité de Gérard Depardieu pour des pâtes, cet hymne historique d'une simplicité fracassante et digne des meilleures éditions de la Cuisine des Mousquetaires renverrait dare-dare Alexandre Dumas à ses études... et pour cause ! Et je ne m'attarde même pas sur le destructeur de palais que s'avère être "Unholy Abyss" et son désormais culte break en latin... à la moutarde ! Bon appétit bien sûr...

- Saupoudrons le tout d'un néo-classique à la technique irréprochable... Qu'attendiez-vous d'autre ? C'est Dushan Petrossi à la baguette, le guitariste virtuose belge, le Yngwie Malmsteen du Plat Pays, le Luca Turilli d'outre Quiévrain... Ca tricote dans tous les sens, énervant certains, rassurant d'autres, bluffant les amateurs du genre. Rien de novateur mais du top niveau, encore plus rapide et tortueux que sur le précédent Iron Mask (son autre groupe)... "We Rise", l'éponyme "Symphony of War" ou encore l'intro "Million Sinners World" sauront illustrer cette saveur particulière.

- Du grandiloquent, de l'épique, des morceaux aux thèmes développés à l'extrême pour une sauce délicatement relevée qui reste bien en bouche. Attention de ne point trop en abuser, elle pourrait vite vous faire perdre votre esprit... Rien que le deuxième CD de cet opus, un "Metallic Tragedy Part 2" ébouriffant décliné en différents chapitres tel un opéra moderne, pourrait vous faire tourner la tête. De la grandeur, oui, mais à ne pas mettre entre toutes les mains... ou oreilles... ou bouches, c'est vous qui voyez ! D'autres morceaux brillent également par leur longueur virile et décharnée, "Evil Magician" et ses 8 minutes bien tassées étant clairement le plus goûtu de tous.

- Un bon vin aux délices parfois folkisant et extrêmes pour accompagner le tout. Attention tout de même de veiller à éviter une vulgaire piquette pouvant vite gâcher un plat exquis... Ainsi, les voix extrêmes et passages quasi blackisant (sur l'un des chapitres interludes du grand morceau final par exemple) peuvent parfois (mais pas tout le temps) agacer, visiblement effectués par le chanteur d'Iron Mask en personne (quoique cette information reste à vérifier, ne disposant pas d'une éventuelle liste de guests sous les yeux). Les quelques portions acoustiques ou l'intervention d'une jolie voix féminine parviennent cependant à redonner un goût honnête à ce périlleux breuvage.

- Remuons le tout avec ses extraits de valeurs ajoutées, épices fines à l'arôme délicat et au charme certain apportées par les invités du grand maître. Olaf Hayer fait exactement le travail qu'on attendait de lui, sans trop en rajouter, sublimant tout de même certaines lignes de chant (trop) conventionnelles par son timbre si particulier. Le vocaliste allemand ne se fait pas prier et s'excéute, presque sans filet, dans un exercice certes périlleux mais réalisé sans faute. Phil Giordana, quant à lui, se fond parfaitement dans le paysage, agrémentant de si de là de quelques touches personnelles, comme ce brillant petit solo sur la chanson "Unholy Abyss" (entre autres). Tout ceci afin de nous faire patienter en vue d'un prochain Fairyland que l'on espère pour bientôt.

Magic Kingdom

En résumé, le repas se déguste somme toute avec plaisir et volupté, mais s'il restera une expérience à ne pas renouveller trop souvent sous peine d'en s'en trouver quelque peu dégoûté. Cependant, par gourmandise, ce Magic Kingdom peut clairement nous sustenter sur une période somme toute convenable, trouvant ici ces quelques moments d'extases plutôt rares dans un style à l'essoufflement certain.

On remerciera donc le grand chef Petrossi pour cette recette savoureue, au goût rappelant certes d'autres chefs d'oeuvre mais nous offrant une belle alternative en cette veille de nouvelle année supposément pré-apocalyptique. Que les mayas me prêtent cependant vie assez longtemps pour affirmer qu'il s'agit ici d'un des meilleurs mets du combo belge et peut-être même dans la carrière de maître Dushan !

Note : 8/10

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