Seventh Wonder – The Great Escape

Le metal progressif, tout un art difficile à cerner, à décrire même, tant les influences peuvent différer selon les cas. La scène prog scandinave et son côté "pop frais" allié à la technique fait partie de celles-ci. Souvent proche de la "récente" vague américaine d'ailleurs, j'en veux pour preuve ces groupes comme Circus Maximus, Mind's Eye, Pagan's Mind, Anthriel ou Third Eye longtemps comparés (et parfois à raison) aux Dream Theater ou autres Symphony X.

Seventh Wonder ne dérogera certainement pas à la règle, ne reniant d'ailleurs pas cette appartenance et ses voisinages avec les deux groupes sus-nommés. Cependant, quelque chose semble se dégager de ce groupe, surtout depuis le chef d'oeuvre conceptuel Mercy Falls sorti en 2008. Une pièce rare et unique, difficile à égaler, qui se voit en cette fin d'année offrir une suite sous le nom de The Great Escape.

Une suite ? Ou pas, même si nous ignorons ici si ce nouvel opus, sorti le 4 décembre chez Lion Music, possède un concept propre ou non. Si concept il y a (ce qui est fort possible au demeurant), il semble différent du précédent brûlot. Tout comme sa construction d'ailleurs, puisque cette nouvelle galette se voit construite en deux parties et sans interlude. D'un côté 6 titres oscillant entre 4 et 8 minutes, classique pour du prog donc, et de l'autre... un monstre de 30 minutes, inhumainement cohérent dans sa structure, au titre éponyme.

Oserais-je donc commencer par cet ovni profond ? Car se lancer dans un morceau aussi long et épique peut relever d'une certaine folie. Le combo suédois relève ici aisément le défi et le sublime même vers une certaine excellence, puisque cette longue piste monte en puissance et s'ouvre à nos émotions de minute en minute, faisant ainsi passer le temps en un éclair. Du jamais vu, du moins depuis le mirifique "The Odyssey" de Symphony X, très certainement à la hauteur de certains "gigantic tracks" de groupes progressifs légendaires. Tout y passe sur "The Great Escape", où une histoire poignante voire troublante semble nous être rapportée, le chanteur Tommy Karevik étant parfois accompagné de sa soeur Jenny, survolant ainsi les mélodies aux accents parfois Queen. Un titre qui va au-delà du contexte prog, qui se déguste non sans mal et sans souffrance au départ (comme tout morceau dépassant les 20 minutes).

Une fois cette géniale tentative prise à part, le reste de l'album nous apparait avant tout différent, comme si ce CD était clairement coupé en deux. Mais n'allez certainement pas croire pour autant qu'il s'avère décevant. Le single "Alley Cat" mérite à lui tout seul qu'on s'y attarde, tant ses accents 80s pop à la A-ha peuvent au départ amuser voire prêter à sourire... Sauf qu'au final, on se laisse prendre au jeu de la mélodie, des choeurs, d'une structure parfaitement adapté mélangeant complexité et facilité dite "commerciale". En cela on toucherait presque le génie.

Ce génie est également frôlé à chaque refrain ou presque, diablement épique et prenant aux tripes, comme seul Symphony X sait (aussi bien) le faire. Alors évidemment, c'est très proche, trop pour certains ("Wiseman" ou "The Angelmaker" pour ne citer qu'eux), mais tout ne se résume pas à la copie tant ce groupe s'affranchit de ses clichés... ou plutôt sait se les approprier afin de les digérer dans sa propre personnalité, dans une approche pseudo simpliste d'un art délicat.

L'excellent "Wiseman" et le groovy FMisant "Move on Through" affolent les compteurs auditifs par leur grandeur mélodique, mais s'affirment également comme des noeuds techniques assez délicats à apprivoiser. Les soli ou breaks de chansons comme "The Angelmaker" ou "King of Whitewater" (rehaussée d'un violon inattendu et sympathique), les plus longues si on excepte la conclusion, feraient pâlir de jalousie toute une tripotée de groupes s'essayant à ce style. Et le plus fort dans tout cela ? La mélodie ne quitte jamais Seventh Wonder, jamais...

Alors quelqu'uns parleront ici de facilité, de melting pot aguicheur, d'envolées opportunistes à coups de gros claviers ou autres arrangements grandiloquents, mais comment résister à ce jeu à la fois brut et fin d'un groupe sachant très vite alterner puissance et douceur (notamment sur quelques parties piano souvent diaboliques d'efficacité) ? Bien évidemment la ballade sirupeuse "Long Way Home" peut avoir le don d'énerver, mais elle est si belle qu'on peut ainsi leur pardonner certaines tentatives sucrées...

Entre impression surannée et modernité, Seventh Wonder nous fait jongler à sa guise, porté par un Tommy toujours aussi impressionnant derrière le micro. Probablement l'un des meilleurs chanteurs du genre derrière Russell Allen, ce The Great Escape constituant pour lui une confirmation. Et si la production aurait gagné ici ou là en clarté ou en subtilité, cela ne dérange en rien l'embellie générale.

Seventh Wonder

Bien sûr que non, The Great Escape n'égale pas Mercy Falls, de part sa construction plus directe et plus brute ou des paroles un peu moins touchantes (bien que fort travaillées, parfois peut-être un peu trop tant on semble par moment basculer dans un abstrait qui nous éloigne un peu du contenu), mais saura largement ravir les fans d'un prog mélodique à mi-chemin entre filmique et symphonique. La relève suédoise est assurée, qu'on se le dise, même si Seventh Wonder ne fait ici que confirmer les larges espoirs déjà entrevus.

Note : 8.5/10

Seventh Wonder sur La Grosse Radio

Video clip de la chanson "Alley Cat"

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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