Earth (+ Black Spirituals et Don McGreevy & Rogier Smal) à  la Maroquinerie (24.01.2015)

Un concert tellurique
 

Après un concert couronné de succès en août dernier au Point Ephémère, Earth était de retour à Paris. En mélangeant les techniques du drone (« bourdon » en français) et la lourdeur du métal, le groupe s’est imposé comme pionnier d’un mouvement, et a eu une influence considérable sur le genre. Le succès de leur dernier album Primitive and Deadly justifiait un deuxième passage à Paris, qui s’est effectué avec Black Spirituals et le duo Don McGreevy & Rogier Smal.

 


 

Don Mc Greevy & Rogier Smal

 

Décidément, Don Mc Greevy est partout !  Le bougre officie dans Earth, mais aussi dans Master Musicians of Bukkake. Visiblement, faire une tournée en tête d’affiche ne suffisait pas à étancher sa soif de musique, résultant en la formation de ce duo avec le batteur Rogier Smal. Don est à la guitare acoustique, et joue une musique qui n’a pas grand-chose à voir avec Earth, sauf dans les répétitions.  Ses arpèges aériens et posés sont du meilleur effet, et soutenus avec classe par Rogier. Ce dernier fait montre d’un jeu tout en finesse, proche d’un toucher jazz.
 

Don McGreevy, 2015, live report, paris, Rogier Smal,


Il n’y a pour ainsi dire ni jeu de scène ni communication avec le public, hormis les brefs remerciements entre les morceaux. Le public est donc invité à s’immerger dans la musique du duo et se laisser bercer.  Avec ses quelques effets, Don arrive à avoir un son très chaud et un poil psychédélique. Malgré les nombreuses boucles, son jeu est plus élaboré qu’il en a l’air au premier abord, avec un certain nombre de fioritures à la main gauche et de nuances à la main droite.
 

Rogier Smal, live report, 2015, concert, Paris, La  Maroquinerie,


Après deux chansons, le concert se conclut avec un morceau qui est en fait un long crescendo, qui monte progressivement en puissance avec une boucle d’accords très mélodiques. Parfait pour terminer ce set d’une grosse vingtaine de minutes, il termine de nous laisser une bonne impression sur le duo, dans un climat musical tout autre que les deux groupes suivants.

 

Black Spirituals

En effet, les Blacks Spirituals prennent le sens du mot « drone » au pied de la lettre. Le guitariste Zachary James Watkins nous balance des riffs bien bruitistes et psychédéliques avec ses pédales d’effets placées sur une table devant lui. Il utilise par ailleurs un e-bow et un mediator en même temps pour générer ses drones, qui sont à la fois saturés et bourrés d’harmoniques. Ca a le mérite d’être immédiatement reconnaissable ! Evidemment, nos larrons jouent à volume élevé, qui donne ce sentiment d’enveloppement si particulier au genre, et qui fait tout son sel en concert.
 

Black Spirituals, live report, 2015, Paris, La Maroquinerie,


Face à lui, Marshall Trammell massacre ses fûts, avec une furie qui semble improvisée. La confrontation des parties des deux musiciens résultent en une sacrée cacophonie, mais loin d’être inintéressante. On a en fait l’impression d’assister à une sorte de rituel sonore, avec la table à pédales d’effets comme autel.
 

Black Spirituals, 2015, live report, la Maroquinerie,


Visiblement le spectacle ne plaît pas à tout le monde, puisqu’une partie de l’audience se carapate vers le bar pendant la performance. On peut les comprendre, puisque la musique jouée sort des formats traditionnels du rock. Avec son groove vaudou et ses innombrables bruitages, Black Spirituals aura réussi à convaincre les autres. Ceci étant dit, pas sûr que le combo serait aussi convaincant sur album !

 

Earth

 

Nous étions tous venus pour eux, la formation qui a fait tant d’émules et qui est aujourd’hui un trio. La première chose qu’on peut apprécier, c’est la mise en son : le volume est suffisamment fort pour retrouver ce sentiment d’enveloppement évoqué plus haut, mais pas non plus fort au point d’être trop agressif. Les riffs de Dylan Carlson nous transpercent en même temps qu’ils caressent, alors que la basse de Don McGreevy nous fait vibrer pendant que la batterie d’Adrienne Davies nous claque le postérieur.
 

Earth, live report, Paris, 2015, concert, La Maroquinerie,


Le deuxième gros point fort d’Earth est sa dynamique sur scène. On aurait pu croire Dylan fatigué par les abus avec les années : il n’en est rien, ou en tout cas pas sur scène ! Ce dernier fait bouger sa Telecaster dans tous les sens en enchaînant les poses plus rock n’ roll que les autres, faisant le régal des quelques photographes présents. N’étant pas un grand bavard (malgré une interview en notre compagnie), la communication avec le public est quasi-inexistante, se limitant à quelques mercis entre les morceaux. D’un autre côté, le concert n’a pas besoin de plus pour tenir.
 

Earth, live report, Paris, 2015, La Maroquinerie,


Adrienne a elle aussi un jeu très visuel, avec des gestes très lents et amples comme pour accentuer la lourdeur de la musique. Elle apporte beaucoup à l’impact scénique du groupe, alors que, de son côté, Don reste discret, mais efficace. La setlist est axée sur le dernier album du groupe, qui a été très bien accueilli par la critique. (y compris chez nous)
 

Earth, Live report, 2015, Paris, La maroquinerie, français,


Bien sûr, pour apprécier ce genre de spectacles, il faut accepter d’entendre le même riff répété pendant parfois dix minutes. Ca peut être parfois rébarbatif sur album, mais sur scène, la magie opère, pas de doute ! On appréciera par ailleurs la touche toujours très bluesy de la musique jouée. Que retirer de cette soirée ? Un groupe impeccable, qui sait exactement ce qu’il a à faire, avec un son parfaitement adapté au répertoire, sans oublier de ravir les spectateurs avec l’implication des musiciens sur scène. Bref, un sans fautes, conforté par la qualité des premières parties.

Reportage par Tfaaon

Photos : © 2015 Fanny Storck / Fanny Storck Photography
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe
 

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