Broken Down – First Spit

“Une fusion de metal indus, de doom, de sludge, ou tout autre genre au tempo lent, associée au groove [du] hardcore US et du southern metal”. C’est ce qu’on peut lire sur le site bien fourni du groupe Broken Down, dont le premier opus First Spit nous intéresse aujourd’hui.

Malheureusement, il apparait vite qu’il n’en est rien, et que cette grandiloquente tentative de description du style de Broken Down ne saurait en rien masquer la faiblesse effrontée des compositions présentes sur First Spit.

Les  titres - pourtant présentés dans un packaging original, bien réalisé et éco-responsable, à l’artwork très réussi - sont poussifs, peu inventifs, et ne se rattachent aux genres annoncés que de très loin. Le tout est noyé dans une production catastrophique, dont la plupart des groupes amateurs auraient honte, même pour une maquette.

Jeff Maurer, membre unique de la formation,et manager du label Altsphere distribuant cet effort studio, n’en est pourtant pas à son coup d’essai puisqu’il a dans sa carrière fait partie d’une vingtaine de groupes, participant ainsi à plus d’une quarantaine d’albums et EP divers et variés. Ce qui ne pousse aucunement à la tolérance quant à la qualité désatreuse de la production.

Qui dit membre unique guitariste et chanteur uniquement, dit batterie électronique. Et l’enregistrement est affublé d’une batterie électronique robotique, mal encodée, aux sons synthétiques de mauvais goût dignes d’un clavier pour enfant. Les guitares quand à elle semblent avoir été branchées directement dans un magnétophone, et ont un son sale, désagréable et direct gâchant l’écoute. Fort heureusement, le travail de mix a été efficace en un aspect, puisque l’on distingue bien chaque élément et instrument de la formation.

Le premier titre, “You Covetous, I’m On A Roll” annonce la couleur, avec un chant plaintif qui flirte avec les frontières de la justesse, en les franchissant malheureusement à de nombreuses reprises. Le chant saturé est quant à lui assez convaincant, et bien maîtrisé par Jeff Maurer.

“A Pill Hard To Swallow” accélère ensuite les choses, et n’est au final pas trop mal ficelé. La batterie, bien que toujours trop informatique, est bien plus tolérable, et donne une certaine énergie à la piste. Toutefois, des sons électroniques stridents et mal mixés viennent gâcher le final, semblant sortir tout droit des haut-parleurs d’un R2-D2 asthmatique en colère.

On note rien de particulier ensuite, à part quelques nappes de synthé plutôt réussies, jusqu’au quatrième titre, intitulé “On The Way To Be Yourself”. Le morceau crée une vraie rupture dans la structure de l’album, avec son intro acoustique qui semble limiter la casse. Malheureusement la batterie électronique revient rapidement gâcher la fête. Certaines parties parlées sont plutôt bien trouvées et confèrent au morceau un début d’ambiance pesante. Un pont assez proche du doom fait enfin son apparition, avant un final a cappella qui rappellerait presque deux ivrognes en fin de soirée.

Après 4 titres originaux, Broken Down remplit la fin de son opus avec deux reprises plutôt loupées, et un instrumental dispensable. On passera sur le hit disco “Daddy Cool”, rebaptisé pour l’occasion “Daddy Doom”, qui n’est ni un choix original, ni une nouvelle jeunesse pour le morceau.
“Doom” est pour sa part une cover du hit “Blue” d’Eiffel 65, que l’on peine à identifier dans un premier temps. Une fois la surprise d’avoir reconnu, amusés, le titre original, il ne reste malheureusement  plus grand chose à se mettre sous la dent. Le titre tourne en rond, le chant est à nouveau hors tonalité, et les parties de synthé adoptent un son horripilant.

L’écoute laborieuse de First Spit s’achève par l’instrumental “Southern Wave Of Goodbye”, au riff classique, pas foncièrement mauvais, mais qui ne réinvente rien. Le tout s’achève par un dernier accord, et l’impression d’avoir été berné sur la marchandise.

Malheureusement, cet effort de Broken Down s’avère être un coup dans l’eau, et une réelle arnaque pour tout acquéreur de l’enregistrement. Même les textes sont décevants : les paroles sont faciles, sans originalité, et empreintes de maladresse et de tournures peu idiomatiques.

Au final, on aurait préféré un site web moins fignolé et fourni, et un contenu musical plus travaillé.

NOTE DE L'AUTEUR : 2 / 10



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