The Shadow Theory – Behind the Black Veil

Cet album de The Shadow Theory arrive à point nommé pour nous rappeler que le métal progressif ne se limite pas à Dream Theater, ni aux combos britanniques qui oscillent entre prog' et atmosphérique comme Porcupine Tree et autres The Pineapple Thief. Non, il est également possible de pondre du prog' bien sombre et barré avec des riffs acérés. Ainsi, le nouveau projet de Devon Graves (ex-Psychotic Waltz et Deadsoul Tribe) se rapproche plus d'un King Diamond période Abigail, avec une touche Jethro Tull. Il est au passage assez curieux de constater que ce genre de prog' avait un peu disparu de la circulation. Finalement, à y regarder de plus près, ce Behind The Black Veil nous ramène quelques années en arrière et a de faux airs de Solitude, Dominance, Tragedy, le 2e album d'Evergrey, paru en 1999. En effet, depuis les suédois (qui amha sont un peu partis en couilles, comme quoi prendre la grosse tête après un début de succès commercial et vendanger les concerts après avoir trop picolé, ça marche pas), peu voire aucun combo ne s'était attaché à produire une musique à la fois complexe et aussi lancinante. Qu'à cela ne tienne, L'ami Devon remplit le vide avec ce projet qui, au vu de son enthousiasme, risque bien de devenir sa nouvelle priorité (il a en effet annoncé que Deadsoul Tribe était en stand-by).

Pas complètement prog, The Shadow Theory s'en rapproche de par un goût prononcé pour le complexe. Il faut dire que si les musiciens qui composent le line-up ne sont pas des stars, il s'agit l'air de rien d'une belle brochette puisqu'outre Devon au chant et à la flûte, on retrouve Kristofer Gildenlöw à la basse (ex- Pain of Salvation), Johanne James de Threshold à la batterie, Arne Schuppner (Complex 7) aux grattes et un fan de Deadsoul Tribe, Demi Scott, aux claviers. Dès l'ouverture sur "Open up my Eyes", les riffs de guitares sont complexes et acérés, les arrangements pas évidents et les structures alambiquées juste ce qu'il faut. On regrettera juste une prod' un peu limite ; en résulte un son finalement assez étouffé qui, certes, colle plutôt bien au groupe et aux ambiances développées, mais tout de même, un peu plus d'ampleur eût été bienvenue. D'aucuns apprécieront le côté vintage. Non, le vrai tour de force de The Shadow Theory, c'est de parvenir à toujours mettre les mélodies au premier plan malgré la complexité de sa musique.

"Welcome" rappellera la grande époque de Pain of Salvation, "Selebrate" se fait presque folk, le côté théâtral de la voix de Devon fait merveille au sein des mélodies éthérées, quand le final "A Symphony of Shadows", avec ses entrelacements de voix, nous entraîne dans une sombre sarabande fantômatique. Il fait bon se perdre dans l'écoute de "By the Crossroads", tandis que "Snakeskin" se fait vénéneux à souhait. Le résultat est donc fort appréciable, surtout si l'on est prêt à s'ouvrir à l'univers d'un artiste qui ne voit qu'un intérêt relatif dans les sentiers battus. Seuls quelques morceaux, en loupant un peu le coche, font retomber la pression, et l'enthousiasme de l'auditeur par la même occasion ("Sleepwalking", qui malgré un bon début se perd un peu en chemin, "The Black Cradle", pas assez accrocheuse ou à la progression trop conventionnelle ?). C'est un poil agaçant parfois, quand on se dit qu'en saupoudrant son plat de quelques ficelles plus convenues, l'album aurait pu définitivement emporter le morceau. Peut-on reprocher à un artiste de refuser toute facilité ? Oui !!! Reste un disque attachant, un projet au potentiel certain.

Ce n'est pas encore assez pour crier à l'album que tout amateur du genre se doit d'acheter absolument, reste un disque riche aux belles mélodies sombres. Alors que Deadsoul Tribe, malgré une démarche intéressante, semblait s'enfermer dans une certaine routine (au bout du compte, aucun album vraiment bandant à se mettre sous la dent), le père Devon semble avoir trouvé une seconde jeunesse. Ce n'est pas la suite du programme qui viendra nous contredire puisqu'outre ce nouveau projet et son Behind The Black Veil aux arguments certains, dont on attend plus de nouvelles (et une suite qui corrigerait ses petites erreurs de jeunesse), voilà-t y pas que Psychotic Waltz revient d'entre les morts et sera à l'affiche d'une tournée qui s'annonce homérique, le Power of Metal Fest qui réunira rien moins que Thaurorod, Psychotic Waltz donc, mais aussi Nevermore et Symphony X et qui passera par chez nous les 9 et 15 février, à Lyon et Paris. Vivement ! Avec un poil plus d'expérience, The Shadow Theory pourrait devenir une vraie référence dans les années à venir. A suivre de près.

Ma note : 7/10

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