Stratovarius – Elysium

Une vague de fraîcheur envahit l'Europe et le monde du metal, les finlandais sont de retour ! Lesquels ? Stratovarius bien sûr, le groupe de Timo Tolk... euh Kotipelto pardon... nous revient le 14 janvier 2010 avec son 13ème album studio, le second de l'ère post-Tolkki, un peu plus d'un an après un Polaris bien réussi.

Si Polaris avait permis au combo nordique d'entamer une nouveau départ, qu'en est-il de cet Elysium, puisque tel est le nom de ce nouveau skeud ? Evolution perpétuelle et toujours en mouvement ? Maturation d'une nouvelle approche d'ores et déjà opérée ? Retour en arrière par nostalgie ou peur d'être rejeté ?

Il est certain que notre expérimenté quintet n'a désormais cure des critiques, ainsi poursuit-il son chemin se refusant une nouvelle virée old school et donc une renonciation d'un Polaris qui prend ici, au contraire, toute sa signification avec cette "suite" aux effets clairements aboutis.

Certes, il y a toujours quelques éleménts de speed qui fleurissent ici ou là, mais à vrai dire de moins en moins, et de façon clairement plus alambiquée. Si "Forever Is Today" ou "Blind" avaient rempli ce rôle sur la précédente offrande, nous avons ici "The Game Never Ends" (et son refrain power à l'ancienne assez monolithique mais correct) et "Under Flaming Skies" pour contenter les fans de la première heure. Et encore, ces hymnes speed mélodiques s'inscrivent parfaitement dans la tonalité atmosphérique du disque, "Under Flaming Skies" (clairement la meilleure des deux) remuant même quelques touches orientales tout en proposant un chorus diablement fédérateur.

Oh, "warning" me dit-on dans son intro, voilà que j'oublierais presque "Event Horizon", avant-dernière piste de cette rondelle trouée. Evidemment, voici LE titre speed par excellence, très old school, savamment placé entre une ballade et le final épique. Ainsi remplit-elle son rôle à la perfection puisqu'assummant une transition entre deux titres bien différents. Mais voilà, il s'agit ici peut-être du titre le plus faible de ce CD, et ce même si l'échange solo entre Mathias Kupiainen et Jens Johansson fait clairement ressortir la gloire ancienne.

Stratovarius logo

Passé cet hommage sympathique mais qui sent encore un peu trop le réchauffé, et ce malgré les voix off d'avertissement rajoutés ici au mix, on peut parler du reste. De ce qui change ou commence à changer. Comme ce single "Darkest Hours", déjà sorti en EP vers la fin 2010 et qui envahit depuis le mix de La Grosse Radio Metal. Un titre qui trouble, plutôt soft niveau metallique mais diablement précis au niveau de la mélodie. Peut-on d'ailleurs le qualifier de "power metal" ? Hmm... Le débat reste ouvert. Heavy mélodique aux touches modernes et Kotipeltiennes, voici comment pourrait-on le décrire, ce morceau fort bien agencé se rapprochant presque plus des opus solo que le chanteur a pu sortir ces dernières années.

Et si c'était là, la clef du "nouveau son" Stratovarius ? Une prise de risque et une expérimentation avouée, à la manière de ce que le père Timo a pu faire avec ses essais solitaires. Mais avec l'âme Stratovarius et une maîtrise plus profonde du sujet, bien aidé qu'il est par ses compères dont un Jens Johansson qui contrôle plus que jamais ses arrangements symphoniques.

Stratovarius se symphonise ainsi tout en modernité, peut-être bien que le morceau "Infernal Maze" illustre le mieux ses nouvelles tentatives. Une profonde réussite atmosphérico-mélodique, si j'ose m'exprimer ainsi. Un titre qui mérite plusieurs écoutes avant de révéler toute sa splendeur, sur des détails, sur des choeurs, sur un tout profondément touchant.

Au delà de tout ça, "Fairness Justified" prolonge l'effet en mode dark et plus langoureux encore, pour une semi-ballade martiale épique à la basse bourdonnante. On sent ici que Lauri Porra prend la direction des opérations, même si la chanson a un poil plus de mal à décoller que la précédente. Bon, ceci serait sans compter sur ce refrain captivant (bien que simpliste) et sur ce solo tout en finesse où les cordes résonnent par dessus une mélodie aérienne.

Ce titre pose cependant le souci d'un Stratovarius d'antan : la batterie a du mal à se renouveller ou à varier. Et pourtant, Jörg Michael (actuellement en train de soigner un cancer, bon courage à lui) reste tout un batteur qui sait donner d'une force de frappe ahurissante. Peut-être un peu trop, parfois.

Bon d'accord, il nous ferait presque mentir sur la ballade "Move the Mountain", berceuse metal relevée d'une acoustique bien mignone. Celle-ci ne recherche cependant pas autant la mélancolie que ses grandes soeurs "Forever" ou "Celestial Dream". La mélodie est bien là, très Strato sur quelques notes, mais la touche est ici plus "pop actuelle" (avec un solo clavier plutôt surprenant de la part de Jens Johansson, assagi pour l'occasion). Ceci n'enlevant rien à la qualité de composition ainsi qu'à la douceur du résultat final.

S'il nous reste à aborder le gros morceau de l'album, nous n'avons encore dit mot sur le titre "Lifetime in a Moment". Lui aussi empli d'une émotion assez aérienne (d'autant plus renforcée par ces effets réverbs intensifiés sur la voix de Kotipelto), lui aussi drivé par une très bonne basse et un rythme martial aux niveau des drums... avec un refrain là aussi très enlevé. C'est donc désormais clair et net, Stratovarius se sent plus à l'aise dans un metal plus ralenti et plus émotionnel, plus ouvert aux détails (comme ici et ce côté parfois électro).

Alors maintenant, on se la fait cette pièce éponyme et finale de... ahem tenez-vous bien... 18 minutes ?! Et oui, la grosse surprise est pour la fin, car jamais le groupe finlandais ne nous avait offert telle longue litanie musicale. Il est fort à parier que les comparaisons avec "Destiny", "Infinity" ou "Visions (Southern Cross)" vont pleuvoir, à tort ou à travers. Evidemment, c'est le retour de l'éponyme de 10 minutes ou plus (ou presque), mais cela ne veut en aucun cas dire que la formation revient en arrière. Ce morceau aurait pu, je dis bien aurait pu, être brillant. Il n'en est pas loin mais manque d'accroche épique dans l'épique, si je peux m'exprimer ainsi...

*Moment de doute de la part du lecteur, qu'est-ce qu'il a bien pu vouloir dire le Ju encore ?*

Oui donc, il s'agit d'un morceau épique par sa diable longueur, mais qui ne possède pas les enlevées épiques (greuh) qu'il aurait pu/dû contenir. Structurellement, on se rapproche du prog, et tout s'enchaîne parfaitement bien, mais la linéarité globale empêche cet hymne grandiloquent de crever les nuages.

Stratovarius 2011

Cet  Elysium fort convaincant annonce tout de même quelque chose de clair : il y aura une suite, cela se sent à des kilomètres. Non, Stratovarius n'est pas prêt de mourir où disparaître. Si un doute pouvait subsister avant et après Polaris, il n'est ici plus permis. L'évolution est en marche, en phase de maturation complète, et si tout va bien le prochain opus sera le bon, celui d'un Stratovarius encore plus grandi et totalement guéri de son trouble mais si génial passé.

Note : 8.5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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