Mr. Big – What If…

Déjà 22 ans de carrière pour les américains de Mr. Big ! Hé oui le temps passe vite mais la formation sévit dans le paysage musical du hard rock depuis 1988, et est fière de compter dans leur discographie pas moins de 6 albums et 6 live, preuve certaine d'une grande expérience pour le combo. Et pourtant, dans nos contrées, et peut-être même dans toute l'Europe, le quatuor est encore victime d'un certain anonymat et ne jouit pas de la réputation de bien d'autres groupes. Et ce n'est pas faute pour le groupe d'outre-Atlantique de multiplier les sorties CD, plus récemment de nombreuses compilations. Car malgré tout, cela fait déjà 10 ans que les Mr. Big n'ont pas fait parler d'eux avec un album, le dernier en date Actual Size datant de 2001 ! C'est donc un come-back exemplaire que se doit d'effectuer nos quatre fantastiques, et pour ce faire, quoi de mieux qu'un nouvel album pour combler l'interminable attente des fans et peut-être même partir à la conquête d'un nouveau public. Changement de label, passant d'Atlantic Records à Frontiers Records, voici qu'en Janvier 2011 débarque sous vos regards ébahis What If..., le 7ème méfait du groupe. Et après une attente si longue, il est du droit de l'auditeur de demander un opus véritablement réussi, qui trancherait avec certains come-back douteux qui ont émergés ces dernières années (aucun nom ne sera cité).

 

Alors ce What If..., qu'est-ce qu'il en retourne ? Modèle de réussite dans le monde du hard rock, album banal et peu original mais qui comblera l'attente des fans, ou retour complètement raté, brûlot fade, insipide ? Tant d'interrogations peuvent entourer la sortie de cette nouvelle offrande, et bien sûr, elles ne peuvent se dissiper sans lancer l'écoute.

 

Et dès la première piste, les guitares mettent dans le ton : l'album aura des sonorités qui vous rappelleront les années 80. Mais malgré tout, nos américains ne paraissent ni rouillés, ni poussiéreux, délivrant un « Undertow » de grande classe, au refrain absolument dévastateur. Et le chanteur Eric Martin s'illustre avec sa voix unique et de qualité, qui donne son côté alléchant au morceau et une bonne partie de son attrait. Mais le chant ne fait pas tout, et instrumentalement, rien n'est à jeter. Les guitares délivrent des solos bienvenus, une place est accordée à tous. Un tube incontournable, cela va s'en dire, tant ces lignes de chant vous resterons en tête pendant bien longtemps ! Décidément, le début est fort.

 

Du tubesque, vous en voulez ? Vous n'êtes pas au bout de vos surprises et tant mieux ! Dans le genre diaboliquement accrocheuse, « American Beauty » est une piste qui ne vous laissera en aucun cas indifférent ! Et qu'il est bon, ce titre, une petite pépite d'or qui se démarque de toutes les autres dans un coffre au trésor ! Cela passe par de nombreux éléments, à commencer par une guitare rythmée et soutenant le titre et son élan, dans la pure tradition du hard rock, et s'emparant même du premier plan avec des solos de guitare exécutés de main de maître par le très célèbre guitar hero Paul Gilbert, qui réussit à nous en mettre plein la vue sans tomber dans le démonstratif. Les couplets et les refrains s'accordent à merveille, gardant un cap énergique et solide, puisant également leur force dans la voix réellement convaincante du frontman. Là encore, si on reste dans le domaine du classique (pas d'interlude au saxophone pour illustrer un quelconque côté avant-gardiste, peut-être pour le prochain qui sait ?), Mr. Big se place dans le haut du panier, sans aucune hésitation. Un morceau qui devrait vous suivre encore longtemps tant tout est mémorisable et percutant, le plaisir intact et la saveur telle la madeleine de Proust !

 

Désireux de quelque chose de speed, vous trouverez encore votre bonheur grâce à « Still Ain't Enough For Me ». Certes, pas aussi brillante qu'« American Beauty », il n'en reste pas moins que la piste sait fédérer et faire l'unanimité. La recette est cependant la même, et l'on pourra reprocher au morceau de peut-être manquer d'un petit quelque chose qui l'élève au rang d'excellent. Mais comptez sur un titre honnête, sans prétention mais doué d'un refrain où le charisme du chanteur se prouve encore une fois, et où l'on entre même par endroits dans le domaine du heavy. Le seul conseil prodigué est donc de se resservir mais avec modération, sous crainte d'être trop raidement sevré et de délaissé une piste qui vaut quand même l'écoute.

 

Avec « Nobody Takes the Blame », on rentre dans quelque chose de bien plus lourd, où les guitares semblent instaurer une atmosphère qui pèse et met l'accent sur une certaine tristesse. L'appel à l'émotion est de mise, voyons si l'auditoire va répondre présent. Point positif qui révèle que dans What If..., le quatuor d'outre-Atlantique aime se renouveler et proposer une palette de saveurs différentes dans les ambiances, malgré des structures qui, elles, restent similaires mais toujours aussi plaisantes. La piste, elle, est bien moins enjouée, oubliez les notes joyeuses qui vous envahissaient pour vous plonger totalement dans cet univers bien moins gai. La rapidité s'estompe et les instruments sont plus posés, ce qui n'empêchera pas les démonstrations musicales de Paul Gilbert. Le refrain a de forts accents bluesy qui combleront les cœurs nostalgiques, mais les autres également. Déjouant ainsi une uniformité qui aurait été mal venue, l'apparition de sensations nouvelles fait plaisir à entendre.

 

Le retour à la joyeuse ambiance s'opèrera sur « I Won't Get in My Way » qui a le bon goût de ne pas singer les autres morceaux, tout en restant efficace et incisive, un côté direct qui plaira à bon nombre d'entre vous. Le refrain a un petit air de Kiss parfois, un aspect agréable et qui suffit à gagner des points. Bien sûr, ce n'est pas la bombe du brûlot, loin de là, mais il est fort à parier que vous repasserez le morceau un bon nombre de fois ! Comment ne pas succomber en effet lorsque l'on entend des prouesses vocales comme celles du chanteur qui possède incontestablement une personnalité réelle et insuffle une dose d'émotion non-négligeable à chaque piste qu'il touche. Vraiment, il est difficile de ne pas être scotché face à une telle prestation.

 

Titre rapide qui vous relancera dans vos vieux tubes de Mötley Crüe, « Around the World » est, elle, une bombe. Guitares tranchantes, bien aiguisées pour le plus grand plaisir des oreilles, batterie diversifiant son jeu et accomplissant une partition de belle qualité, nous avons ici présent le genre de refrains qui aurait fait un malheur il y a une vingtaine d'années. Le genre hard rock ayant perdu de sa popularité mais pas en qualité, Mr. Big fait ici la preuve que l'expérience peut mener à des prouesses musicales, et ce n'est pas avec des lignes de chant aussi agréables que l'auditeur dira le contraire. On sent d'ailleurs un réel travail derrière cette élaboration d'un morceau qui fera headbanguer toute une assemblée, chaque ligne mélodique étant d'un professionnalisme et d'une technique qui feront des jaloux.

 

Seulement, tout n'est pas parfait, et la guimauve sur les ballades vient apaiser les ardeurs de manière trop brutale et soporifique. « Stranger in My Life » n'est pas mauvais, loin s'en faut, mais reste bien trop plat et en surface pour convaincre. Le titre est dans sa globalité assez vide, sans surprise et seule le chant tire son épingle du jeu. Mais pour le reste, repassez un autre jour car même les guitares sur le refrain ne parviennent pas à tirer de la torpeur. Monotone, donc.

Dans le même registre, l'histoire ne retiendra pas « All the Way Up », assez poussive et sans conviction, là où même le frontman échoue à nous procurer une étincelle. Le refrain semble tout droit sorti d'une mauvaise B.O. d'un film à l'eau de rose, et ne parlons même pas du moindre passage marquant. Une déception et, clairement, le moins bon morceau du brûlot.

 

Heureusement que le remplissage du cahier des charges s'effectue à merveille avec des morceaux comme « Once Upon a Time » dans la pure tradition du hard rock. Ni trop agressif, ni trop mou, parfaite synthèse entre rock simple et heavy metal, il vous sera servi avec, en accompagnement, son cocktail de guitares qui délivrent en background des performances techniques qui imposent le respect. Tout comme un refrain capable de se démarquer. Il en va de même pour « As Far As I Can See » qui est dans la continuité, mais tout aussi bon, si ce n'est que le refrain de cette dernière est encore plus facile à retenir et fredonner.

 

Enfin, l'opus se termine par un titre bien tubesque qui aura très certainement son petit effet sans changer les codes du genre. « I Get the Feeling » est une piste qui se situe dans les canons du style mais se dresse dans les titres suffisamment bons pour qu'ils puissent devenir intéressants. La dextérité des musiciens prouvée par A+B tout au long de l'opus se confirme là également, de manière moins grandiloquente mais toujours avec brio. Et le refrain appuyé de ses chœurs et de sa touche années 80 font effet immédiatement. Un bon moyen de terminer l'opus.

 

Production digne de ce nom, il fallait bien cela pour un retour réussi. Du coup, les instruments sont tout à fait audibles, permettant surtout de mettre en valeur le travail sur les guitares du renommé Paul Gilbert (lorsqu'on possède dans son line-up un musicien si reconnu, pourquoi ne pas le mettre au premier plan), mais sans écraser le reste des éléments qui composent la galette. Le chant est en avant mais jamais trop étouffant ou imposant, un bon point.

 

Mais que serait Mr. Big sans la voix exceptionnelle d'Eric Martin ? Son aisance et son timbre font mouche dès l'instant où sa voix apparaît, elle qui apporte tant à la musique du quatuor. Difficile de lui trouver le moindre défaut ou la moindre faille, tant son chant est blindé niveau émotions, n'a pas de problème avec la justesse et sait moduler et s'adapter aux multiples registres parcourus au fil de l'avancée dans l'album. Surprenant sur de nombreux plans, il se révèle probablement l'atout principal de la formation, qui apporte une touche unique.

 

Nul besoin de passer par quatre chemins pour dire que What If... est un opus qui fait démarrer l'année en trombe ! Une perle du hard rock comme elle était attendu depuis assez longtemps, des morceaux tubesque (rien qu'un « Around the World » vaut l'achat) et entrainants dans des univers qui se complètent et ne se ressemblent pas toujours, un guitariste qui en met plein la vue et un chanteur qui fait des merveilles. Seul une certaine répétition dans les structures pourrait nuire légèrement à la durée de vie de l'album, mais plaisant comme il est, nul doute que vous n'en décrocherez pas de si tôt ! Mr. Big, l'exemple même du come-back réussi.


 

Note finale : 8,5/10

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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