Enfin ! Après nombres d’années mouvementées, les franciliens de Black Bomb A sont de retour avec un nouvel album plus qu’attendu par les fans, depuis l’annonce surprise du retour d’Arno au chant il y a quelques mois. D’autant qu’on peut dire que le bougre a repris ses marques comme s’il n’était jamais parti, au vu des récentes prestations lives du groupe. Après tous ces changements, la perspective d’un nouvel opus était alléchante : retour aux sources hardcore tirant vers Speech For Freedom ou poursuite d’un style s’écartant vers le rock, comme exploré sur les derniers albums en exploitant la voix claire d’un Poun toujours fidèle au poste ?
La réponse ne se fait pas attendre : dès les premières pistes, on comprend que les Français choisissent les deux solutions à la fois, avec une maturité étonnante et qui fait plaisir à entendre, comme si Comfortable Hate avait toujours été une évidence. Produit par le célèbre Logan Mader, les titres de ce nouvel album sont de qualité et sont surtout interprétés avec une énergie incroyable, marque de fabrique du groupe qui ne faiblit pas depuis sa création il y a 20 ans. C’est simple, à l’écoute du morceau-titre qui ouvre les hostilités, on revient dix ans en arrière : Un riff simplissime, les voix d’Arno et de Poun qui s’entrechoquent dans un joyeux bordel et une section rythmique qui donne furieusement envie de mosher, tout semble propice à un jouissif retour en arrière. Ce sentiment domine l’écoute mais fort heureusement, Black Bomb A ne tombe pas dans la nostalgie à outrance et n’oublie pas de se diriger vers de nouveaux horizons musicaux, comme à son habitude.
Tout au long des treize titres, on trouve donc des morceaux très bruts et hardcore dans l’âme, à l’image des énervés « On Fire », « Land Of Bastards » ou encore « They Say » qui laisse la part belle au groove de Jacou à la basse et d’Hervé à la batterie. Mais au-delà de ces classiques de Black Bomb A, les franciliens offrent d’autres compositions bien plus intéressantes musicalement. Ainsi, on retrouve sur « Rescue From This World » la façade résolument rock développée sur certaines chansons d’Enemies of The State, pour une chanson réussie de bout en bout (si l’on occulte les paroles un poil simplistes) avec un Poun au meilleur de sa forme que ce soit en chant clair ou en chant hurlé.
Une autre des grandes réussites de l’album est cette ballade acoustique, « Into The Void », où les deux voix combinées à des chœurs parviennent à faire passer une émotion toute nouvelle pour Black Bomb A, entre tristesse et mélancolie. Une vraie valeur ajoutée à la discographie du groupe et qui pourrait l’être également en concert, tout comme « Tears of Hate », crescendo infernal et jouissif ou encore « The Poison », titre que ne renierait pas Stone Sour.
Peu de déceptions au final, mis à part peut-être "Let’s Start Again" (et son riff rappelant, sans doute à tout hasard « White Cluster » d’Opeth) ou encore l’accent français assez prononcé sur « Rescue From This World » ou « Tears Of Hate »… Au moins les franciliens n’essaient pas de cacher leur origine ! Mais mis à part ces légers bémols, Black Bomb A nous offre un album de qualité avec des compositions et une finition soignées. C’est bien ce qu’il faut retenir, contrairement à certains groupes de crossover qui préfèrent parfois bâcler le travail au profit d’un son plus brut.
Le retour de la complémentarité Arno/Poun au chant est en tout cas un plus incontestable au groupe puisque l’alternance des screams aigus et graves est bien plus énergique qu’auparavant. Ajoutez à cela une section rythmique toujours aussi groovy et efficace et vous obtiendrez la recette qui fait que cette nouvelle sortie de Black Bomb A une nouvelle réussite. Le groupe a toujours de l’énergie à revendre et compte bien le montrer en restant une des grandes figures du metal hexagonal et en continuant d’assumer ses ambitions à évoluer entre plusieurs genres.
