Entretien avec le groupe Cruachan au Cernunnos 2015


Entrevue avec les membres de Cruachan – Cernunnos Festival 2015
 

Pendant que Drenaï jouait, j'ai pu rencontrer tous les membres de Cruachan. Tout ce que je peux dire, ce que ce sont des gens sympathiques, qui aiment discuter. J'avais parfois un peu de mal à suivre le débit de paroles, mais grâce à l'aide de ma collègue Camille Morisse, nous pouvons vous proposer un compte rendu de cette longue discussion.

(Cruachan, moins John O'Fathaigh qui venait de partir pour cause d'urgence post-bière et avec un intrus au premier plan - photo par Christophe de Dooweet)

 

Thomas: On retrouve souvent des redondances dans le metal folk et pagan. Mais je dois reconnaître qu’il y a beaucoup d’influences différentes dans cet album comme "Prophecy" et d’autres titres. C’est un peu comme un medley. C’est plutôt rare.

Est-ce que c’est parce que vous avez changé depuis votre premier album Tuatha Na Gael, en 1995? Vous savez, j’ai acheté cet album et l’ai écouté il y a longtemps...

John O'Fathaigh: Putain t’es vieux!!!

Thomas:  Oui je sais… Et quand je l’ai écouté, j’ai pensé que le son était vraiment merdique, mais aujourd’hui il y a une réelle évolution.

John: Oui on le sait. Et peut-être que c’est une bonne chose qu’il y ait eu un tel fossé entre ces deux albums. On pense que Blood for the Blood God est arrivé au moment opportun car le métal folk était devenu stagnant. Il avait perdu tout son intérêt et était devenu stupide, une parodie. Il y a tellement de groupes bidons avec leurs chansons à boire et leurs trolls.

Peut-être qu’on aurait sorti Tuatha na Gael et qu’on aurait pu sortir l’album suivant tout de suite après et ça aurait été la même chose et peut-être qu’on aurait disparu. Mais au lieu de ça, on s’est séparé, on a sorti Middle Kingdom (2000) et on s’est rabiboché. Ce n’était pas vraiment du métal extrême. Ça nous a pris du temps pour arriver là où on en est. On pense que Blood for the Blood God est l’évolution naturelle de Tuatha na Gael. Malheuresement, ça nous a pris 20 ans. Mais peut-être que c’est la meilleure chose qui soit arrivée au métal folk, parce qu’on a sorti un album très travaillé qui reçoit des super critiques. C’est comme si soudainement le métal folk était devenu un truc cool à écouter. Ce n’est pas débile, c’est cool, sombre… Tu sais beaucoup de nos chansons sont très sombres, mais il y a toujours de la musique folk. Quand Karen a quitté le groupe, on a fait Blood on the Black Robe. Ce fut le début du nouveau Cruachan, une renaissance. Je pense que tout s’est passé dans un parfait timing. Peut-être que nous sommes restés inexistants pendant trop longtemps. Pour nous personnellement, c’est probablement une mauvaise chose ; on aurait dû faire cet album il y a 20 ans. On ne l’a pas fait pour plein de raisons différentes mais cela pourrait vraiment être la meilleure chose qui soit arrivée au métal folk. Et toutes les critiques que j’ai lu nous donnent constamment des 8/10 ou 9/10. Bien sûr il y a toujours de mauvaises critiques de gens qui n’aiment pas le métal folk, qui pensent que c’est de la merde. Mais les gens qui apprécient ce genre, qui apprécient cette musique nous font de super critiques. Qui sait, peut-être que c’est la meilleure chose qu’on ait faite pour le métal folk.

Keith: Quand on a sorti Tuatha na Gael c’était quelque chose de nouveau. C’était original, et on essaye de recréer ça aujourd’hui parce que beaucoup de groupes de métal folk jouent le même genre de choses… les chansons à boire entrainantes, etc. On ne citera pas de groupes… On revient juste à nos racines et c’est plutôt sombre là d’où l’on vient, sombre et empreint de musique irlandaise j’imagine.

Oui, on a créé cet album avec 20 ans d’expérience derrière nous. On a aussi un nouveau line up dans le groupe. John (O'Fathaigh), John Ryan et moi ça fait 10 ans qu’on est dans le groupe. On fait ça depuis si longtemps, c’est plutôt génial. On a été triste de voir notre ami John Clohessy quitter le groupe. Il était là depuis le début. Joe Farrell et Colin Purcell sont venus puis partis. Mais quand les autres sont arrivés, ce fut comme une bouffée d’air frais et ça a rendu les choses tellement meilleures. Le processus de création est devenu meilleur.

En plus, si on avait sorti un album juste après Tuatha na Gael, il aurait sûrement été mal enregistré, mal produit et pas très bien reçu par le public. Mais nos 20 ans d’expérience ont fait de Blood for the Blood God un album fort.

John: A l’époque où Tuatha na Gael est sorti, le métal folk n’existait pas. On était plus métal pagan. On ne se rendait pas compte à quel point on pouvait être folk. On a juste tout mixé ensemble et ça l’a fait. Il y a des groupes bien plus grands que nous comme Eluveitie mais on est toujours là.


Thomas: C’est le premier album que vous réalisez avec Trollzorn Records. Pourquoi ce choix ? C’est le premier label purement folk et pagan.

Keith: Oui en effet. Eh bien, nous avons quitté Candlelight Records pour plusieurs raisons. Nous n’étions pas très heureux avec leurs prestations. Nous étions le plus petit groupe. On ne nous portait pas vraiment d’attention. Ils étaient plus focalisés sur les ventes d’albums en Irlande et au Royaume-Uni. On sait que notre public est plus en Europe et en Amérique du sud. C’est pour ça que nous sommes partis, mais en bons termes. Il y a vraiment des gens super chez Candlelight Records.

Je connaissais Stephen de chez Trollzorn depuis longtemps. Le label a dix ans. Donc j’ai approché Stephen et lui ai demandé si ça l’intéresserait de nous produire et il a dit : « Mais vous êtes Cruachan, vous êtes trop grands pour notre label ! » et j’ai dit : « Non, tu te plantes complètement, vous êtes exactement le type de label dans lequel on se voit. Vous êtes spécialisé dans le genre et vous supportez à 100% ce genre de musique et les groupes. » Et ce fut le meilleur choix qu’on ait pu faire. Ils ont donné tout ce qu’ils avaient dans leurs cœurs et leurs âmes pour cette sortie d’album. C’est difficile de trouver un label qui vend des albums et qui reste en vie. Ils le savent pertinemment et ils vendent des albums à des gens qui recherchent de l’exclusivité. Par exemple, ils ont fait une version bizarroïde de notre album comme une sorte de livre qui a fait que les gens veulent le posséder.

John: Ils ont fait plus pour nous que tous les autres labels.

Keith: On est en symbiose. Depuis qu’on est entré dans ce label, ça a aussi boosté leurs ventes. Ça leur a fait du bien et ça nous a fait du bien. On espère pouvoir collaborer avec eux longtemps.


Thomas:  Retournons à votre dernier album. Blood for the Blood God : d’où vient ce nom ?

John: Ca n’a rien à voir avec du Warhammer (NDLR: un univers de fantasy où existe un dieu du Sang et dont le cri de ralliement de ses adeptes est justement "blood for the blood god!"), c’est pre-pagan. C’est une ancienne divinité. Ça vient du sacrifice du premier né au dieu du sang.

Thomas: Est-ce que vous faites de la reconstitution historique ?

John: Je fais partie d’une troupe appellée claideamh qui est le mot irlandais pour épée. Ce n’est pas vraiment de la reconstitution. C’est plus historique. Tout ce qu’on a, les artefacts, les costumes sont de qualité de musée. On recrée une période : des vikings à l’histoire de l'ancienne Irlande, mais on se base plus sur la branche irlandaise.

Les autres: On fait seulement les Vikings pour la télé : dans Vikings ou Game of Thrones en tant que figurants. C’est très bizarre. L’autre jour, j’ai regardé un épisode de Vikings, c’est vraiment bien comme série, et mon frère est apparu à l’écran. C’est trop bizarre!

Thomas: Si vous aviez des fonds illimités. Que feriez-vous pour le groupe ?

John: Un truc que j’ai toujours rêvé de faire, c’est de faire le même genre de choses que les groupes comme Therion. Tu sais … engager un chœur, ce genre de chose. Ce serait le rêve de pouvoir travailler avec un orchestre. Parce que pour Blood for the Blood God on a mis tellement de trucs orchestraux et on a tout fait avec du clavier et des violons en essayant de faire passer ça pour des violoncelles ou des contrebasses. J’adorerais travailler avec un orchestre !
Et … un voyage sur la lune aussi. On ferait sûrement un concert sur la lune. On serait le premier groupe à jouer sur la lune ! 

Thomas: Il va probablement faire un peu frisquet.

John: Ouais t’as raison on devrait plutôt jouer sur Mars.

Thomas: Je vais à Dublin dans deux mois. Quels sont pour vous les endroits où aller quand on est un métalleux ?

Keith: Le Gipsy Rose pour la bière. Ou le George sur George’s Street ou le Dragon si tu veux voir des concerts.

Thomas: Pour conclure, en un mot c’est quoi pour vous Cruachan en 2015 ?

Le groupe (tout monde parle un peu en même temps): euh … une source de revenue.
Excitant vue que je suis un nouveau membre du groupe. C’est un peu comme une nouvelle petite amie.
Un fruit exotique!
Une gueule de bois!
Des problèmes logistiques!
Le Japon!

Thomas Orlanth

Encore un énorme merci à Camille Morisse pour la retranscription et la traduction de l'interview, malgré l'accent irlandais prononcé ! 

© 2015 Thomas Orlanth : www.thomasorlanth.com
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

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