Lovelorn – An Intense Feeling of Affection

C'est dans le plat-pays, terre de la révolution des frites, Etat détenant le record du nombre de jours sans gouvernement, là où l'on boit sa bière plus vite que son ombre et où l'humour est envié de part le monde, à savoir la Belgique, qu'est né le jeune combo Lovelorn. Il faut le dire, très récent, puisque formé en 2010. Mais la formation, bien que nouvelle, possède déjà des atouts à faire valoir, notamment par la présence de sa chanteuse, Kristell Lowagie alias Ladyhell, ancienne chanteuse de Skeptical Minds, Valkyre ou également Joliet (groupe hors-metal ceci dit) mais également son guitariste Bernard Daubresse, créateur de l'ambitieux mais réussi projet d'opera-metal Road to Consciousness (avec également la participation de notre chanteuse Ladyhell). Une bassiste et un batteur en plus, voilà qui vient compléter le line-up du quatuor qui a beaucoup à prouver avec, en Février 2011, un premier EP auto-produit à l'artwork mystérieux et au titre évocateur. An Intense Feeling of Affection, premiers pas des belges, va donc permettre de poser les bases de la rencontre avec Lovelorn.


Alors, dans quel style navigue la toute nouvelle formation, au vu des différents styles musicaux explorés par chacun des musiciens ? En effet, il est à penser que chacun a pu apporter sa patte à la direction musicale, sait-on jamais. Tant d'interrogations et un voile de mystère entourent le brûlot avant l'écoute, et le seul moyen de répondre à tant de questions, c'est de lancer l'écoute pour en avoir enfin le coeur net et définir le potentiel ou non du groupe.


Ce que l'on peut saluer dès le départ, c'est la diversité des ambiances qui éclipsent une certaine linéarité et permet à Lovelorn d'explorer divers univers, de montrer diverses facettes de sa musique. Seulement, à trop vouloir naviguer dans les styles, ne serait-on pas parfois perdus dans ce labyrinthe de sonorités multiples ?

Reconnaissons que la metal « Save Me » n'a rien à voir avec « Sagarmatha » et ses nombreuses touches electro. Mais l'exploration de plusieurs types de musique donne cette impression que le combo se cherche, tente de se creuser une personnalité, un son propre et cette recherche de la créativité est tout à fait louable tant elle semble réussie.


Il faut dire que pour la cohésion générale, « Sagarmatha » tranche vraiment avec le reste de l'EP, faisant clairement office du rôle de l'OVNI, du morceau expérimental. Il est indéniable que la recherche est présente et que les musiciens sont aguerris tant la piste est cohérente, possédant un squelette et une ligne directrice. Seulement, le problème est qu'il atterrit tel un cheveux dans la soupe si l'on écoute l'ensemble, et peut-être est il meilleur et plus profitable s'il est écouté en marge des autres titres qui forment un enchainement plus logique et gardent une structure similaire et plus judicieuse. Néanmoins, le morceau est bon et vous en profiterez sans broncher, par un refrain intéressant et le chant posé de la jeune chanteuse qui donne une dimension particulière.


Dans le registre plus décalé de la galette, « Something Wrong » se remarque immédiatement, combinant influences trip-hop, electro et metal. Les couplets sont aériens, délicats, et mettent en avant la voix de Ladyhell qui livre une bien belle performance, le tout sur une ambiance plutôt froide, où les instruments, eux, sont très en retrait, voir quasi-inexistants, et l'on aurait aimé une présence un peu plus marquée. Le refrain oscille les styles, tendant à la fois vers le rock/metal ou l'electro, les touches modernes côtoyant le ronronnement de la guitare et de la basse.


Néanmoins, Lovelorn, quoi que l'on puisse en dire, est un groupe qui sait varier son propos et former un résultat cohérent entre les ambiances.

Que l'on passe de la mélancolie comme sur « Cold » à la dureté et à un air glacial comme avec « Save Me », l'auditeur n'est jamais perdu ou dépaysé, et cette force que possède le quatuor belge, à savoir celle de savoir garder un propos qui se tient tout en sachant moduler et se renouveler est sans conteste l'un des plus gros points forts du combo. Les compères du plat-pays se permettent même d'instaurer une belle dose de joie avec la mélodie enjouée de « Little Princess Euphoria » qui porte définitivement bien son nom.


Autre point positif, c'est le fait que le groupe ne renie en aucun cas sa racine metal et qu'elle est belle et bien présente sur trois titres : « Cold », « Save Me » et « Little Princess Euphoria », se fondant dans l'ambiance, en étant même un support, et force est de constater que ces trois morceaux sont les plus marquants et les trois meilleurs du brûlot.


Ce qui, de ce fait, peut créer des tubes, et mention spéciale de ce fait à l'enjouée « Little Princess Euphoria », dédicacée à la fille de Kristell, la petite Emma. Le refrain est extrêmement touchant, les guitares sont bien présentes au premier plan et donnent une dose de puissance jouissive à la piste qui de ce fait, tel le faucon au-dessus des cimes enneigées, prend son envol majestueusement. Le morceau vous restera dans la tête des heures tant il est catchy et possède ce petit plus qui fait toute la différence, cette sauce succès délicieuse.


En revanche, il faut bien de la tristesse, « Cold » et son refrain intimiste vous donneront un peu de baume au coeur, pour consoler votre chagrin, l'ambiance nostalgique se rapprochant de la peine que l'on peut éprouver et de ce fait, touche en plein dans l'émotion. Les instruments sont plus lents et sans aller jusqu'au doom, la rythmique est plutôt lourde et pesante, un exercice dans lequel le combo s'illustre à merveille. Les vieux albums de The Gathering ne sont pas loin.


Et pour ouvrir An Intense Feeling of Affection, « Save Me » fait parfaitement le rôle et là encore l'influence sur le combo néerlandais The Gathering frappe tant certains passages, notamment au début, semblent près de l'excellente « Strange Machines », titre devenu culte. En ce qui concerne le morceau des belges, l'intro electro laisse place à des guitares puissantes et à la voix cristalline de Ladyhell qui fait merveille. Le refrain est véritablement la pierre angulaire de la piste et marquera également, un pari tout à fait réussi.


Cependant, la production gâche beaucoup à l'ensemble. Elle ne permet pas à chaque élément d'être pleinement mis en valeur et le son se doit d'être beaucoup plus clair et fluide pour pouvoir réussir à faire passer les émotions. Dommage, un son comme celui-ci est plutôt préjudiciable, mais mettons ça sur le manque de moyens et gageons que de ce coté, le groupe progressera vite.


Niveau vocal, Kristell alias Ladyhell explore divers horizons au fil des atmosphères et sa voix s'accommode à chacune d'entre elles. D'ailleurs, son chant arrive à s'adapter et se moduler à merveille, plus posé sur « Save Me » ou « Cold », respirant la joie avec « Little Princess Euphoria » ou très épuré sur « Sagarmatha ». Le timbre de la jeune femme est plutôt agréable, dans un registre qui, là encore, fait penser à Anneke Van Giersbergen. Néanmoins, reconnaissont à la chanteuse un timbre plutôt atypique et une certaine personnalité.


Finalement, une fois l'écoute terminée, l'impression générale est plutôt bonne et Lovelorn livre ici la promesse d'un bien bel avenir en continuant dans cette voie. Une forme d'originalité et un son propre qui se forme pour le combo, mais mise en garde cependant sur la cohérence en ne s'égarant pas de trop dans moult mondes trop opposés. La diversité, c'est bien, mais il faut garder cependant un fil d'Ariane pour guider son auditoire. Mais aucun titre faible n'est à déplorer, chacun comptant de bons voir très bons moments, et avec un son de meilleure qualité, il est indiscutable que ce jeune groupe peut livrer une galette très bien assaisonnée qui peut placer le quatuor comme un pilier du metal atmosphérique/gothique. Allez, plus que l'étape de l'album à franchir pour entièrement convaincre, mais nul souci n'est à se faire.



Note finale : 3,5/5

Myspace de Lovelorn

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