Anthropia – Non-Euclidean Spaces

Avec la sortie de son troisième album, Anthropia n’est plus un groupe débutant. Fondé par Hugues Lefebvre (chant, guitare) il y a maintenant plus de dix ans, la formation niçoise propose un metal progressif à la croisée des chemins entre Dream Theater, Symphony X et Ayreon, avec toutefois une touche personnelle, caractérisée par le chant féminin de Nathalie Olmi. Six ans après The Chain Reaction, Anthropia est de retour. Mieux vaut tard que jamais.

Avec Non-Euclidean Spaces (à l’artwork fort sympathique), Anthropia se lance dans l’exercice de l’album concept, passage souvent obligé pour les formations œuvrant dans ce style, mais néanmoins toujours risqué. D’autant plus qu’ici ce sont des thèmes inspirés des écrits de Lovecraft qui sont contés. Assumant totalement la prise de risque, les Français se payent même le luxe d’inviter deux prestigieux vocalistes sur leur album, le génie Hollandais Arjen Lucassen d'Ayreon (narration) et l’ancien chanteur d’Angra Edu Falaschi (sur « The Snake Den »).

Anthropia, Power/prog, metal, Review, Lucassen, Falaschi

L’album s’ouvre sur « Strange Aeons » introduction acoustique de l’album qui s’enchaîne avec « The Melancoly of R.C. ». Ce qui frappe l’auditeur à l’écoute de ce premier morceau, c’est la qualité de la production pour un groupe autoproduit. Les riffs de guitare se veulent incisifs mais n’empiètent pas sur le chant. Anthropia parvient sur ce début d’album à développer des thèmes musicaux à la fois accrocheurs et complexes (ces thèmes orientalisant sur « Silver Twilight Lodge » en sont un bon exemple). Qui plus est, l’accent des deux chanteurs Hugues et Nathalie, loin d’être parfait, n’est cependant pas choquant alors que c’est souvent le point négatif des groupes français, particulièrement dans le métal progressif.

Les soli de guitare font parti des points forts de l’album. Techniquement bien exécutés, les deux guitaristes Hugues Lefebvre et Yann Mouhad arrivent à trouver le juste milieu entre démonstration (« Unknown Kadath », « Crowling Chaos ») et émotion (« The Part of Them in Me »), n’hésitant pas à inclure de très bons passages à la guitare acoustique (« Silver Twilight Lodge », « Fuoco » et son côté flamenco), aérant les compositions. Malgré de nombreuses cassures rythmiques et mélodiques propres au style pratiqué, les compositions sont cohérentes et homogènes. « When the Stars Come Right » évoque également Queen avec ses couches vocales superposées. Le piège de la succession de riffs alignés les uns à la suite des autres est évité. Certains morceaux oscillent clairement entre prog et power métal (l'intro de « The Snake Den » qui bénéficie du chant d’Edu Falaschi rappelle son ancien groupe) et nous replonge dans la fin des années 90 lorsque Angra ou Dream Theater étaient au top de leur popularité. Julien Negro (basse) n’est pas en reste et se démarque avec ses plans en slap accrocheurs sur « Credits », le dernier titre. Il parvient également à insufler un groove marquant sur « The Snake Den ». Les compositions sont également ponctuées des passages narrés par Arjen Lucassen (« The Part of Them in Me », « When the Stars Come Right ») qui renforce la cohérence de l’album et sa trame narrative.

Hugues Lefebvre, Anthropia, power/prog

Bien entendu, l’album n’est pas exempt de tous reproches, notamment en ce qui concerne l’interprétation. Le chant est par moments trop expressif pour ne pas dire exagéré, ce qui pourra rebuter certains auditeurs. Certes, la trame narrative réclame ce genre de parties vocales forcées, mais sur certains passages cela peut s'avérer génant (le refrain de « Credits », « The Part of Them in Me», « When the Stars Come Right »).

Au final, cet album est une bonne surprise. S’il ne révolutionne pas le genre, Anthropia arrive à proposer une musique rappelant l’âge d’or du power/prog, et n’a pas à rougir devant ses aînés. La présence de deux invités prestigieux est d’ailleurs la preuve de la qualité du combo. On regrette cependant un chant trop maniéré par moments qui peut faire tiquer l’auditeur. Mais rien de dramatique non plus, tant l’exécution instrumentale rattrape ce petit défaut.

Les Niçois parviennent à mixer des influences diverses et à produire malgré tout un album personnel et intéressant. Il n’y a plus qu’à espérer qu’Anthropia ne mette pas autant de temps à donner un successeur à Non-Euclidean Spaces, comme ils l’ont fait pour The Chain Reaction.

 

Photos promotionnelles : DR

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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