Symakya – Majestic 12: Open Files

Tiens, des petits français ! Et ils sortent leur premier album, ces jeunes loups. Quoique, en regardant le line-up, ils sont déjà établis sur la scène et possèdent une expérience certaine, les trois membres de Symakya, formation née à Nancy. Le trio se composera ainsi de Matthieu Morand, guitariste des groupes Akroma et Elvaron, Thomas Das Neves, batteur qui aura fait un petit séjour chez les power metalleux d'Heavenly, le temps de l'album Virus et, bien sûr, n'oublions pas un vocaliste parmi tout cela ! Et nos lorrains créent la surprise en invitant le célèbre Fabio Lione au chant et … non, en réalité, au micro vous pourrez entendre la voix de Kevin Kazek qui n'est pas lui non plus un total inconnu, puisqu'officiant également dans le groupe de heavy metal Seyminhol. En voilà un bien beau line-up, assez prometteur, et lorsque l'on apprend que leur premier opus a été mixé par Simon Oberender (Epica, Kamelot, Avantasia, …) et masterisé par le célèbre Sascha Paeth (ayant également travaillé avec Rhapsody of Fire, Angra, Edguy, …), rien que ça, ça donne franchement l'eau à la bouche !

 

Et leur première offrande, Majestic 12: Open Files voit le jour le 21 Mars 2011 sur le label Fantai'Zic, et le thème traité dans cet album est plutôt original, il s'agit de l'ufologie, ce qui n'est pas le sujet le plus courant dans le metal en général. Entre rencontres extraterrestres et manifestations en tout genre, c'est dans cet univers que la musique s'articule.

 

D'ailleurs, ça commence sous les meilleures auspices. Et non seulement « Genesis », le morceau d'ouverture, est une véritable tuerie, à la frontière entre le power metal, le prog et le symphonique, mais la suite de l'album prendra toujours cette tournure énergique et puissante où la guitare va pouvoir s'exprimer en toute liberté. Jamais le rythme ne faiblit, le propos restant toujours aussi puissant et mélodique, avec des structures progressives relativement complexes mais bien ficelées, n'hésitant pas à aller naviguer d'un style à un autre, en tirant de chacun les atouts pour les faire coller à la musique offerte par notre trio.

 

Mais quelques petits travers viennent s'immiscer de temps à autre. Parfois les solos tombent dans le démonstratif et c'est dommage, celui de « The Inner Control (An Evolutionary Experience) », bien que bon et virtuose, pourrait être légèrement amputé. Quelques longueurs font parfois leur apparition, notamment sur « Messengers of the Verb » qui possède une petite tendance à s'étirer. Même chose pour « Under the Banner of the Faith », morceau très agréable s'il en est, mais dont le déploiement est un peu longuet, même si les belles évocations médiévales aident à faire passer le temps. Dans ce rayon, « The First Disturbing Contact » possède un aspect étrange en succédant à « Genesis ». Une interlude narrative n'est pas de premier choix après une piste dynamique, dommage.

 

Fort heureusement, c'est avec beaucoup d'aisance et de brio que les lorrains nous emmènent dans l'univers de Majestic 12: Open Files, un monde où les ambiances se succèdent tour à tour. Les titres possèdent chacun un charme propre, un petit quelque chose qui donne de l'intérêt et du mordant, et toutes les pièces donnent envie de retourner les écouter, tant elles sont bien ficelées.

 

L'un des éléments clé de Symakya, qui fonde sa puissance et son talent, c'est la capacité des musiciens à pondre des refrains entêtants et inspirés. De l'efficacité ? C'est le maître mot des français. La combinaison des styles est sublimement travaillée, tant est si bien qu'un titre à la structure aussi modulée qu'« Human God? » fait mouche tout de suite, l'attention de l'auditeur restant fixe sur le morceau à chaque instant. « Genesis » fait vraiment un tabac avec ses choeurs et sa puissance démesurée, se positionnant peut-être même comme l'un des meilleurs refrain de l'année. « Other Keys » suit cette mouvance, le titre étant déjà bon en lui même, mais lorsque l'on arrive au point d'orgue, c'est un régal auditif. « Of New Idols » pourrait bien faire office de single, mais ici c'est la piste toute entière qui est jouissive et magique, une véritable petite perle. Le seul qui ne se fera pas tant remarqué est celui d'« Under the Banner of Faith », moins convaincant mais malgré tout sympathique.

 

Le succès des trois compères passe également par la voix de Kevin Kazek, dont la prestation est tout bonnement époustouflante ! Le chanteur ne se laisse pas aller sur un seul registre, mais navigue entre moult types de chant, qu'il passe de notes cherchées dans les plus hautes sphères vocales à des tons plus graves et profonds. Sa voix peut se faire chaude, remplie d'émotion et toucher en plein coeur, tout comme elle est capable d'en mettre plein la vue dans des montées assez impressionnantes. Sur le plan de la justesse, là encore rien n'est à redire, tant le frontman maîtrise son sujet et ne montre aucun signe de faiblesse quelconque. De plus, ajoutez à cela un timbre vraiment agréable, qui colle parfaitement aux compositions, qui s'adapte avec aisance et dégage une aura, un charisme véritable, et vous obtenez l'une des plus grandes qualités de la musique proposée par les français.

 

Et l'originalité dans tout cela n'a nullement été mise au placard, que du contraire ! Les atmosphères déployées sont uniques, dans lequel on imagine facilement là où Symakya cherche à nous emmener, et cela donne un cachet, une véritable personnalité aux trois musiciens qui ont réussis à bâtir cette solidité et cette musicalité de grande envergure. Quelques petites influences seront parfois ressenties, notamment Kamelot à quelques petits endroits, mais cela est tellement mineur qu'il faut vraiment tendre l'oreille et avoir envie de chercher des poux pour s'attarder sur ce sujet, tant le combo a réussi son objectif.

 

Sur la production, encore une fois il n'y aura rien à redire, et ceci étant normal au vu des deux maîtres qui sont aux commandes. Le rendu est digne des plus grands, ce qui permet à la formation d'avoir cette puissance qui puisse faire de l'ombre aux noms les plus importants du metal symphonique/progressif/power metal. Bien sûr, chaque instrument joue sans aucune entrave, et la voix, bien qu'en avant, n'est pas sur-mixée comme on aurait pu le craindre au départ. Tout est clair, propre et précis, du grand art.

 

Voilà qui montre qu'en France, dans le domaine du metal symphonique, on possède des références et des nouveaux talents qui ont les cartes en main pour rayonner sur la scène internationale. Symakya n'est qu'à son premier coup d'essai mais place la barre haute, vraiment très haute et ce dès le début. Avec un chant d'une telle qualité, un son aussi limpide, des titres regorgeant de tant de force, d'allure et de fougue, il est ardu de trouver à redire sur cette première copie des nancéens. Cependant, il sera conseillé au trio français de faire quelque peu attention : à force de vouloir trop tirer sur le progressif, il ne faudrait pas perdre l'auditoire, le laisser décrocher avec des longueurs regrettables et des choix un tantinet hasardeux (la suite « Genesis »/« The First Disturbing Contact »). Des conseils avisés qui pourront aider à grimper des sommets, déjà quasiment atteints grâce à l'excellence de Majestic 12: Open Files. L'impatience d'entendre de nouvelles pistes grandit dès à présent, voici une galette à mettre entre toutes les mains !

 

 

Note finale : 8,5/10

Site officiel de Symakya

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NOTE DE L'AUTEUR : 9 / 10



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