Dotma – Sleep Paralyses

Quoi, encore un ? Hé oui, les groupes de metal à voix féminine font désormais partie intégrante du paysage metal, s'étant particulièrement développé ces dernières années. Et ce succès, on le doit d'une part à la popularité de Nightwish qui a donné envie à plein d'autres de faire pareil, mais aussi au succès du groupe Evanescence (petite parenthèse, précisons que les américains ne font pas de metal) qui a fait exploser le genre, et mis en exposition une bonne partie des groupes, malheureusement certains tournant vers des bords mainstream (les débâcles de Lacuna Coil ou de Within Temptation, qui a remonté la pente avec The Unforgiving, quoiqu'elle a besoin d'être encore mieux gravie). Pourquoi une telle introduction ? Dans le but, bien évidemment, de vous présenter un nouveau candidat dans la grande aventure, qui enfin sort son premier album et franchit donc une étape décisive.

 

Voici donc un nouvel arrivant, qui, précisions oblige, arrive de Hyvinkää (qui est encore plus dur à prononcer qu'à écrire), donc des paysages enneigés de la Finlande, tout comme un des combo cité ci-dessus. Dotma va ainsi tenter de convaincre son auditoire et de se faire une place dans un milieu saturé, où le moindre faux pas est capable de vous coller une mauvaise réputation pour des années à venir. Après moult demos restées confinées dans l'underground, il est temps pour le phoenix de sortir des cendres et de déployer ses ailes pour illuminer le ciel, ou de refroidir ses ardeurs et de ne montrer qu'une pâle facette de son identité, confinant à un anonymat durable. Sleep Paralyses, tout premier méfait longue durée datant de fin Mars 2011 sur Scarlet Records sera, vous l'aurez probablement compris, déterminant pour la suite de la carrière des finlandais.

 

Rendons à César ce qui est à César : l'une des forces qui caractérise Dotma, c'est celle de savoir instaurer des ambiances au fur et à mesure des morceaux. Bien sûr, les plus durs d'entre vous reprocheront une trop grande homogénéité et uniformité dans les différentes atmosphères qui sont proposées tout au long du brûlot, mais mine de rien, cela donne tout un charme à notre quintette scandinave. Appliqués dans leur tâche, le guitariste, le claviériste et la jeune chanteuse sont les principaux protagonistes de ce climat nostalgique et assez féérique, qui ne sera pas sans évoquer aux plus fleur bleue d'entre vous les bons vieux Edenbridge, Leaves' Eyes ou Diabulus in Musica dans cet aspect chaleureux et délicat. On se prend au jeu, et agréablement, l'auditeur est bercé par le rythme et la mélodie qui émane des pistes. Quoi de mieux qu'un « Indian Fall » pour profiter d'un instant de douceur après une longue journée harassante, ou encore « Legend of Blackbird » pour danser la valse avec la jolie voix féminine ?

 

Que serait, d'ailleurs, du metal romantique et mélancolique sans le chant qui l'accompagne de la même manière, et celui d'une demoiselle de préférence. Là arrive Johanna Lesonen qui réussit à tirer son épingle du jeu avec pas mal de brio et d'aisance. Dans son interprétation, la finlandaise est en totale adéquation avec la musique, dans des tonalités tristes, avec une voix fluette, qui semble comme du verre prête à se briser, avec une dose d'émotion non négligeable. Tantôt virevoltante, tantôt aérienne, la vocaliste fait vibrer et aime provoquer cet effet, cette osmose entre elle et les ambiances, dont elle est l'une des principales responsable de leur création. Cependant, on pourra blâmer un tantinet la damoiselle sur son léger manque de variations, compensé par un timbre charmant, plaisant, et très sensuel.

 

Cependant, on ne pourra pas évoquer lorsque l'on parle de Dotma l'originalité significative et caractéristique du groupe. Le power metal à voix féminine est devenu monnaie courante, et l'on pensera à Magica, à Nightwish ou à Edenbridge, que ce soit dans les rythmiques et surtout dans le clavier, qui pourtant est un des atouts majeurs pour les cinq compères du nord. Et lorsque l'on sait que, pour percer dans un milieu aussi difficile et surpeuplé que celui-ci, il faut posséder sa touche de créativité (et occasionnellement un physique avantageux, mission accomplie de ce côté pour Johanna), des efforts sont de ce fait encore à fournir avant que les cinq amis de Finlande puisse trouver la patte personnelle qui leur permet de se démarquer, de montrer qu'ils ne font pas uniquement que de surfer sur la vague du succès des formations de la même peuplade (le récent succès d'Amberian Dawn qui rameute une foule de fans de Nightwish époque Tarja).

 

En revanche, ce serait pure hypocrisie que de qualifier de mauvais ce Sleep Paralyses, et surtout totalement faux. En effet, les morceaux, s'ils ne sont pas d'une franche nouveauté, sont très bien exécutés et si les prouesses techniques sont absentes, le niveau musical est suffisamment conséquent pour que la prestation puisse être appréciée à sa juste valeur. Des titres se démarquent vraiment du lot, comme « Legend of Blackbird » qui est la parfaite mise en bouche à la musique du combo, assez représentative de la suite de l'aventure, tandis que « Reborn » est un morceau de power metal typique, assez typé Nightwish, avec des choeurs intéressants, un très bon refrain et une voix masculine accompagnant joliment Joanna. Faites un tour du côté de la ballade « Indian Fall », classique mais efficace, les guitares soulignant la superbe dextérité de la vocaliste, qui s'illumine d'émotions. Cependant tout n'est pas égal, « Silent Sunshine » et « Whispering » n'étant pas d'un niveau équivalent, dommage.

 

Mais ce qui constitue vraiment le coeur de la qualité, ce sont les 3 dernières pistes. « The Cave » est très belle et mystérieuse, intrigante, avec des modulations dans le titre lui-même qui donnent un bel effet. Entre les solos (qui parfois sont assez anecdotiques, mais qui font néanmoins leur effet), les passages calmes et les moments de force, où la batterie semble plus déchainée, le voyage est dépaysant mais on en redemande. « Kingdom of the Sky », durant plus de 11 minutes, suit un chemin similaire pour s'imposer comme la perle du lot, le soleil brillant parmi les étoiles, et le final et ses magnifiques choeurs offrent un superbe spectacle. Enfin, on se laisse surprendre par le guitariste sur « Memory Worth Dying For » et sa structure spéciale mais attachante, avec, encore une fois, un chant à tomber.

 

Côté production, on aurait pu s'attendre à légèrement meilleur, la batterie sonnant un peu comme du carton, assez éloignée dans le mix, et il est à parier que si elle avait été plus en avant, avec une ampleur bien plus importante, le niveau de puissance aurait été rehaussé d'un ton et ça, ça aurait été profitable à une oeuvre qui parfois peut tourner au mièvre. Mais ne jetons pas trop de pierres et de reproches, car dans sa globalité, le tout reste parfaitement audible, les éléments de construction des ambiances (clavier, voix, guitare) restent sur le devant de la scène et ce choix de mixage facilite la mise en place de ces touches de tristesse. Quelques moyens supplémentaires à mettre, mais la beauté est intacte malgré tout.

 

L'objectif n'est qu'à demi rempli mais il est atteint dans une certaine mesure. Si Dotma, avec ce premier album, n'est pas parvenu à trouver l'élément qui lui permettra d'entièrement s'émanciper dans une scène où la concurrence est rude, il possède déjà un superbe cadre et un décor avantageux, en proposant une promesse d'avenir plus que convaincante. Lorsque le vin se transforme en vinaigre et que la majorité des combo du même milieu décident d'inverser la tendance avec une tendance pop irritante et inutile, les finlandais ont bien compris qu'un peu de romantisme et de douces émotions valent bien mieux. Sleep Paralyses ne marquera ainsi pas l'histoire du power metal à chant féminin lyrique, mais malgré tout, le brûlot possède de sérieux arguments pour qu'on lui colle l'étiquette de bon album, qu'il mérite. Alors n'hésitez pas à vous procurer cette première offrande, car elle est à déguster, mais avec modération sous peine de s'ennuyer. Désormais, il faut espérer que le quintette va continuer sur sa lancée et s'améliorer, et ne pas connaître le destin de nombreuses autres formations, à savoir de tourner en rond et de ne jamais parvenir à faire parler d'eux pour leur talent. Dotma est donc à surveiller de près.

 

 

Note finale : 7,5/10

Site officiel de Dotma

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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