Amaranthe – Amaranthe

Ces temps-ci, vous vous demandiez pourquoi Dragonland, le groupe suédois de power/sympho/melodique d'Olof Mörck (également guitariste chez Nightrage, célèbre groupe de death melo suédois) était en stand-by, et que ça fait déjà 5 ans que vous attendez désespérément une suite à Astronomy. La réponse est pourtant toute simple si vous suivez régulièrement l'actualité metal. Notre ami guitariste a décidé d'aller chercher tous ses petits copains en Suède et au Danemark, dans des groupes comme Panzerchrist, The Arcane Order, Dreamland ou encore Within Y pour former Amaranthe, combo mélangeant power metal avec death melo, le tout avec pour caractéristique d'utiliser trois types de voix : le chant clair masculin de Jake E. Berg, le chant death d'Andy Solveström et le chant féminin d'Elize Ryd. Et avec de tels membres, la formation née en 2008 compose un premier EP du nom de Leave Everything Behind et coïncidence ou non, cette dernière a fait parler d'elle.

 

Tellement parler d'elle que voici dorénavant les six compères signés sur le label Spinefarm Records, reconnue depuis longtemps s'il en est. Le 13 Avril 2011 sera donc disponible aux yeux, aux oreilles et dans les rayons le premier brûlot des scandinave, douze titres réunis dans Amaranthe, album éponyme. Qu'en est-il de ce premier jet ? Est-il du calibre de l'EP, supérieur, inférieur, reproduisant ses qualités et ses défauts ?

 

Constatons dès le départ que les scandinaves ont décidés de ne pas faire dans l'originalité, et cela se retrouve déjà dans les structures, taillées courtes, mais efficaces et chaque titre est une bombe potentielle. Le mélange entre les deux influences principales de la formation, à savoir power/heavy et death mélodique, est constamment présent, et constitue en cela le seul point octroyant de la personnalité au sextette. Entre des refrains calibrés, typiques du power metal, avec bien souvent les deux voir claires se faisant échos, le grunt n'appuyant les autres voix sur ces parties qu'avec parcimonie afin de rappeler qu'il existe, les guitares énergiques et des rythmes énervés, la synthèse est parfaitement réalisée, de telle sorte que les fans des deux genres peuvent être comblés assez facilement, ce qui est très certainement le but premier d'Amaranthe.

 

En parlant des morceaux, il sera facile d'évoquer des titres quasi-similaires du début à la fin. Metal moderne oblige, la complexité est mise de côté pour privilégier l'efficacité et, dans cette hostile jungle de titres calibrés et puissants, certains se démarquent, d'autres restent sur le tas. Il est ainsi dommage de constater qu'un « Enter the Maze » n'arrive pas à la cheville du reste, rejoignant « Act of Desperation » au refrain qui n'a ni queue ni tête, formant donc un trio des abandonnés de la qualité avec « Rain », pas mauvaise prise à part mais qui, dans cette sélection naturelle, sera laissée sur le carreau très vite, n'ayant aucune chance de se faire remarquer d'une quelconque façon. Et c'est bien là le problème, car en essayant de chercher le tubesque à tout prix, la méthode se révèle de ce fait à double tranchant, et si certaines pistes restent en tête bien longtemps, plus d'une, bien qu'étant agréable, n'ont pas la même aura, et c'est bien dommage.


 

Autre semblant d'originalité des suédois/danois est la présence des trois types de voix. Malgré tout, l'utilisation faite de chacun d'eux peut créer, parfois, un certain effet de surprise lorsque ces derniers chantent à l'unisson, car force est de constater que les registres s'accordent harmonieusement entre eux. On regrettera en revanche une utilisation parfois trop classique, la voix death étant bien moins présente lors des duo vocaux que les deux voix claires masculines et féminines. De ce côté, la palme de l'atout vocal principal revient à Elize. Son registre pop, pas très éloigné de Sharon den Adel par instants (Within Temptation) accentue le côté tubesque de l'ensemble, et, si le choix d'un tel registre pourra être critiqué, il serait de mauvaise foi de dire que la demoiselle chante mal. Que nenni, car sa voix est variée, pouvant monter en puissance comme se faire douce, en évitant la linéarité, et se blinder d'émotions comme sur la ballade « Amaranthine ». Et ce n'est pas des larmes de crocodile, malgré la simplicité du morceau, car la jeune femme réussit à transmettre de l'émotion. Jake, le chanteur, évolue dans un registre classique du power metal, une voix plutôt grave, certes banale dans le style, mais maîtrisée et agréable, qui plaira sans aucun doute aux aficionados de power metal. Enfin Andy, de son côté, vient assombrir le tableau, ses vocaux apportant un côté plus hargneux à la musique d'Amaranthe, avec une puissance comparable au grogneur de Scar Symmetry, mais la façon dont il est utilisé reste malgré tout assez banale, ne laissant au sieur qu'une maigre portion pour briller.


 

Les morceaux sont tubesques, vraiment calibrés pour plaire à chacun, et ça fonctionne vraiment bien. Les deux titres d'ouverture semblent les mêmes mais rayonnent, « Leave Everything Behind » et « Hunger » possédant un charme et une patate plutôt jouissive. Dans ce rayon, « Automatic » viendra contenter les palais, par une bonne humeur communicative et une prestation vocale digne de ce nom. « Director's Cut », morceau qui ne fera pas l'unanimité car pouvant apparaître comme plus faible, ne renie pas une part plus sombre, avec un chant clair féminin assez intimiste, où les présences sur le devant de la scène insuffleront davantage d'émotions que ses compères. Des touches electro sont omniprésentes, comme avec « 1.000.000 Lightyears » ou « Call Out My Name », qui reçoivent la récompense des pistes les plus entêtantes, et parmi les plus bombastiques de l'année. C'est putassier (permettez l'expression), c'est racoleur, mais tellement bon. « Amaranthine » est une ballade dont l'utilité première est de prouver qu'Elize Ryd, malgré son grain de voix commun, est une très bonne chanteuse, et nous en voici donc convaincus. « My Transition » et « Serendipity » ne se dévoilent pas dès les premières écoutes, et il faut revenir dessus plusieurs fois pour saisir leur intérêt et leurs bons côtés, surtout pour « Serendipity » supérieure à la première nommée.


 

Le côté synthétique et plutôt froid présent sur l'oeuvre ne permet pas à l'oeuvre de dégager beaucoup d'ambiances, celles-ci étant plutôt identiques, du fait que les titres eux mêmes se ressemblent à de nombreux aspects. Pour autant, on ne reste pas insensible à quelques efforts du sextette, notamment cette faculté qui rend les titres immédiatement sympathiques à l'oreille. Autant généralement, la recette appliquée est vite ingurgitée et vite oubliée, autant il reste un ensemble mélodique qui, sur ce Amaranthe, tient la route et emporte l'adhésion. Évidemment, la musique délivrée est, à de nombreux points, très easy-listening, et à l'instar d'un The Murder of My Sweet pour Daniel Florès, Amaranthe est à Olof Mörck un excellent faire-valoir. Malgré tout, le gouffre de qualité entre les deux est plutôt important, mais ça, c'est une autre histoire et un registre musical qui n'est pas entièrement le même.


 

Sur la production, il est difficile de ne pas se rendre compte que de forts moyens ont été mis pour pouvoir donner un son clair et limpide au tout. Malheureusement, on sera pris de regrets en entendant les quelques effets placés sur certains titres, comme des distorsions mal venues sur les voix, freinant la puissance de ces dernières et enlevant un côté plus rentre-dedans présent sur l'EP, qui pourtant était plaisant. Le mixage est cependant plutôt avantageux, chacun des instruments possédant son espace d'expression et, de ce fait, aucun n'étant mis en retrait par rapport à un autre.


 

Moralité de l'histoire ? Amaranthe livre avec ce premier album éponyme une foultitude de pièces faciles d'accès, assimilables dès la première écoute, avec des refrains calibrés et des mélodies simples mais efficaces, dans un genre lorgnant vers le power metal moderne à touches death et symphonique. Pour autant, est-ce mauvais ? Non, et même si il aurait été souhaitable d'obtenir un peu plus de prise de risque, l'engouement existe bel et bien et la fraicheur qui se dégage du premier brûlot des suédois/danois reste très plaisant. Dès à présent, il n'y a plus qu'à espérer qu'à l'avenir, Olof décide d'apporter une touche de complexité et une pièce plus éloignée et expérimentale que les autres, et dans ces conditions, on pourra qualifier le groupe de vraiment très bon.

 

 

Note finale : 7/10

Myspace d'Amaranthe

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NOTE DE L'AUTEUR : 7 / 10



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