Gautier Serre alias Igorrr, ténor du baroquecore

"Je vois Igorrr comme une forme de liberté musicale totale."


Insaisissable. Voilà enfin un adjectif approprié pour décrire la musique d'Igorrr, mais aussi son géniteur, Gautier Serre. [NDLR : cet entretien va nous apprendre quelques détails sur ce sujet] Mal à l'aise pour parler de sa musique, il a néanmoins accepté de répondre à nos nombreuses questions par mail. Voici ses réponses, en espérant qu'elles aideront nos lecteurs à découvrir, ou mieux comprendre cet ovni de la musique électronique, ayant trouvé le parfait amalgame entre breakcore, musique baroque et metal.

Après Tigran Hamasyan, voici un deuxième volet de choix à l'Entretien Métallique.

English readers, please head down this page for a translated version of this interview

 


Même si Igorrr commence à gagner de la notoriété dans la sphère metal, il y a sans doute pas mal de nos lecteurs qui n’ont jamais entendu parler de toi et ta musique. Comment présenterais-tu le projet d’un point de vue musical ?

Gautier : C'est toujours difficile à présenter, nous ne sommes pas un groupe de métal, il n'y a pas de formation classique avec une basse, une batterie, une guitare, etc… L'idée est plutôt d'essayer de faire la musique avec le moins de limites possible. Il y a de la musique baroque, de L'IDM, du breakcore, du black et du death, de la musique traditionnelle, tout ce que j'adore en fait. C'est vrai qu'il y a de plus en plus de métalleux qui viennent a nos concerts, ça me fait plaisir parce que je viens vraiment du métal aussi !

Quelles sont tes influences musicales principales ? Par cela, je veux dire celles sans lesquelles ta musique ne serait pas telle qu’elle est aujourd’hui selon toi.

Il y a pas mal de groupes qui m'ont marqué, je pense à Meshuggah, Cannibal Corpse, Domenicco Scarlatti, Aphex Twin, Portishead, Mr Bungle, Mayhem, Taraf de Haidouks, mais j'en oublie des millions d'autres !

Dans Igorrr, la musique classique tient une place de choix. D’où te vient cet attrait pour cette musique jusqu’au point d’en incorporer autant dans tes propres compositions ?

J'en ai aucune idée, tu sais, quand tu tombe amoureux d'une musique, tu ne sais pas pourquoi, c'est juste un truc qui te parle, après, moi c'est d'avantage la musique baroque que la musique classique, donc la période juste avant. Au début, le claveçin, je trouvais ça horrible, froid et métallique, et plus j'en écoutais, plus je trouvais qu'effectivement, c'était horrible, mais au bout du compte, c'était tellement à l'opposé de ce que je voulais entendre que je trouvais ça génial, sans trop comprendre pourquoi. Je me souviens avoir ressenti la même chose la première fois que j'ai entendu du Cannibal Corpse quand j'avais genre treize ans.

Ta dernière sortie est un EP en collaboration avec ton compatriote Ruby My Dear, qui officie lui aussi dans la scène breakcore. Peux-tu nous parler de la genèse de Maigre ? 

Ruby My Dear est un des musiciens Français que je préfère. En plus de cela,  nous sommes amis et on se voit régulièrement, les choses se sont donc faites un peu naturellement, on s'est envoyé des idées et des bouts de morceaux,  petit à petit on a construit un truc qui nous plaisait beaucoup, du coup on a continué et on a peaufiné nos cinq morceaux jusqu'au bout, avant de les sortir. Il y a vraiment 50% de lui et 50% de moi dans cet EP, c'était vraiment un chemin commun, et il n'y a pas de trucs du genre, "lui fait la batterie, moi les instrus" ou de trucs comme ça, on a fait tous les deux de tout, partout.

Quelle est ta méthode habituelle pour composer ?

C'est ma poule, Patrick, qui compose pour moi.
 

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Il y a une esthétique « bizarre »  d’Igorrr, d’abord dans ta musique mais qui est aussi déclinée dans les titres des paroles et les artworks. Qu’est-ce qui t’attire vers l’étrange ?

Sans doute la même chose que ceux qui apprécient ça aussi ! C'est toujours dur à expliquer avec des mots ce genre de trucs, je pense que la pochette d'Hallelujah sera bien plus explicite qu'une tentative sans doutes foireuse de ma part d'expliquer ça avec de vrais mots.

Au-delà de la blague, est-ce qu’il y a un message dans ta vidéo mettant en scène un poulet jouant du piano ?

Il n'y a pas vraiment de message non, l'idée était de trouver un moyen de composer quelque chose qui ait du sens à partir de quelque chose qui n'en a pas. Patrick, quand elle a joué sur le piano, n'a respecté ni clic, ni bpm, ni aucune gamme ou aucun truc qui m'aurait permis d'arranger tout ça facilement. C'était justement ça qui était cool : passer des journées entières à rejouer à la guitare parfaitement calée, pour interpréter ce que Patrick avait joué instinctivement avec un bpm et des gammes très variables.

La personnalité d’Igorrr est aussi marquée par des collaborations avec d’autres artistes, je pense notamment à Pryapisme, mais aussi Teloch de Mayhem ou Öxxö Xööx et Laure Le Prunenec. Qu’est-ce qui te pousse  à multiplier les collaborations ?

J'imagine que c'est l'envie de toujours découvrir de nouvelles perspectives dans la musique qui me pousse à collaborer avec d'autres gens. Je n'ai pas vraiment envie de m'enfermer dans un style ou dans une manière de faire. Justement, le projet  Igorrr, c'est un truc qui me permet de me libérer de tout ça. Je vois ce projet comme une sorte de liberté musicale totale.

Peux tu décrire ta collaboration avec Pryapisme, un groupe qui est à la fois très proche et très loin de toi musicalement ?

Avec Pryapisme, j'ai commencé à faire des riffs avec Nicolas Sénac il y'a pas mal d'années de ça. Pourquoi ? Parce que c'était cool ! Nico est un excellent guitariste metal : il a un poignet droit de malade ! Ensuite avec Ben sur « Vegetable Soup », c'est pour les mêmes raisons : on est amis et on vit dans la même ville. [NDLR : Clermont Ferrand]. Ca s'est fait tout seul, et ça me paraîssait évident qu'il fallait que ce soit lui qui fasse ce synthé sur ce titre. Il y a aussi deux musiciens de Pryapisme qui jouent dans mon side-project Corpo-Mente Nils Cheville et Antony Miranda.

 Même question avec Öxxö Xööx et Laure le Prunenec de Rïcïnn.

Laurent Lunoir est un ami de longue date, ça fait très longtemps qu'on fait de la musique ensemble, et j'adore toujours autant sa voix, ça me parait naturel de lui envoyer tous les morceaux avec une place pour lui. Et c'est globalement la même chose avec Laure, ça fait maintenant un petit moment qu'on fait de la musique ensemble, on a beaucoup de projets, et du coup, vu qu'on se vois souvent, on fait des tests, on expérimente, on enregistre et on fait plein de trucs tout le temps.
 


Et qu'en est-il de cette surprenante collaboration avec Teloch de Mayhem ?

J'était en contact avec Teloch depuis quelques années, et pour 2 morceaux de Hallelujah j'avais besoin d'une patte et d'un son black metal bien précis. Je lui ai demandé si il était chaud pour participer à ces morceaux, et il m'a envoyé plein de trucs géniaux, du coup ça s'est fait comme ça, très simplement.

La musique d’Igorrr est souvent un patchwork  de plein de composants musicaux différents. Est-ce que tu te limites en essayant de mettre de la cohérence dans tes compos ou au contraire, tu préfères laisser filer ton imagination ?


Il y a une grande cohérence pour moi, oui. Tout est très logique, mais je ne vois pas ça comme une limite. Au contraire, la cohérence permet de pousser les trucs bien plus loin que le chaos, je pense.

Tu as fait des remixes de Meshuggah et de Morbid Angel. Comment ça c’est fait ?

Pour le remix de Meshuggah, j'ai fait ça comme une blague, j'ai découpé chaque coup de caisse claire sur un morceau, et je les ai mis bout a bout en rythme, ce n'est pas un truc officiel, mais Fredrik Thordendal m'a dit que ça l'avait bien fait marré. Pour la musique avec Morbid Angel, c'est différent, c'est leur label qui m'a contacté pour que j' « igorrrifie » un de leurs morceaux. J'adore Morbid Angel, et je l'ai fait avec plaisir.
 

Les samples que tu incorpores dans ta musique pourraient faire penser que tu écoutes beaucoup de styles de musique différents. (Paco de Lucia, musique classique…) Pourrais-tu nous citer deux trois albums qui constituent tes principales écoutes en ce moment en métal ? (s’il y en a) Et peut être un ou deux artistes de la scène break core pour des métalleux qui voudraient découvrir ?


Pendant que je réponds à cette interview, j'écoute Leviathan, de Xasthur. Mais en ce moment ce que j'écoute, ce n'est pas trop métal, je suis dans la musique traditionnel Roumaine, et un guitariste sud américain de génie qui s'appelle Augustin Mangore Barrios. Pour les métalleux qui voudraient écouter du Breakcore, je ne leur conseillerais que trop peu d'aller jeter une oreille à Ruby My Dear et Venetian Snares.
 

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Comment ça se passe pour toi en live ? Je sais que Rémi Gallego de The Algorithm fait jouer la chanson nue via son ordinateur puis rajoute ses effets et couches par-dessus. Tu fonctionnes de la même manière ?

C'est toujours compliqué de faire de la musique comme ça en live, il faut trouver des moyens intéressants de le faire, et ça dépend vraiment des morceaux, certains sont plus adaptés au fait d'être bourrés d'effets sur scène. Pour d'autres, il faut se concentrer pour construire et déclencher les bons samples au bon moment. C'est comme un puzzle qu'il faut reconstituer en live avec les bonnes pièces au bon endroit et au bon moment.

Pour ma part c'est un peu de tout cela. Après, quand je joue avec les chanteurs, je ne peux pas faire n'importe quoi non plus. Je ne peux pas trop déconstruire les morceaux parce que je casse leurs repères, ils peuvent être perdus et beaucoup m'en vouloir de se planter à cause de moi !

Justement, pendant longtemps, le métal n’a jamais eu d’artistes qui composaient et jouaient en live entièrement avec un ordinateur, mais avec des gens comme toi et The Algorithm, c’est en train de changer. Est-ce que tu penses que l’utilisation de l’ordinateur sera essentielle pour que le genre continue d’évoluer ?

Pour ce genre de musique, oui, à partir d'un moment, ça devient très difficilement jouable humainement. Les effets de cuts et de boucles sont faisables en live, mais ils ont besoin d'être traités par un ordinateur ou une machine hardware. Après, si c'est juste histoire de rajouter quelques sons électros sur un groupe metal, non, tu peux très bien t'en passer.

Est-ce que tu arrives à vivre de ta musique aujourd’hui ? Hormis les problèmes de technique pures, est-ce que tu penses qu’un projet comme Igorrr aurait pu marcher dans les années 90, sans internet et tout ce que ça implique ?

Je vis de ma musique oui, et je pense que dans les années 90, je me serais fait brûler au bûcher 🙂
Après, si ça avait marché dans les années 90, ça aurait été plus facile qu'aujourd'hui, parce que les disques se vendaient bien mieux à l'époque !

Ton label Ad Noiseam est basé à Berlin, une des capitales de la musique électronique. Mais est-ce que tu as des retours positifs et des opportunités à des endroits où les gens ont tendance à être plutôt conservateurs en matière de métal ? (typiquement l’Allemagne hors Berlin)

Oui, les retours sont très positifs en Allemagne, j'ai eu l'opportunité de jouer au Berghain pour la sortie de Hallelujah, mais sinon, on retourne régulièrement la bas, et à chaque fois c'est super cool.

Pour conclure cet entretien, peux-tu nous parler de tes futurs projets pour cette année ?

Il y a plein de trucs en cours cette année, je travail a fond sur mon nouvel album, mais on prépare le live avec Corpo-Mente aussi, on va commencer à tourner fin 2015. Il y a aussi plein d'autres choses croustillantes dans les tuyaux, mais je ne pourrais en parler qu'un peu plus tard !

Entretien par Tfaaon (Facebook)

English version

The Metallic Interview : Gautier Serre, alias Igorrr, a baroquecore tenor
 

" I consider Igorrr as a form of complete musical freedom "

Elusive is probably the best adjective to describe Igorrr's music, but also his genitor, Gautier Serre. [EN : this interview will give us some details on that, actually] Uncomfortable for speaking about his music, Gautier nevertheless accepted to answer our numerous questions through e-mail. Here is what he had to say. We hope this will help our readers to discover, or to have a better understanding of this UFO of electronic music, who crafted the perfect amalgam between breakcore, baroque music and metal. After interviewing Tigran Hamasyan, this is the perfect circle sequel to The Metallic Interview.

Even if Igorrr is starting to get some hype in the metal spheres, there must be a majority of our readers that hasn’t heard about you yet. Who would you introduce the project through a musical point of view ?

It’s rather difficult to introduce it. I mean, we are not a metal band. It’s not a classic line up with bass guitar, drums, guitars, etc… The idea  is rather to make music without setting any limit, when possible. In Igorrr, you can find baroque music, IDM, breakcore, black metal, death meta, traditional music… Every kind of music I dig, basically. That being said, it’s tre that more and more metalheads are coming to our shows, and it feels great, since I really come from the metal world myself.

What are your main musical influences ? By that, I mean those without whom your music would not be as it is today, according to you.

There are quite a few bands that had an impact on me. I think about Meshuggah, Cannibal Corpse, Domenicco Scarlatti, Aphex Twin, Portishead, Mr. Bungle, Mayhem, Taraf de Haidouks, but I’m probably forgetting millions of them, actually.

Classical music holds an important share in Igorrr. How did you get this interest in this type of music, to the point of incorporating it that much in your own pieces ?

Man, I have no idea. You know, when you fall in love with a certain type of music, you usually don’t know why you like it. It is just something that appeals to you. That being said, to me, it’s more about baroque music than classical music. Because classical music is what came after baroque from a chronological perspective.

At first, I hated harpsichord. I thought that sounded horrible, cold, and metallic. And the more I listened to it, the more I thought that, indeed, it sounded horrible. Yet, harpsichord was so much at the opposite of what I wanted to hear that, in the end, I started to love it, but without really understanding why I liked it. I remember that I got the exact same feeling when I heard Cannibal Corpse for the first time, when I was about thirteen years old.

Your latest release is a collaborative EP with your French countryman Ruby My Dear, which also comes from the breakcore scene. Can you tell us a bit about the genesis of Maigre ?

Ruby My Dear is one of my favourite French musicians. Furthermore, he is a friend of mine, and we meet up quite often. So things when up quite naturally. We sent each other ideas and bits of songs. Brick by brick , we built something that we liked a lot. So we kept going and crafted our five songs as much as we could. Then we released it ! I have to say, this EP is really 50 % by him and 50 % by me. It’s a common path. There is no stuff like « you do the drums, I’ll do the instruments » or anything like that. We did a bit of everything altogether, everywhere.

What is your usual way of composing music ?

Well, my hen Patrick composes everything for me.
 

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There is a « bizarre » aesthetic around Igorrr, which is to been observed in your music first, but also in the song titles and the artworks. What draws you to bizarre ?

Most probably the same thing that people who like this kind of art as well. This is rather difficult to explain with words. I think the Hallelujah artwork would be way more explicit that any wanky attempt from me to explain it with actual words.

Beyond the joke, it there a message behind your video with your hen playing piano ?

There is not really a message. The idea was to write something which made sense, from something which did not. My hen Patrick, when playing the piano, did not respect any clic, BPM or musical scale, or anything that could have made it easy for me to arrange something. And that is actually what was cool about it. Spending days playing a guitar part that would perfectly fit, interpreting what Patrick had played instinctively with a BPM and varying musical scales.

Igorrr’s musical personnality is marqued with the blueprint of collaborations with other artists, those being Pryapisme, Teloch from Mayhem, Öxxö xööx or Laure le Prunenec. What is it that encourages you to do all these collaborations ?

Well, the urge to discover new perspectives in music constantly is what pushes me to work with other people, I guess. I really do not feel like getting trapped in a style or in a certain way of doing music. To the contrary, the Igorrr project is something that allows me to be liberated from all this. I see this as a form of total musical freedom.

How did your collaboration with Pryapisme happen, a band that is both quite far away and quite close to what you do ?

With Pryapisme, I started doing riffs with Nicolas Sénac quite some years ago. We did it because it was cool, basically. I mean, Nico is an excellent metal guitar player. He has an incredible right picking hand. Regarding Ben Bardiaux on « Vegetable Soup », it happened for the same reasons, really. We are friends and we live in the same town. [EN : Clermont Ferrand] It almost happened by itself. I mean, it seemed obvious for me that he should play that synth part on that track. I also have to say that Nils Cheville et Antony Miranda, two musicians from Pryapisme, are playing in Corpo-Mente, my side project band.

Same question about Öxxö Xööx and Laure Le Prunenec from Rïcïnn ?

Well, I’ve known both of them for quite a long time. Laurent Lunoir is a long-time friend, and we have been doing music together for years. To this day, I still love his voice and it seems natural to me to send him all the tracks with some room for him ! Concerning Laure, it’s basically all the same. We have been doing music together for a while now. We have loads of projects, and, as we see each other quite often, we test things, we experiment, we record… We are doing a lot of things together all the time.
 

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What about Teloch ?

Well, I was in contact with him for some years and I needed a specific black metal playing and sound on two tracks from Hallelujah. So I asked him if he would be interested, and he sent me loads of incredibles stuff. So, that’s how it happened, very simply.

Igorrr’s music is often a patchwork of loads of different musical components. Do you limit yourself by trying to put coherence in your compositions, or, to the contrary, do you rather let your imagination loose ?

To me, there is indeed a great coherence in what I do. Everything is quite logic, but I do not consider this that as a limit. Actually, coherence allows you to push things further than chaos, to me.

I’m aware that you did some Meshuggah and Mordid Angel remixes. How did that happen ?

Regarding the Meshuggah remix, I mostly did it as a joke. I cut every hit on the snare drum and I pasted them next to another in rythm. It is not an official thing, but Fredrik Thordendal told me that he had fun listening to it. For the Morbid Angel remix, it’s quite different. This time, their label contacted me, as they wanted me to « Igorrr-ify » one of their tracks. I love Mordid Angel, it was a pleasure to do this !

The samples that you incorporate in your music could make one think that you listen to a very broad panel of musical genres. (Paco de Lucia, baroque music, etc…) Could you still name us a few metal albums that you are currently listening to, if any ? And perhaps give us one or two artists from the breakcore scene for curious metalheads who would want to discover the genre ?

As I’m answering to this interview, I’m listening to Levianthan by Xasthur. But currently, I’m not that much into metal. I really did Romanian traditional music, and a South American genius guitar player called Augustin Mangore Barrios. For metalheads qui would want to discover breakcore, I can not recommend them enough to try out Ruby My Dear and Venetian Snares.

 

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How does it actually happen for you in a live situation ? I know Rémi Gallego from The Algorithm plays the naked track trough the computer, and then adds his effects above it. Do you proceed the same way ?

It’s always difficult to play music like this live. You need to find interesting ways of doing it, and really depends on the tracks you’re playing. Some of them can be completely transformed with effects, and on other tracks, you need to stay focused to build and trigger the rights samples at the right time. It’s just like a jigsaw puzzle that you need to rebuild live, with the good pieces at the right place and in good time. For my part, it’s a little bit of everything. But, when I play with the singers, I can’t fuck around too much, I can’t deconstruct the tracks completely, as they would lose their landmarks, and get mad at me for making a mistake because of me.

Furthermore, for a long time, metal never had artists whom wrote and played live entirely with a computer. But with people like you or The Algorithm, it’s starting to change. Do you think the use of the computer will be essential for the genre to continue evolving ?

For this genre of music, yes. At some point, it gets hardly playable humanly speaking.  The cutting effects, the loops can be done live, but they need to be treated by a computer or a hardware machine. Yet, if you just want to add a few electro sounds to a metal band, then no, you can definitely go without a computer.

Do you make both ends meet with your music today ? Aside from the technical issues, do you think a project like Igorrr could have worked in the nineties, without Internet and all that is implied by it ?

Yes, I live from my music today, and I think I would have gotten burnt to the pyre in the nineties ! 🙂
Yet, if it had worked in the nineties, it would have probably been easier than today, as records sold much better back then.

Your label is based in Berlin, one of the capital cities of electronic music. Still, did you get any good feedback or opportunities to play in places where people tend to get quite conservative in terms of metal ? (Germany outside of Berlin for instance ?)

Yeah, the feedback is awesome in Germany. I got the opportunity to play at Berghain for the release of Hallelujah. But appart from that, we go back there quite often, and it’s awesome every time !

To end this interview, could you give us a word about your future projects for this year ?

Well, there are a lot of things going on this year. I’m currently working like a maniac on my new album, but we are also preparing the live shows with Corpo-Mente. The tour should start around the end of 2015. There are also a lot of other crunchy things scheduled, but I won’t be allowed to talk about about it for now !

Interview by Tfaaon (Facebook)
 

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