Igorrr (+ Ruby My Dear) au Petit Bain (28.04.2015)

Igorrrgasmique


L’affiche était suffisamment belle pour attirer l’attention. Deux pointures du breakcore, deux français, en tête d’affiche du Spring Break Core Festival 2015 : Igorrr et Ruby My Dear, qui s’étaient fait remarquer en sortant un excellent EP collaboratif intitulé Maigre, fin 2014. En ce début de printemps, il était temps pour eux de donner vie à cette collaboration sur scène. Et c’est  dans le cadre agréable du Petit Bain que cela devait se passer.

 

Ruby My Dear

Après un DJ set aux sonorités mélangeant allègrement indus et breakcore signé DJ S.Y.D, c’était au tour de Julien Chastagnol, alias Ruby My Dear, de monter sur scène. Sur une intro’ façon didgeridoo, Ruby nous emmène dans son univers, pour nous interpréter sa vision du genre. On peut déjà se délecter d’un son à la fois fort, claquant et précis, des qualités bien appréciables pour ce type de musique.
 

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Les compositions de Ruby My Dear sont un véritable patchwork, intelligemment placée entre le breakcore pur jus et des bidouillages sonores vraiment inventifs et agréables à l’écoute. On passe de mélodies orientales à des rythmiques épileptiques et très lourdes par des transitions bien amenées. A l’écoute, on peut sentir l’influence de grands noms de l’IDM, le premier nom venant à l’esprit étant Aphex Twin. Les similitudes entre les deux sont notamment d’expérimenter de nouvelles sonorités pour obtenir des compositions groovy qui font quasi-instantanément hocher les têtes et taper du pied, quand ce n’est pas danser !
 

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Ruby My Dear sait varier les climats, et espace ses passages rentre-dedans avec des parties planantes du meilleur effet. Toujours servi par un son très tranchant et propre, en particulier au niveau des basses, il ne met pas longtemps à convaincre le Petit Bain, qui est déjà bien rempli. Sa large de palette de sons et de samples est vraiment appréciable, et constitue clairement l’un de ses points forts. On entendra notamment un clin d’œil au vieux jingle de Canal + mais aussi à Whourkr, ancien projet de Igorrr. Alors que les éléments se déchaînent dans les airs avec un orage de saison, Ruby My Dear nous aura foudroyés sur terre, avec des compositions fraîches et inventives. L'écoute de ses albums Form et Remains of Shapes To Come plus que recommandée aux curieux avides d’explorer de nouveaux territoires musicaux !
 

Igorrr
 


Soyons honnêtes, certains artistes nous rendent la vie dure, nous autres journalistes. Très clairement, Igorrr (alias Gautier Serre) fait partie de ceux-là, car sa musique est difficilement descriptible avec des mots. En effet, il déploie tellement de d’inventivité, de virtuosité dans la composition, que ça en devient presque étourdissant. Personne ne sonne comme Igorrr, il a trouvé sa voie, et personne d’autre ne l’a emprunté avec autant de réussite, pour l’instant. Ce mélange de breakcore, metal, et musique classique est complètement jouissif, pour peu qu’il ait été un minimum apprivoisé par l’auditeur peu habitué à être exposé à ce type de musique. Bref.
 

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Le set d’Igorrr commence sous les meilleurs auspices, puisqu’il profite de la présence de Ruby My Dear l’inviter sur scène et nous interpréter les titres de Maigre. On voit donc Julien et Gautier se déchaîner sur leur matériel, déployer moult effets et coupures pour donner un aspect plus vivant aux morceaux. Mais le concert prend une toute autre dimension lorsque Laure Le Prunenec (chanteuse dans Rïcïnn, Öxxö Xööx, et collaboratrice de longue date de Gautier) arrive sur scène, et fait résonner sa voix entre les quatre parois du Petit Bain. Cette voix, messieurs, dames… On pourrait faire un article entier cette voix. Que vous dire si ce n’est qu’elle sonne exactement comme sur album, si ce n’est mieux… Elle chante en mettant toute son âme dans son interprétation, tout en justesse et en puissance. Elle sublime les compositions de nos deux DJs en herbe, en plus d’avoir un jeu de scène très théâtral et visuel, qui ajoute beaucoup à sa performance.
 

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Quelle expérience, le son est vraiment excellent si l’on est placé au niveau de la table de mixage. L'expérience Igorrr est donc complète.  L’entièreté de Maigre est interprétée, avec des apparitions sporadiques de Laure, qui est égale à elle-même tout le long du concert. On la voit aussi littéralement danser sur la musique, spectacle loin d’être déplaisant et permettant de s’imprégner encore plus de la performance.
 

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Ces premières vingt minutes seront passées très vites, il est maintenant temps pour pour Ruby My Dear de tirer sa révérence pour ce soir, et laisser sa place à Laurent Lunoir, officiant lui aussi dans Öxxö Xööx et collaborant avec Igorrr depuis l’album Nostril. Affublé d’un maquillage évoquant le corpse-paint et équipé d’un micro singulier, il délivre lui aussi sur une performance vocale unique et complètement maîtrisée, dans les hurlements comme dans sa voix claire si caractéristique. On retiendra particulièrement sur « Grosse Barbe », qui est le fruit d'un travail titanesque en studio. Ensuite, tout s’enchaîne très vite, et toujours avec brio, notamment un « Double Monk » qui continue d'ébouriffer l'audience.
 

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Voir les trois musiciens dans un tel état second vivre cette musique est émtionellement fort. Surtout quand cette implication est accompagnée d’une interprétation aussi impressionnante ! En effet, Laure Le Prunenec, non contente d’avoir un magnifique chant clair, gère très bien aussi les hurlements ! La question est : comment fait-elle ? Toujours parfaitement mis en son, le concert défile plus vite que les blasts électroniques largués par Gautier. On atteint donc déjà le rappel après un « Moldy Eye » dantesque, avec « Damaged Wig » et « Tout Petit Moineau », véritable pinacle du concert. Ce final ouvre le troisième œil des spectateurs, et fait danser la fosse sur des samples de Beethoven et Scarlatti, dopés au metal et au breakcore. Ou comment résumer tout le génie d’Igorrr en une phrase. 
 

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Vous l’aurez compris, ce concert d’Igorrr était hors normes. Alliant un talent de composition indéniable avec des interprètes bourrés de talent, complètement rodés pour la scène, et un son quasi-exempt de reproches, le trio a délivré une performance exemplaire à bien des égards. Et très accessoirement un des meilleurs concerts auquel l’humble rédacteur de cette chronique a assisté. Une expérience plus que recommandée à tout amateur de musique puissante,  qu'elle soit metal ou non.

Compte rendu par Tfaaon (Facebook)

Photos : Arnaud Dionisio / © 2015 Ananta
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe
 

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