Sel Balamir, chanteur-guitariste du groupe Amplifier



Sel Balamir, le gutariste, chanteur et producteur du groupe britannique Amplifier était à Paris le 12 mai dernier. J'ai eu le plaisir de le rencontrer et d'avoir avec lui une conversation passionnante, notamment au sujet de leir troisième album - The Octopus...

Nastia :  The Octopus est un album concept , peux-tu nous le résumer en quelques mots et nous expliquer la raison pour laquelle vous avez eu cette démarche?

Sel : Il est difficile d’expliquer le concept, juste en en parlant. C’est la raison pour laquelle nous avons fait de la musique et un bouquin à propos de celui-ci.

Le concept est  un concept en lui même. C’est l’idée de The Octopus, qui n’est pas une histoire, ni un opéra-rock, ni même une narration avec un début, un milieu et une fin avec dénouement, c’est un processus. Ce processus est en fait une explication de l’existence; que l’existence n’est qu’un état des choses qui est le résultat des conséquences d’état des choses passées. Si on suit cette logique tout les états de chose sont un peu comme l’entropie en ce qu’ils tombent les uns après les autres dans le chaos.

Comment cela se traduit-il dans l’album? En fait ça ne s’entend pas vraiment sauf que toute la musique qui est sur The Octopus est le résultat d’états des choses qui nous entouraient lors de sa création. L’ambiance de The Octopus est que nous ne somme pas réellement libre de faire nos choix de façon indépendante. Nous avons l’illusion que nous sommes indépendants mais en réalité, la liberté n’existe pas vraiment, et c’est assez contradictoire avec le son de l’album, que nous avons essayé de faire sonner aussi «libre» que possible. C’est un paradoxe, voilà ce qu’est The Octopus. C’est assez compliqué... je ne peux pas donner une réponse simple. Ce n’est pas comme quand les gens disent : «le concept de Dark Side Of The Moon c’est : une exploration de la folie...» ce n’est pas comme ça. C’est beaucoup plus nébuleux et oblique, comme un nuage de brume. Nous essayons de parler de choses qui sont difficiles à exprimer avec le seul langage. C’est un sujet qui m’intéresse énormément, et qui doit être l’une des principales raisons pourquoi je fais de la musique, et pourquoi beaucoup de gens font de la musique.

Avec la musique nous explorons et exprimons des choses de façon bien plus puissante, émouvante et magique qu’on ne pourrait jamais le faire avec des mots. Et, ces choses dont nous parlons ne sont pas uniquement des idées basées sur des concepts abstraits, mais plutôt des idées précipitées par le fait que nous sommes en vie et que nous avons tous nos vies et nos vies ne sont que l’amas de toutes les choses qui nous sont arrivées, toutes les circonstances... c’est ce qu’on appelle sa propre histoire, l’histoire sociale, l’histoire universelle... mais en fait tout ça n’existe pas... c’est une illusion, comme la musique. La musique est une illusion aussi, elle n’existe vraiment nulle part. C’est une vibration, c’est ça le sujet de The Octopus. Et voilà! C’était un peu dur à expliquer mais... c’est pour ça que l’on en à fait un bouquin et un disque! Dans le bouquin... il à des mots, il y a des images... il y a des images de mots... tout est relié. C’est assez athée mais aussi spirituel... c’est beaucoup de choses qui sont pertinentes pour nous et qui nous donne des raisons pour être ici et faire ce que nous faisons. Au final quand tu es dans un groupe, c’est difficile de trouver un sens à sa vie car ce que tu fais est en fait ridicule. Donc The Octopus est un moyen pour nous de donner du sens à ce que nous faisons. C’est une mission. Mais bon, il y a des gens qui aime donc... j’espère que cela peut donne à d’autres gens un peu de sens aussi, à certaine choses dans leurs vies... Nous aimons la musique qui donne l’espace pour penser à des choses ou de contempler des choses, ou simplement explorer... il y a de la musique qui est très bien pour ça et de la musique qui est bonne pour d’autres choses... et avec The Octopus nous espérons créer un espace où  nous pouvons parler au gens et créer un espace ou les gens peuvent penser aux choses aussi...

Comment s’est passé le processus d’écriture de ce troisième album?  (6:15)

Alors, nous l’avons pas écrit au début,  nous avons commencé  juste par jouer énormément ensemble, improviser.
Tu sais c’est comme un sculpteur qui décide un jour qu’il va faire une nouvelle sculpture: il commence par aller dans une carrière et passe un long moment à simplement contempler les pierres et voir éventuellement laquelle serait la plus intéressante à travailler et qui aurait les meilleures propriétés... Et  donc après ces deux années là, on avait devant nous ce bloc de marbre qui nous adonné toute la matière à travailler. Et après cela nous avons passé la troisième année à enregistrer et à travailler tous les détails.

Vous avez dit que lorsque vous étiez en train de travailler sur  The Octopus vous n’aviez plus de contraintes, à part une seule : à l’issue du travail vous deviez en être fier à 100%. L’êtes vous?
 
Plus qu’à 100%... Premièrement je suis très fier de cela, puis pour moi The Octopus continue à grandir et de mon côté je continue à l’explorer. On a mis tout dans ce projet et maintenant il nous apporte tout autant...Tu sais, je n’aime pas parler aux gens juste pour parler avec de moi et de l’album,j’aime bien aussi quand ils parlent eux aussi, mais je peux te dire que je suis à 100% même à 1000% fier de ce travail, nous le sommes tous. Toutes nos familles sont très fières de cela, nos amis en sont très fiers eux aussi, ainsi que tout notre entourage.
Un jour, un de mes amis qui joue dans un autre groupe et un autre gars d’un groupe rival m’ont appelé et m’ont dit : «vous les gars, vous venez d’enregistrer un standard!» .

Vous proposez vos albums en écoute intégrale et gratuite sur votre site, pourquoi cette démarche?

C’est très simple, la plupart des personnes n’ont jamais entendu parler de nous et n’ont aucune idée du genre de musique que nous faisons, c’est pourquoi nous avons rendu nos albums accessibles à tout le monde, sans que les gens soient obligés de les acheter pour les écouter. Pour moi il est très important que les gens puissent écouter. Du coup les gens écoutent nos albums, et si notre musique leur plait,certains les achètent. Sans ce dispositif d’écoute gratuite, cela serait impossible. C’est comme toutes les choses avec internet, il y a des mauvais côtés et de très bons côtés. En l'occurrence c’est le bon côté de la chose que nous explorons ici.


J’ai entendu parler d’une édition limitée de The Octopus avec un livret de 70 pages détaillant le concept de The Octopus. Est-il déjà/encore disponible?

(rires) il était disponible durant les deux heures qui ont suivi sa sortie, et après cela il n’est plus disponible.Tu sais, on voulais en faire plus d’exemplaires, mais finalement on ne  l’a pas fait
 

Mince, j’aurai du vous découvrir plus tôt! (rires)

Mais tu sais, peut être que plus tard nous allons faire une autre édition spéciale,mais elle sera différente de celle-ci. Il est important d’avoir des éditions limitées, beaucoup de personnes était mécontents que ce tirage ait été écoulé si rapidement, pare qu’ils voulaient avoir un exemplaire, eux aussi, mais je leur ait dit que si nous en avions fait beaucoup plus, cette édition n'aurait plus été «spéciale» (rires)... Mais finalement chaque album est spécial, et sais-tu pourquoi? Parce que chaque exemplaire acheté sur notre site est mis dans les enveloppes par nos propres soins, et quand vous ouvrez l’enveloppe, les choses  qui sont à l'intérieur y ont été mises par ma femme et moi-même, et du coup chaque exemplaire est en ce sens unique selon moi, que ça soit une édition limitée ou pas.

J’ai cru comprendre que vous avez eu des soucis avec vos précédents labels, Octopus est donc sorti sans avoir été signé, peux-tu m’en en parler ?

On a eu des problèmes avec TOUS les labels. Ce n’est pas parce que nous avons eu affaire à des mauvais labels, c’est juste que le côté commercial ce n’est vraiment pas notre truc, et qu’on n’a vraiment pas eu de chance avec les labels. Un des faits et que nous travaillons assez lentement avec le groupe, nous aimons explorer le son et musique, et pour cela nous avons besoin de beaucoup de temps, et du coup ça ne fonctionne pas bien avec les gens qui nous poussent à faire les choses trop rapidement et simplement, c’est pourquoi Amplifier ne travaille plus avec les labels. On n’aime pas ce côté de l’industrie de la musique.

On n’aurait jamais pu faire The Octopus avec un label, j’amais... ça serait inimaginable... Ça nous a pris tellement de temps... Ça n’aurait pas marché du fait que ça nous ait pris autant de temps, du fait de notre démarche... du fait que ce soit conçu comme un double album...


Et donc si j’ai bien compris, vous n’envisagez plus de travailler avec un quelconque label dans le futur...

Non, parce que cette manière de travailler ne fonctionnera pas avec nous.

Du coup comment avez-vous géré le côté financier de la chose?

Eh bien en partie avec la vente de nos précedents albums, mais aussi avec la vante des T-shirts ... C’est amusant les gens achetaient les t-shirts d’un ambum qui n’était même pas sorti!, c’est fou... (rires) Mais les gens étaient là, ils nous soutenaient et ça nous a beaucoup aidé.

Est-ce que vous vous souciez de l'environnement dans lequel sera écouté votre album, après voir mis tout ce temps à travailler dessus? Celà ne t'enerve pas quand les gens l'écoutent sur leur lecteurs mp3 avec des écouteurs de basse qualité?

Non, du tout. On a mis énormément de temps à travailler sur l’album, a prendre des décisions,  et du coup les gens eux n’ont pas à se soucier de ces choses là, et nous non plus on n’a pas à se soucier de l'environnement dans lequel l’album sera écouté, puisqu’il change de jour en jour, il n’est jamais le même, et la façon dont on écoute la musique varie  elle aussi de jour en jour. Je fais juste de la musique, tu sais, je n’ai pas la pertention de vouloir tout contrôler, les gens écoutent la musique comme ils aiment le faire. Certains aiment écouter la musique en buvant un verre de vin, d’autres en s’enfermant dans une chambre plongée dans le noir, d’autres encore en fumant une cigarette...


On retrouve dans votre musiques des sonorités et des ambiances qui font penser à des groupes comme Pink Floyd, Porcupine Tree , et peut-être parfois à du Devin townsend. Est-ce que ces groupes et artistes font partie de vos influences?

J’en n’ai jamais écouté du  Devin Townsend, mais beaucoup de gens m’ont dit que notre musique avait des aspects qui lui ressemblaient... Beaucoup de gens disent aussi que notre musique ressemble à The Dark Side Of The Moon, ça me touche beaucoup... Puis notre deuxième guitariste, guitariste de session, est un immense fan de Porcupine Tree.

Si je me souviens bien, vous avez joué en première partie de Porcupine Tree lors de leur tournée en 2007, quels souvenirs en as-tu gardé de ce moment?

 Je me rappelle cette expérience comme quelque chose de très positif, mais aussi des sentiments assez mitigés ... Je ne sais pas s’ils nous ont bien aimé, on n’a pas eu l’occasion de parler beaucoup, peut être qu’on était un peu trop bruyants pour eux (rires), ce sont des gars assez calmes... mais tu sais, j’ai vraiment aimé cette tournée et je suis heureux d’avoir pu jouer avec un groupe aussi intéressant.. Je voulais vraiment faire cette tournée et elle nous a donné beaucoup de bonnes opportunités. C’était un très bon moment.

L'été approche, aurons-nous la chance de vous entendre à certains féstivals?

Oui, nous allons pas mal tourner en Allemagne et aux Pays Bas, nous allons aussi jouer au High Voltage Festival, à Londres, mais pour le moment rien en France, même si cela nous plairait bien.

Je vois... En  tout cas j'espère vous voir jouer un jour à Paris!  Merci beaucoup pour cette conversation passionnante, Sel.

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