Blood Stain Child – Epsilon

Combinez death metal, electro, j-pop, et vous obtenez Blood Stain Child, combo encore plutôt méconnu dans nos contrées. Le groupe officiant dans ce registre improbable nous provient du pays du soleil levant, celui où les cerisiers sont en fleur, le Japon. Formé il y a plus de 10 ans, il livre désormais, en Juin 2011 sur Coroner Records, son 5ème opus : Epsilon.

Pochette plutôt intrigante, visuel attrayant ou repoussant (rayez la mention inutile), mais surtout la particularité d'officier dans ce milieu avec une chanteuse, qui, ici, est à son premier album, remplaçant le précédent chanteur, qui en aura convaincu plus d'un, une tâche difficile pour la nouvelle venue. Grande question atour de cette mouture : comment est-elle ?

L'association des styles pratiqués par les nippons risque d'en dérouter plus d'un. En effet, les éléments trance et dance-floor sont omniprésents dans les titres qui parsèment ce nouvel opus de Blood Stain Child, et ce même dans les parties les plus metal, créant une certaine atmosphère plus décontractée, plus joyeuse apportée par ces touches electro. Néanmoins, cet aspect préserve en grande partie ce qui faisait la recette du succès pour le combo, sa personnalité, ce qui ainsi, pour les adeptes ou les habitués, sera un plaisir que de retrouver cette mixture, dérangeant au premier abord, mais, finalement, l'entrain se dégageant d'un certain nombre de pistes laisse apparaître un côté vraiment entrainant, qui fait que l'auditeur se prend au jeu. Mais tout cela inclus bien sûr beaucoup de puissance et de furie car il faut bien rappeler que nous sommes en face de death metal, et que les parties les plus violentes montrent que le groupe n'est pas là pour rigoler et verser dans le metal bisounours, bien au contraire. Du coup, que ce soit les growls enragés, les guitares au rythme soutenu et rapide, les solos intéressants, la batterie effrénée, ne stoppant pas sa folle course, tout est là, bel et bien présent, et pour ceux qui auraient peur d'une quelconque comparaison avec Amaranthe à cause de la nouvelle petite spécialité du groupe, là où l'un plonge parfois dans le rébarbatif par un manque de renouvellement, l'autre au contraire, sait créer des ambiances, par instants inspirées des musiques de productions cinématographiques japonaises, une petite touche d'exotisme pour ainsi dire.

Seulement ce qui pourra être considéré comme étant un peu décevant, c'est que par rapport aux brûlots qui précèdent, la formation ne fait pas réellement preuve de beaucoup d'innovation, ni de réelle prise de risque malgré une qualité musicale toujours bien présente, celle-ci restant bien évidemment la même. Et puis, il manque aussi une petite étincelle de magie, un poil de spontanéité, un grain de folie qui peut s'exprimer par instants par des titres sortant tout droit d'un générique de manga (« S.O.P.H.I.A » par exemple), mais qui n'est pas mis suffisamment en avant pour que l'on puisse se dire que le groupe tente d'avancer et de percer, préférant rester sur ses bases et ses acquis, et, fort heureusement pour eux, ceux-ci sont solides et tout cela est bien montré au travers des différents morceaux qui peuplent l'opus. La galette est toujours remplie de refrains qui font mouche, dynamiques et frais, sans prise de tête, avec un aspect très direct qui ne laisse pas insensible. Et les touches plus électroniques donnent un élan supplémentaire à la musique, en lui octroyant encore un regain d'énergie et de vitalité, qui sur scène peuvent très bien être imaginés, déchainant un public déjà séduits. La production impeccable souligne encore cette limpidité musicale et cette clarté du son, permettant de ce fait de ne pas sombrer dans un gloubiboulga sonore des plus désagréables. Pour couronner le tout, si le schéma proposé par les japonais est bien souvent très classique, se limitant régulièrement au sempiternel couplet/refrain/couplet/refrain/break/refrain, force est de constater que la sauce prend bien souvent, et hormis quelques titres bien dispensables, le moment passé en la compagnie de ce Epsilon est très agréable. De plus, malgré ce schéma très constant, la diversité reste présente par des pistes qui, elles, sortent vraiment du cadre habituel, apportant un peu de respiration.

En parlant de la touche de nouveauté par rapport au passé du sextette, et bien, en remplacement à Sadew, le précédent vocaliste, c'est une jeune grecque qui se positionnera derrière le micro au chant clair, avec les grunts du bassiste Ryo. La demoiselle pourra en rebuter certains, il faut bien avouer que le milieu est encore peu ouvert aux voix féminines, mais la prestation de Sophia Aslanidou est très appréciable, par un timbre certes plutôt pop, mais vraiment agréable et délicat, sachant également se faire plus puissant lorsque besoin est, et les effets sur ses lignes de chant qui surviennent par instants lui donnent un côté un peu robotique collant dans le concept. Peut-être sera-t-il possible de reprocher à la belle une voix un peu passe-partout. Mais sa maîtrise vocale, qu'elle prouve également sur les reprises d'Imaginary Flying Machines, en fait un atout pour le combo. Parallèlement, les grunts de Ryo sont puissants, mais là encore on pourra parler d'une certaine proximité avec In Flames qui dérangera certains, moins adeptes de ce type de chant extrême. Et bien qu'il soit efficace et performant, démontrant un indéniable talent, le vocaliste semble parfois en faire un peu trop, s'imposant sur des endroits où ses interventions pourraient se révéler un peu discutables, à l'instar des italiens de Regardless of Me.

Les titres ne sont pas tous de qualité égale, parfois le moins utile se mêle au reste, ce qui donne un effet vite écouté, vite oublié pour ces derniers, et dans ce registre-là, la première cible reste tout simplement « Merry-Go-Round » qui, si elle a au moins le mérite d'être vraiment loin de toutes les autres, plus originale, traine franchement la patte et n'est pas dans la capacité de susciter la moindre once d'intérêt. Même effet sur la mielleuse ballade « Sai-ka-no », assez ennuyeuse sur les bords, même le chant plus cristallin de la frontwoman ne parvient pas à toucher. Et puis, même si elle est plutôt sympathique, « Forever Free » ne donne pas tellement envie de s'en relever la nuit, rien de bien folichon, même la présence en invité de Claudio Ravinale de Disarmonia Mundi. A côté de ça, plusieurs pistes méritent d'être évoquées, et ce à commencer par « S.O.P.H.I.A », très déroutante aux premiers abords, aux allures enfantines (si l'on occulte les growls), pouvant même servir pour une série d'animation japonaise typée Sailor Moon. Pour autant, l'ensemble est très loin d'être mauvais, bien au contraire, un certain plaisir et une dose de fraicheur étant tirés de la piste. Si le tubesque est une source de motivation pour vos cages à miel, elles se redirigeront immédiatement vers « Sirius VI », « Eternal » et « Moon Light Wave » avec la participation sur cette dernière d'Ettore Rigotti. Et dans les titres qui marqueront encore la traversée, « La+ » sera citée pour sa facile insertion dans votre mémoire, et principalement « Stargazer », dont, certes, le nom rappellera à certains Nightwish ou Rainbow, mais la piste est sans aucun growl, guidé seulement par la voix féminine, provoquant la colère des allergiques, et le régal des autres car il s'agit là d'un titre puissant et incisif, en gardant une touche de finesse bienvenue. Le reste est d'un acabit fort convaincant.

Résultat des courses, Epsilon est un album calibré pour le plaisir, mais qui s'octroie au passage pléthore de jolies qualités qui rendent l'écoute agréable et sans prise de tête, petit moment détente et joie en somme, tout à fait convenable. Si les plus sceptiques seront déroutés par la voix féminine, les autres pourront profiter de cette nouvelle offrande à sa juste valeur, un divertissement musical certes, mais un opus bien construit, à l'identité marquée. Bien sûr, il ne s'agit nullement de l'album de l'année, très loin de là, mais il serait grotesque de bouder son plaisir. Voilà de quoi se faire plaisir, en somme.


 

Site officiel de Blood Stain Child

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NOTE DE L'AUTEUR : 8 / 10



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