Natalie Koskinen (chant), Henri Koivula (chant) et Jarno Salomaa (guitariste) de Shape of Despair

Certaines formations n'hésitent pas à faire patienter leurs fans de longues années durant avant de leur proposer une nouvelle oeuvre. Shape of Despair est de ces groupes, qui prennent onze ans entre deux opus. Une durée conséquente pour cette formation culte de funeral doom. Les interrogations à ce propos sont donc nombreuses, et c'est avec franchise que la chanteuse Natalie, le guitariste et claviériste Jarno, tous deux membres du groupe depuis les débuts, mais également le nouveau chanteur Henri, ont répondu à mes questions.

"Nous sommes vraiment satisfaits de notre nouvel album. Il représente ce que nous sommes actuellement. Rien de plus, rien de moins."

Shape of Despair

 
 Interview en mailer de Sanguine_sky, questions de Sanguine_sky

Voilà déjà onze ans que vous avez sorti votre dernier album, Illusion's Play. Que s'est-il passé pour que l'attente soit si longue?

Natalie : A vrai dire, rien de spécial. Shape of Despair n'a jamais été l'un de ces groupes qui sort des nouveautés chaque année. Enfin, je dis ça, mais on va sortir un nouvel album l'an prochain. (je plaisante!). Comme tu le sais déjà, nous avons un nouveau chanteur, Henri Koivula. Trouver un nouveau membre a pris du temps, environ un ou deux ans. Mais ça en valait la peine.

Jarno : Bien des choses sont arrivées durant cette période, malheureusement, pas assez concernant Shape of Despair. Après m'être remis d'un séjour à l'hôpital en fin d'année 2004, je n'ai jamais cessé d'écrire de la musique pour Shape of Despair. Cependant, des événements survenus dans ma vie personnelle ont repoussé le processus de composition et il était difficile de se réunir pour faire à nouveau un album. Nous sommes tous membres de groupes à côté, ce qui nous a éloigné de Shape of Despair. Mais nous avons tout d'abord pensé à faire une série d'EP, ce qui a pris un peu de temps également. On a mis du temps à commencer, et la plupart du temps, nous faisions les enregistrements dans notre salle de répétition. Et ce n'était peut-être pas une idée très brillante, finalement, comme nous n'avions aucune date définie pour leur sortie. Mais après qu'ils aient été publiés, et qu'Henri nous avait rejoint, Shape of Despair est devenu bien plus actif et nous voici aujourd'hui, avec un nouvel album, et plusieurs concerts faits.

Comment vous sentez-vous par rapport à la sortie de Monotony Fields?

Natalie : Nous sommes vraiment satisfaits de notre nouvel album. Il représente ce que nous sommes actuellement. Rien de plus, rien de moins. Bien sûr, il y a toujours quelques petits détails qui auraient pu être mieux faits, mais je pense que c'est naturel. Tu ne peux jamais être satisfait à 100% de ton propre travail, et à mon sens, c'est une très bonne chose. C'est ce qui nous pousse à toujours donner le meilleur de nous-même.

Jarno : Libéré. Ça fait vraiment longtemps que j'attendais de pouvoir enfin terminer un album complet avec Shape of Despair. On a pris beaucoup de temps pour tout compléter. Je pense que chacune de nos créations est unique, et que n'avons jamais fait le même disque deux fois. Et je suis convaincu que Monotony Fields est une belle continuité. Grâce à Season of Mist, je suis sûr que les personnes s'intéressant à notre musique vont réussir à y avoir accès bien plus facilement qu'auparavant. SoM a une bonne distribution et visibilité et, surtout, de talentueuses personnes au sein du label.

Selon vous, quelles sont les principales différences entre ce nouvel opus et les précédents? Le processus d'écriture était-il similaire?

Natalie : Les idées sont venues naturellement. Jarno et Tomi sont toujours les seuls compositeurs, mais chacun de nous apporte quelque chose de personnel à l’œuvre de Shape of Despair et c'est tous ensemble que nous forgeons l'identité du groupe. Chacun de nos albums a une atmosphère différente. Ce n'est jamais intentionnel, ça vient juste comme ça.

Jarno : Le processus d'écriture est plutôt similaire mais cette fois-ci, Tomi a écrit quelques morceaux également, pour la première fois dans un album de longue durée. Nous avons enregistré à plusieurs endroits différents pour les instruments, et avec notre producteur, nous nous sommes concentrés sur la toile de fond, et de quelle façon celle-ci pouvait être perceptible avec les guitares et le chant en avant. Sur nos précédents albums, les guitares formaient un mur de son et la toile de fond était plus difficilement audible, perdue derrière tout cela. A présent, c'est plus clair, mais toujours aussi lourd, et le travail à la guitare est un peu différent. Mais bien sûr, après toutes ces années, c'est bon d'évoluer et de changer un peu… même si ce n'est pas drastique.

Shape of Despair

Monotony Fields est le premier album avec Henri Koivula en tant que chanteur à tes côtés Natalie. Comment l'avez-vous choisi et qu'apporte-t-il au groupe?

Natalie : Nous connaissions Henri depuis longtemps. Henri a dit à Jarno que si nous avions besoin d'un chanteur, il serait intéressé par le poste. A ce moment là, Pasi était dans le groupe. Mais plusieurs années se sont écoulées et les choses ont changées. Quelques candidats ont pris contact avec nous mais nous avons choisi Henri, car il était celui qui collait le mieux à Shape of Despair. Chacun apporte sa touche particulière à la musique et Henri a apporté la sienne.

Jarno : Oui, c'est bien le premier album avec Henri. Quand notre précédent chanteur a quitté le groupe, j'ai contacté Henri mais également deux autres chanteurs, pour savoir s'ils étaient toujours intéressés par le fait de chanter avec nous. Après avoir entendu les démos d'Henri, il était clair pour nous qu'il s'accordait parfaitement au reste du line-up. Je savais qu'il possédait une superbe voix claire, mais j'ai été très étonné par son chant extrême. J'entendais déjà de quelle façon cette combinaison allait sonner dans notre musique. L'un des points positifs avec lui, c'est qu'il est très regardant sur les arrangements et qu'il est très concentré sur sa tâche. D'habitude, j'étais impliqué sur les lignes de chant et la façon dont elles allaient sonner dans l'album, mais pas cette fois-ci. Je n'en ai vraiment pas eu besoin.

Nous pouvons remarquer une apparition plus importante du chant clair masculin dans ce nouvel album. Selon vous, qu'apportent-ils à la musique de Shape of Despair?

Natalie : Henri a apporté son propre style à la musique, et il nous convient parfaitement.

Henri : Il y a déjà eu du chant clair masculin par le passé, mais pas autant que dans ce nouvel album, c'est vrai. Je pense que cela donne plus de variations à la musique. Ce n'était pas une décision consciente d'apporter plus de chant clair masculin, c'était simplement une façon d'essayer des choses différentes et d'utiliser la voix qui convenait le mieux.

Jarno : Je suis d'accord avec Henri. En réalité, j'aurais aimé avoir encore plus de chant clair mais c'est vrai qu'il est mieux d'utiliser le chant selon leur adéquation à la musique. C'est très bien de tenter, d'essayer d'apporter quelque chose, mais il ne faut pas oublier la signification que l'on veut y mettre.

Chacun de vous est impliqué dans un autre groupe au moins (Impaled Nazarene, Throes of Dawn, Depressed Mode, Clouds, …). Comment trouvez-vous du temps à consacrer à Shape of Despair avec autant de projets à côté?

Natalie : En fait, Depressed Mode n'est plus très actif en ce moment. Je chante dans le projet solo de Jonne Järvelä (Korpiklaani), mais comme les membres de Korpiklaani et d'Amorphis avec lesquels je suis impliquée tournent énormément, nous ne faisons pas beaucoup de concerts. Donc ça n'a aucun effet sur Shape of Despair.

Henri : A vrai dire, ce n'est pas facile. Mais pour le moment ça fonctionne plutôt bien. C'est évident qu'on ne fait pas tout ça pour l'argent (vu qu'il n'y en a pas), alors tout ça requiert avant tout beaucoup de passion et de dévotion pour la musique.

Jarno : Shape of Despair est ma préoccupation principale et si je suis impliqué dans d'autres projets, je dois trouver du temps pour ceux-ci, et non l'inverse. Mais je n'ai aucune part dans le processus de composition de Clouds, en tout cas pas pour le moment, donc c'est plutôt facile de trouver du temps pour Shape of Despair. En parallèle de Clouds, j'ai d'autres projets à venir dans un futur proche.

Shape of Despair

Avez-vous un morceau favori dans l'album?

Natalie : Pour la première fois, je ne peux pas te donner de morceau spécifique. Tous les titres sont entrelacés les uns dans les autres. Ils t'emmènent, au travers d'un long voyage dans ton esprit, vers des endroits que tu n'aurais jamais imaginé exister.

Henri : J'aime tous les morceaux mais l'opener « Reaching the Innermost » a quelque chose de spécial.

En tant que chanteuse/eur, quels artistes considères-tu comme influences vocales principales?

Natalie : Il y a tellement de bons artistes! Amy Winehouse, Anneke van Giersbergen, ou encore Karin Dreijer Andersson, et c'est non-exhaustif… j'aime les chanteurs/chanteuses ayant un son unique.

Henri : C'est difficile de donner une influence spécifique… mais si je devais n'en nommer qu'une, ce serait Pasi Äijö d'Unholy.

Le funeral doom est souvent considéré comme une musique introspective, qui requiert un environnement ou un état d'esprit particulier. Quels conseils donneriez-vous à des auditeurs qui ne connaissent pas votre musique afin qu'ils soient à-même de se plonger dedans?

Natalie : Met la musique très fort, et laisse-toi porter.

Henri : Je dirais qu'il est préférable d'écouter ça avec un matériel sonore de bonne qualité, dans un environnement calme, et la nuit si possible. Mais, et c'est le plus important, peu importe ta méthode d'écoute ou ton environnement, le volume doit être au maximum. Ce type de musique fonctionne mieux quand elle est jouée très fort!

Monotony Fields

Avez-vous été séduits par un disque récent, et que vous voudriez recommander aux lecteurs?

Natalie : Ma dernière découverte est The Ocean, un groupe de metal progressif d'Allemagne. Enfin, je sais que le membre fondateur est Allemand. Mais peu importe, c'est un super groupe!

Henri : Rien de récent à l'esprit… j'ai dernièrement écouté l'album de Colosseum. Si vous avez manqué cette sortie, je vous encourage à aller écouter ça. Ce que le doom finlandais peut donner de meilleur.

Jarno : Ce qui me vient en tête en premier est le dernier The Chant, nommé New Haven. Un album brillant. J'ai aussi écouté Dear Insanity d'Eye of Solitude, et le nouveau Kauan.

Merci à vous pour ces réponses! Nous sommes impatients de vous voir au Hellfest (ndlr : interview réalisée avant le festival). Quelques derniers mots pour nos lecteurs?

Natalie : A bientôt au Hellfest, et merci à tous ceux qui écoutent notre musique!

Henri : A bientôt au Hellfest!

Jarno : Merci! Si vous êtes intéressé, nous avons plusieurs concerts à venir cette année. Elles sont disponibles sur notre site Internet. Et à bientôt pour le Hellfest!

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