Enchaînant albums studios et lives, la routine semble s'être fermement installée du coté de U.D.O. Si leur actualité musicale n'est jamais en berne, elle perd progressivement en saveur faute de nouveauté. Leur dernier album studio, Decadent, est sorti en ce début d'année, mais la formation allemande a décidé de continuer sur sa lancée avec Navy Metal Night, un tout nouveau live. Udo Dirkschneider a encore plus d'un tour dans son sac, puisqu'à l'instar de Deep Purple, Kiss, ou encore Metallica, le chanteur de heavy metal allemand et son groupe ont succombé au plaisir de réaliser un album live en compagnie d'un orchestre symphonique.
Navy Metal Night a donc été enregistré avec l'orchestre de la marine nationale allemande, leur permettant ainsi de choisir un petit jeu de mot subtile en guise de titre. Si au premier abord il y a de quoi être sceptique quant au mariage entre un orchestre symphonique et U.D.O, on se rend rapidement compte que le tout fonctionne au poil et que les deux sections avancent au fil des morceaux en parfaite symbiose.
D'emblée, l'intro instrumentale « Das Boot » pose bien l'ambiance. L'orchestre est seul et s'affirme dès le début, il n'est donc clairement pas relégué au rang de pièce rapportée. Cela se confirme d'ailleurs à plusieurs reprises, notamment avec « In The Hall Of The Mountain King », pièce ultra connue d'Edvard Grieg qui apporte un coté amusant, tout en se fondant à merveille dans l'atmosphère du concert. Également joué par l'orchestre seul, « Ride » fait quant à lui office de petit entracte.
U.D.O entre en action sur « Future Land ». Les riffs sont toujours aussi puissants et la voix d'Udo, éraillée et maîtrisée, est évidemment reconnaissable entre mille. Si l'entrée en matière est bonne, « Independence Day » efface toutes les appréhensions qui pouvaient perdurer et confirme d'entrée de jeu l'excellence de ce live. Ce morceau est véritablement sublimé par la présence de l'orchestre qui alterne entre des refrains particulièrement grandiloquents et des couplets plus posés.
Cette association créé un rendu tout à fait inédit, conférant une couleur toute nouvelle aux morceaux que l'on pensait connaître sur le bout des doigts. Les arrangements effectués apportent beaucoup de nuances, notamment grâce aux cuivres qui amplifient le coté épique d'une grande majorité des pistes. Le coté heavy pur et dur ressort toujours aussi bien sur les efficaces « Heart Of Gold », « Animal Instinct » et « Man And Machine ».
La setlist est bien pensée et laisse place aux classiques mais se risque également à déterrer quelques morceaux moins attendus. En plus de cela, l'album est ponctué de petites surprises, tenant en haleine son auditeur d'un bout à l'autre. Parmi elles, l'intervention d'une autre légende allemande : Doro Pesch. « Dancing With An Angel », interprété sans changements majeurs, reste tout de même agréable à écouter au beau milieu de ce live et apporte la pointe de douceur qu'il manquait.
Les choses sérieuses commencent dans la seconde moitié du concert. En effet, Udo s'essaie à un petit swing avec un « Cut Me Out », uniquement accompagné par les instruments de l'orchestre. Cet exercice de style ajoute une teinte atypique et complètement jouissive au live. On ne s'attendait pas non-plus à entendre un solo d'accordéon et des choeurs russes sur un album d'Udo, mais c'est chose faite grâce à « Trainride In Russia ». Au moins, si vous reprochiez à Udo son manque d'originalité, ce morceau risque de vous en boucher un coin.
Les solos de guitare, toujours spectaculaires, sont particulièrement bien mis en avant et contrastent finement avec l'orchestre, comme en témoignent « Stillness Of Time », « Book Of Faith » ou « Independence Day ». Les nombreux musiciens présents sur scènes parviennent d'ailleurs à appuyer de façon ingénieuse le coté incisif de morceaux comme « King Of Mean », sans trop en faire. Pour le grand final cependant, l'orchestre et les musiciens d'U.D.O s'en donnent tous à cœurs joie, « Animal House » est donc joué à toute berzingue et sans réelles nuances. L'apothéose d'un live haut en couleur.
Avec Navy Metal Night, U.D.O démontre qu'il n'a certes plus rien à prouver, mais que le groupe ne se repose pas pour autant sur ses acquis et continue de se faire plaisir tout en gâtant son public.
