Be Prog My Friend au Poble Espanyol de Barcelone (11.07.2015)


Dès sa première édition en 2014, le Be Prog My Friend avait frappé fort avec une affiche éclectique de qualité, qui avait su convaincre un bon nombre de connaisseurs.  En tout cas suffisamment pour qu’une deuxième édition ait lieu, avec une affiche encore plus ambitieuse, allant fouiner dans les recoins les plus reculés et torturés du prog’. Le succès du festival allait-il se confirmer ?

 

Riverside
 

C’est en plein caniard d’un après midi barcelonais d’été que commence le Be Prog, dans la belle réplique de petit village historique Poble Espanyol au sein de la capitale catalane. En guise de goûter prog’, on nous sert Riverside. Les Polonais sont toutes lunettes dehors, et on les comprend : ils jouent avec un soleil de plomb dans les yeux. Au niveau de l’interprétation, rien à dire, ces gars jouent toujours aussi bien, et leur maîtrise de la palette de sons prog’ est étonnante de par sa qualité.
 

Be prog my friend, 2015, live report, Barcelona, riverside,


Non, il n’y a rien à reprocher aux musiciens en eux même, qui réussissent à animer le public dès l’ouverture du festival. C’est plus au niveau des compositions que le bât blesse : du prog de facture trop classique. On a vraiment l’impression d’entendre un ersatz de groupe des années 70, le son metal en plus sur quelques passages. Malgré la très belle voix du chanteur/bassiste Mariusz Duda, ça ne prend pas.
 

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Il faudrait donc que Riverside se secoue en studio pour arriver à réellement s’imposer. Un concert sympathique au demeurant, avec un très bon son !

Setlist :

Lost (Why Should I Be Frightened By a Hat?)
Feel Like Falling
Hyperactive
Conceiving You
02 Panic Room
Egoist Hedonist
The Depth of Self-Delusion
Escalator Shrine
 


Messengers


On le savait, le Be Prog avait eu quelques soucis d’organisation, entraînant des changements de running order et de logistique peu de temps avant le festival. Parmi ces changements se trouvait la deuxième scène, supposée être vraiment plus petite que ce qui était prévu à l'origine… Et l’organisation ne mentait pas : la scène se trouvait en fait sous une petite coupole. Déjà, les photographes commencent à pester, car l’emplacement n’est pas du tout favorable pour prendre de bons clichés. Mais pire, on pouvait avoir des craintes légitimes sur le son.
 

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Justement, cela commençait pas trop mal pour Messengers. Dommage que des problèmes techniques aient interrompus le set pendant de longues minutes, car il est en conséquence vraiment difficile d’entrer dans leur set, déjà court d’une petite demi-heure selon l’emploi du temps.

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Musicalement, on  est plus dans une interprétation beaucoup plus moderniste du prog, avec encore une fois un très bon chanteur. Mais soyons honnêtes, nos yeux sont déjà rivés sur la grande scène, où Ihsahn va donner son concert avec son nouveau groupe !
 

Ihsahn
 


Il n’avait pas donné de concert depuis la sortie de son dernier album Das Seelenbrechen, qui était une pure réussite… Autant vous dire que le Norvégien était attendu au tournant par ses fans, même si on pouvait se demander ce qu’allait donner ce disque expérimental sur scène. Sans nous faire attendre plus, Vegard hurle sa réponse avec « Hiber », chanson d’ouverture de ce dernier album.
Franchement, ça groove sec, notamment grâce à Tobias Ornes Andersen, batteur du Shining norvégien et ancien Leprous. Toujours aussi brillant derrière les fûts du haut de ses 25 ans, il confirme le talent déployé à la batterie sur les deux derniers albums d’Ihsahn. Au rang des surprises : le groupe n’a pas de bassiste, un choix inattendu qui peut laisser perplexe. Ihsahn est en fait secondé par un guitariste et un claviériste (qui se charge de jouer la basse... comme Manzarek dans The Doors !) en plus de Tobias, visiblement nettement plus jeunes que l'ex-Emperor : peut-être espère-t-il tirer profit de leur fougue ? En tout cas, malgré leur jeunesse, ces musiciens sont sacrément affûtés.
 

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Et le set se poursuit sur « Pulse », le morceau "FM" de Ihsahn, d’une beauté sans nom, mais qui reste dans un registre très surprenant pour le Norvégien. D’ailleurs, certains membres du public regardent la scène avec un air médusé… Eh oui, c’est ça aussi, l’expérimentation prog ! On voit d’ailleurs le guitariste d’Ihsahn ajouter des riffs mélodiques à la chanson. L'idée est intéressante, et sonne plutôt bien.  De fait , avec cette formation, il n’est plus question de reproduire les chansons à l’identique des versions studio, mais plutôt de transformer le répertoire pour le concert, avec plus de liberté et d’improvisation, cette dernière qui avait d'ailleurs été le moteur créatif de Das Seelenbrechen. On peut tout de même émettre une réserve sur le son, qui laisse entendre des grésillements désagréables en plus d’être imprécis… On en arrive à remettre en question les compétences de son ingé-son, puisqu’Ihsahn se retrouve souvent avec un son plutôt sale ces dernières années, et c’est toujours le même type derrière la console… Dommage.
 

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Mais la qualité du concert est là, avec l'incontournable « Frozen Lakes on Mars », toujours très efficace en concert. Et là, paf, une nouvelle surprise, et pas des moindres, puisqu’Ihsahn nous déclare qu’ils vont nous jouer une nouvelle chanson. Intitulée « My Heart is of The North », elle révèle une orientation plus directe et moins technique, avec de bons riffs acérés. C’est d’ailleurs la direction qui a été prise pour son sixième album à venir, selon les dires du Norvégien.  Et c’est déjà la fin d’un concert pas totalement parfait, mais tellement frais et bouillonnant d’énergie créative avec l’implacable doublon « A Grave Inversed / The Grave ». Dans le public, tout le monde scande les paroles, le « he hammers » torturé de la fin du morceau... Voilà un performance qui est plus qu’encourageante pour son retour en France au Fall of Summer !
 

Setlist :

Hiber
Pulse
Tacit
Frozen Lakes on Mars
A Grave Inversed
My Heart is of the North
The Paranoid
The Grave

Haken

 

Après avoir donné un bon concert au Hellfest, mais handicapé par un son vraiment sale, Haken n’avait rien à perdre au Be Prog ! Par chance, les problèmes de son de la petite scène semblent être réglés, et les Anglais sont dotés d’une excellente mise en son, ce qui rend le concert nettement plus appréciable, d’autant plus que cela leur permet de déployer au maximum leurs compositions luxuriantes, autant influencées par Dream Theater que Meshuggah.
 

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A la voix, Richard Hensall est impeccable, et doté d’un bon charisme, ce qui est loin d’être toujours le cas dans le prog. Avec la paire de guitaristes qui façonne de très bon riffs, le concert est maintenu sur d’excellents rails, avec les meilleurs titres de The Mountain, le album le plus cohésif, mais aussi un extrait de leur dernier EP, qui passe parfaitement le cap de la scène. Franchement, le public est à fond, et ça s’entend : ça headbang, et ça chante surtout, particulièrement sur le tube « Cockroach King » avec son groove de tueur. Peu de choses à redire de ce set en compagnie de Haken, on aura vraiment passé un bon moment avec eux. De quoi attendre avec impatience leur passage à Paris en ouverture de Between The Buried and Me, en espérant qu'il y aura un peu de changement de la setlist.
 

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Setlist :

Premonition
In Memoriam
Insomnia
Darkest Light
Cockroach King
Crystallised

Katatonia
 

C’est maintenant au groupe qui est probablement le moins progressif de l’affiche de prendre place sur scène. Mais un peu de simplicité est appréciable, surtout quand c’est bien joué, et c’est le cas pour Katatonia. Nous avons affaire à un collectif de musiciens expérimentés, qui sait comment tenir un concert, en dépit du fait que ce soit leur premier concert depuis un an .A la voix, Jonas Renkse s’en sort bien à la voix, et n’est pas dénué de charisme, caché derrière son épaisse chevelure.
 

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Il n’y a que trois membres officiels dans Katatonia, les Suédois doivent donc avoir recours à un claviériste et un deuxième guitariste de session, qui abattent leur set professionnellement, mais sans se faire remarquer. A l’opposé, Anders Nyström se fend d’une belle voix claire sur les choeurs. Au niveau de la setlist, le groupe se concentre sur sa deuxième moitié de carrière : le growl est donc présent à dose homéopathique, et c’est Blakkheim qui s’en charge. Il en ressort une bonne cohésion musicale, mais aussi un légère part d’ennui, car le combo suédois sort rarement de sa zone de concert, à la fois dans les compositions et scéniquement parlant. Cependant, il est vrai que Katatonia se traîne une mauvaise réputation sur scène, et, sans être monumental, cette performance était plus qu’honorable.
 

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Setlist :

Buildings
Increase
Forsaker
Dead Letters
Day and Then the Shade
The Longest Year
Ghost of the Sun
Soil's Song
My Twin
Lethean
July

 


Vincent Cavanagh


IQ ayant annulé son concert peu de temps avant le festival, l’organisation avait annoncé leur remplacement par Vincent Cavanagh, la voix d’Anathema. Et ce concert promettait d’être unique à bien des égards, car il s’agissait du premier concert solo de la carrière du chanteur, qui a du se préparer dans des délais très courts. Ca se ressent d’ailleurs tout au long  du concert d’ailleurs : Vince a du mal à s’en sortir avec son looper et sa boîte à rythme. On le verra même demander (gentiment) au public d’arrêter d’applaudir pendant qu’il prépare ses overdubs, car cela le distrait de son propre tempo. Et oui, de son aveu, il n’est pas habitué à jouer seul, alors que le chanteur tourne depuis plus de vingt ans avec son groupe, et donc une section rythmique.
 

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Mais en dépit de ces imperfections, qui au demeurant rendent le concert authentique et plus vrai que nature, le charme opère. Bon sang, Vince a vraiment une voix incroyable, et les compositions d’Anathema fonctionnent très bien en acoustique. Visiblement, il y a beaucoup de fans dans le public, qui semble complètement hypnotisés et émus de voir l’Anglais se mettre en danger de cette façon sur la petite scène du Be Prog. Après que la tension de début de concert se soit relâchée, Vincent prend la parole pour dire à quel point il est honoré d’être à l’affiche de ce beau festival, qu’il considère comme une des meilleures affiches qu’il ait jamais vu, avant de déclarer qu’il aimerait venir l’année prochaine en tant que spectateur. Voilà qui a du faire plaisir aux organisateurs. Pendant ce temps, Vince finit son set avec ce qu'on peut appeler une belle surprise, jamais répétée selon son aveu : une reprise de « Mentira » de Manu Chao. Chantée en espagnol avec son délicieux accent british, elle fait fondre le public, hispanophone ou non. Décidément, ce Be Prog’ prend une tournure intéressante. En tout cas ce concert ne présage que du bon pour la tournée acoustique d’Anathema dans les églises d’Europe.
 

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Setlist :

Fragile Dreams
Thin Air
Flying
Deep
The Beginning and the End
Distant Satellites
Mentira  (reprise de Manu Chao)

 

Devin Townsend Project

La température grimpe au mercure, et pour cause, on commence à attaquer les têtes d’affiche du festival. Et on commence avec Devin Townsend, figure de proue de tout un pan du genre, savant loufoque capable du meilleur comme du pire en studio et sur scène.  Mais ce soir a l’air d’être un bon soir : le son est tout bonnement excellent, clair et net sans être  trop agressif. Après avoir entamé son set sur « Rejoice », le Canadien met tout le monde d’accord avec « Night », extrait de son emblématique album Ocean Machine. Au rang des nouveautés, on peut remarquer que la  majeure partie des samples, dont Devin était habituellement très friand pour reproduire les ambiances de l’album, ont disparu. Pourquoi ? Parce qu’il y a maintenant un claviériste qui se charge de les reproduire en live, qui répond au nom de Mike St. Jean. Quelle bonne initiative, surtout que l’amélioration du son y doit sans doute beaucoup. A la voix, soyons honnêtes, nous avons affaire à un des meilleurs vocalistes de la scène metal, toute époque confondue. Que ça soit pour hurler, murmurer ou prendre une voix de crooner, Devin Townsend peut tout faire avec ses cordes vocales, et ne fait jamais de couac. Si on peut parfois remettre en question ses choix de composition, à la voix, son aisance est déconcertante.
 

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Au moment de prendre la parole, Devin remercie le public pour son accueil et déclare que sa prochaine chanson est pour sa femme. Après quelques chanson de son décevant dernier album , le canadien reprend les rênes avec le maintenant classique "Supercrush", qui disloque tout sur scène. On y voit Devin interpréter les partie de chant d'Anneke Van Gisbergen avec une maitrise qui laisse pantois. Il y a une grosse ambiance dans la fosse, pas de doute le public passe un bon moment. Musicalement, il faut reconnaître que la setlist reste surprenante de cohérence, en dépit du fait que Devin pioche dans toutes les époques de son répertoire, même si cela donne aussi au tout un aspect très linéaire. On a quand même du mal à apprécier les titres récents autant que ceux d’Ocean Machine, qui vient justement remettre les pendules à l’heure avec « Bastard ». M'enfin, ne boudons pas notre plaisir : Devin est là, dans une forme olympique, et avec un excellent groupe qui interprète avec classe son catalogue. Et le final du concert avec le magnifique "Kingdom" nous rappelle qu'il est encore capable d'écrire des chefs d'oeuvre.
 

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Setlist :

Rejoice
Night
Namaste
Deadhead
Supercrush!
March of the Poozers
A New Reign
More!
Ziltoid Goes Home
Bastard
Kingdom

 

Leprous


Avec le nouvel album fraîchement sorti, tous les projecteur étaient tournés vers les Norvégiens, connus pour leurs concerts épiques. Et c'est sur l'hypnotique "The Flood" que Leprous ouvre son concert.  Dans la fosse, l'ambiance est dès cet instant palpitante : les premiers rangs connaissent déjà par coeur les breaks et les paroles des nouvelles chansons ! Il faut dire qu'elles sont plutôt du genre hymnique et moins complexes que sur les premiers albums...
 

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Vocalement, Einar est très en forme. On pourrait même dire qu'il n'a jamais aussi bien chanté en concert. Peut être est-ce grâce à sa nouvelle technique de chant hurlé dont il nous avait parlé en interview, qui selon ses dires lui fatigue beaucoup moins les cordes vocales. A part une petite erreur sur l'implacable "The Price", le reste du groupe est toujours aussi impressionnant au niveau de la mise en place. La performance de Baard Kolstad mérite d'ailleurs d'être saluée : en parfait équilibre entre puissance et groove, il réussit enfin à nous faire arrêter de regretter Tobias Ornes Andersen parti chez Shining.
 

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A la basse, il y donc un nouveau venu : Simen Daniel Børven, bassiste de session qui a enregistré la basse sur The Congregation et qui sera avec le groupe le temps de la tournée. Et le bougre est sacrément bon, que ce soit à la quatre cordes comme quand il s’agit d’épauler Einar au chant. Au niveau de la setlist, on reste majoritairement dans le répertoire le plus récent de Leprous, avec « The Valley » qui voit le public s’époumoner une fois  de plus belle, ou « Slave » avec son crescendo qui en fait vraiment une chanson idéale pour les concerts. Einar est complètement possédé sur la fin de la chanson, il ne faut pas oublier que c’est plus que jamais son album, sachant qu’il l’a composé tout seul. Bref, ces 50 minutes passent comme un éclair, et on arrive déjà au final. Les Norvégiens donnent le coup de grâce au Be Prog avec « Forced Entry ». Une performance qui laisse penser que Leprous n’ont pas fini de faire parler d’eux.

Setlist :

The Flood
The Price
Chronic
Rewind
The Valley
Slave
Forced Entry

Camel


Voir Camel en concert représente un rêve humide, un fantasme pour la majeure partie des amateurs de rock progressif. Et c’est ce que nous servait le Be Prog sur un plateau. Néanmoins, on pouvait émettre plusieurs réserves, à commencer par l’âge (très) avancé des membres de la formation : allaient-ils assurer ? La réponse ne se fait pas attendre : OUI. Franchement, on pourrait écrire des pavés sur ce concert tant il est parfait sur un aspect technique comme sur les compositions en elles-mêmes. Camel, c’est l’archétype du groupe de rock progressif classique des années 70, qui a contribué à définir les codes du genre, qui sont toujours presque trop religieusement reproduits par les formations actuelles.
 

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Le chant, la guitare, le clavier, la batterie… Tout est joué par des musiciens qui sont des monstres, car en plus d’être des techniciens plus que confirmés, ils savent injecter de l’émotion et de la spontanéité dans leur performance. Et tant pis si la setlist ne comprend pas de titre de leur légendaire album The Snow Goose, il y a « Lady Fantasy » et « The White Rider » de l’encore plus mythique Mirage qui viennent nous rappeler que Camel fait encore partie de la première division du genre, plus de 40 ans après la formation du groupe !
 

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Avec un son d’une clarté qui laisse rêveur, Camel va nous faire voyager de chanson en chanson dans un univers musical aujourd’hui presque révolu, mais qui charme toujours autant, et qui n’a définitivement pas fini de nous dire des choses. Si vous avez l’occasion de les voir, vous devrez sans doute payer le prix fort, mais franchement, la claque musicale est là.

Setlist :

Never Let Go
The White Rider
Song Within a Song
Unevensong
Spirit of the Water
Air Born
Lunar Sea
Another Night
Drafted
Ice
Mother Road
Hopeless Anger

-------------

Lady Fantasy

The  Algorithm


Et le prix de la transition musicale la plus improbable dans un festival pourrait bien être remporté par le Be Prog My Friend 2015, car quelques secondes après la fin du concert de Camel, « Synthetiz3r » de The Algorithm nous déchire les tympans avec ses rythmes épileptiques et ses sons électroniques dignes d’une Super Nintendo en surrégime. Voilà, nous avons fait un saut de 45 ans dans l’espace temps musical : aujourd’hui, le prog', c’est ça. Et à regarder les têtes de certains spectateurs, la transition était peut être un peu trop franche. Hilarant !
 

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Que dire sur ce court set de Rémi Gallego et Jean Ferry ? En un mot : monstrueux. En fait, on a rarement la chance de voir le duo avec une telle configuration sonore, qui leur permet d’avoir un volume… Conséquent. Et ce volume massif contribue énormément à s'immerger dans ce court concert d'une demi-heure, car la musique y gagne énormément en impact. En fait, on est presque content que le concert ne dure qu’une petite demi-heure, parce que c’est vraiment très exigeant pour les cervicales, et il ne faut pas oublier qu’après, c’est Meshuggah, une torture de plus pour ces dernières. Non vraiment, The Algorithm en concert en 2015, c’est excellent. L’humble rédacteur de ce report en est à sa troisième fois cette année, et on ne s’en lasse toujours pas. Allez, on les retrouvera à l’Arctagent avec Deafheaven et Cult of Luna !

Meshuggah
 

Après le concert d’ores et déjà légendaire du combo d’Umea au Hellfest, on avait beaucoup à attendre du concert de Meshuggah au Be Prog, d’autant plus que cette fois, c’était pour un set complet ! Et tout était parti pour être parfait, s’il n’y avait pas eu des problèmes de son vraiment gênant. En fait, le mur de son n’était pas orienté favorablement si l’on était placé vers les premiers rangs au milieu. Et comme Meshuggah n’est pas le genre de groupe à jouer fort, se placer un peu plus loin et au milieu permettait d’avoir un son certes plus précis, mais manquant sérieusement de punch. Et quand ce genre de soucis arrive alors que le set commence sur « Rational Gaze », il y a de quoi être agacé. Mais bon, à cette heure tardive, il n’y a finalement pas tant de monde que ça [sic] devant Meshuggah, il est donc aisé de se replacer.
 

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Avant même que les Suédois n’arrivent, on pouvait déjà dire que le festival était un succès. Mais là, une heure et demi de polyrythmie endiablé, c’est un peu la cerise taille XXL sur le gâteau. D’autant plus que la setlist fait la part belle aux classiques ( « Obzen ») comme aux tueries plus récentes ( « Do Not Look Down » ). On a aussi droit à quelques raretés plus jouées depuis un moment, dont la massive « Lethargica » et l’hypnotique  « Swarm ».
 

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Jens Kidman est en bonne forme vocale,  mais comme à son habitude, n’est pas très locace.  Et c’est là qu’un nouveau problème technique vient à nouveau affecter le festival. Et ce n’est pas un souci mineur, car le son sera bel et bien coupé pendant 15 bonnes minutes. Pour tuer l’ambiance d’un concert, on a rarement imaginé pire… Mais une fois le problème réglé, les Suédois reviennent avec la rage de vaincre. « New Millenium Cyanide Christ », « Bleed », « Do Not Look Down » : difficile de faire mieux pour s’imposer.
 

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Après un rappel dont on a du mal à se lasser sur « In Death Is Life / Death », Meshuggah se retire… Mais les techniciens n’enlèvent pas le matériel… Oui, il va y avoir un deuxième rappel… Et le glas sonne avec les trois notes lugubres jouées par Fredrik Thordendal, l’intro de « Dancers To A Discordant System ». Il est trois heures quinze du matin, et Meshuggah va finir son set devant un public exsangue, mais visiblement ravi d’être là. On aura même entendu Fredrik faire un pain au moment de l’intro, mais vu l’heure, il serait malhonnête de lui en vouloir ! Meshuggah aura été à la hauteur de sa réputation : unique et surprenant. Vivement le nouvel album prévu pour l'année prochaine.

Setlist :

Rational Gaze
obZen
Do Not Look Down
The Hurt that Finds You First
Swarm
Stengah
Future Breed Machine
Lethargica
New Millennium Cyanide Christ
Bleed
Demiurge
____________

Mind's Mirrors (sur bande)
In Death - Is Life
In Death - Is Death
_____________

Dancers to a Discordant System

 

Robotporn
 

 

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Avant d’aller se coucher, et histoire d’éviter l’ascenseur émotionnel après Meshuggah, le Be Prog a fait jouer Robotporn en guise d’after. En gros, il y a une fille derrière les platines et un guitariste masqué avec un accordage très bas qui balance un metal dopé au dubstep. Ca ferait hurler les puristes, mais franchement, ça défoule. On notera d’ailleurs quelques références à des groupes de metal cultes, y compris nos Gojira chéris (« Remembrance »). Encore une fois, le son très puissant de la petite scène leur apporté beaucoup de bénéfice, en particulier pour donner à la guitare un son rouleau compresseur. Dommage, ils sont coupés au bout d'une petite demi-heure, on en aurait volontiers pris un peu plus, malgré l'épuisement.

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En conclusion, le Be Prog est vraiment un festival à recommander pour tout amateur de musique progressive, mais pas seulement, puisqu’on voit bien que l’affiche s’étend en fait à tout type de métal qui s’éloigne des clichés du genre. Il y en avait pour tout les goûts et la grande majorité des groupes ont donné des performances allant du bon à l’excellent. Il y a encore quelques ajustements à faire au niveau technique et logistique, mais pour une deuxième édition de cette envergure, il y a de quoi lever son chapeau (et son verre) !

Reportage par Tfaaon (Facebook)

Photos :  Nidhal Marzouk / © 2015 nidhal-marzouk.com
Sylvain Chéreau / © 2015 Das Silverfoto

Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe

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